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7 mars 2014 5 07 /03 /mars /2014 09:18

 

Un  bateau de lune

Sculptera ma lumière

Sur l’eau si claire

Voguera  si loin

 

Sur une terre plus bleue

Que le grand azur

Celui des firmaments

Des ondes d’étoiles

 

Sur des flots si ronds

De tant de ricochets

De galets accrochés

Effleurant la mer

 

Je serai là

Epanouie de soleil

Clignant des yeux

Sur la grande éternité

 

Alors ma vie commencera

 

Marie-José Annenkov

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1 février 2014 6 01 /02 /février /2014 20:28

Eve Curie

Madame Curie

NRF Gallimard                      

1938

Chapitre XV

Une thèse de doctorat et un entretien de cinq minutes

 

         « Qu’importe à la Science que ses serviteurs soient riches ou pauvres, heureux ou malheureux, bien portants ou malades ? Elle sait qu’ils ont été créés pour chercher et pour  découvrir et que, jusqu’à ce que leurs forces soient taries, ils chercheront, ils trouveront » (page179)

         Heureuse, jusqu’au bout de mes forces, je chercherai, je trouverai dans le creux de mes cernes, dans la voûte de mon dos, jambes croisées, regard obstiné. Un jour, je présenterai ma  thèse de doctorat dans un entretien de cinq minutes ou un peu plus.

J’aurai trouvé quelque chose du côté de ce qui se joue pour l’enfant quand sa maman lui lit une histoire et je l’écrirai, femme réchaufée. Marie-José Annenkov

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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 17:46

L’hiver est proche.


Elle a acheté un joli cahier jaune soleil. Tout simple. Elle a écrit sur une étiquette,  collée sur le cahier,  Recommencer.

Et tout doucement, elle s’est remise à marcher. MJA

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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 21:38

A Nicole Brichler, je dédie ce poème de solitude. Elle aimait tant lire.                           

La vague

 

            Faire fondre en elle

            cette boule de silence

             dure et  pure

            qui vers le ciel blanc s'élance

            Cette boule de silence

             roule en elle

            depuis tant d'années

            amassant les fleurs fanées

            sur les rives de la mélancolie

            Une boule de silence

             coule en elle

            avec l'habitude de la solitude

             du temps emporte l'éternité,

            des heures épelle la multitude

            et brise l'infini

            Une boule de silence

             vers les autres s'écoule

            au coeur de la houle et de la foule

            recevant de chacun

            les vagues embruns de l'âme

            Une boule de silence

             dans un terrain vague échoue.

            De son enfance elle se souvient

            de ce terrain vague là

            C'était en face de son immeuble

            toute seule elle y jouait

            déplaçait les cailloux

            cherchait des secrets

            créait sa solitude et la cachait

            Une boule de silence

             vers son enfance roule

            dans un vague terrain vague

            Un vague sentiment de vague à l'âme

            Soudain ça hurle  ça l'enroule

            La vague l'emporte loin et elle coule

            Au loin, dans la lumière

            sur la vague roule

             comme une pierre

             comme une boule de silence

             MarieJosé   

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3 août 2013 6 03 /08 /août /2013 19:01

Rencontre

 

Ma petite bonne femme

De route

Croiserait son petit bonhomme

De chemin

Dans l’air qui sentirait

La noisette

On s’aimerait dans les foins

 

Catherine Lion Méric

 

Merci soeurette pour ton poème dans le temps d'un été. Tu aimais tant l'été   ! Marie-José

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3 août 2013 6 03 /08 /août /2013 18:47

Ancêtre

 

A l’éclosion du temps

il est né

le fleuve dans la douceur de son eau

sous le ciel sans étoiles

de son ventre un cri se déchire

sauvage

par une porte étroite sa voix s’écoule.

Il n’apprendra pas

à se jouer des ailes et des traces.

Au soleil levant, avant qu’il s’efface                                                        

dans le clair, à  son tour  il s’égare.

 

Margit Molnar

 

La douceur d'un poème, dans la douceur d'un dimanche d'été.

 

Merci Margit ! MJA

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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 16:12

Lire emporterait son désir d’écrire. Le monde est beau des hommes et tant d’écrivains ont pris la peine d’écrire cette beauté. Les livres ? Un monde infini toujours à créer. Ailleurs et toujours du manque à lire, ici quelques titres. Dans un espace fictif et  invisible, elle lirait de tout, elle se promènerait et même inventerait son identité qui choierait dans l’impossible de sa vie. Si elle allait sur une île déserte, quels livres emporterait-elle ?

 

Une île en forme de lettre

Une lettre en forme d’île

Quand la mer devient papier

Quand le papier devient la mère

Il était une fois le manque

Il était une fois la séparation

Il était une fois l’amer

Des feuilles blanches et des lettres

Blanche saga de son être

Des fleuves d’encre

Des océans blancs et des mots mouettes

Dans une muerte si muette

Des mots des milliers de mots

Elle serait une femme qui lit

Des kilomètres de pages

Sur une île sauvage

Qui dirait la lande

Au large des côtes.

Elle apercevrait des récifs

Dont le F serait englouti

Des écueils à cueillir

Des écueils à lire

En noir et blanc

Teintés du jour

Ou de la nuit

Le temps d’une lecture

Elle cueillerait  son être

Et serait éclose.

 

 Un titre. Des milliers de titres. Elle se souviendrait et lirait encore. Heureuse, si heureuse, dans le temps retrouvé du lire passionnément, elle serait le scribe de son nom advenu, du livre reconnu.

Heureuse, elle tournerait les pages

Et enfin, si sage, tournerait la page

De tant de chagrins.

 

 Je lis, je vis, tu lis, tu vis, il ou elle lit, il ou elle vit, nous lisons, nous vivons, vous lisez, vous vivez, ils ou elles lisent, ils ou elles vivent…sous le ciel de l’été. MJA

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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 15:44

Une si longue lettre 

Mariama Bâ  

Le serpent à Plumes (1979)

 

J’ai aimé ce roman qui raconte une fois encore les femmes. J’avais pour marque page une jolie carte sur laquelle je lisais :

Ecrire est un acte d’amour, s’il ne l’est pas, il n’est qu’écrit.

Mon regard, toujours flottant, a lu

Lire est un acte d’amour, s’il ne l’est pas, il n’est que lecture.

Vous l’avez compris, je vais vous parler d’amour.

L’héroïne, Ramatoulaye est sénégalaise. Elle est en deuil, et selon la tradition elle vit sa période de réclusion. C’est durant ce temps qu’elle écrit à sa meilleure amie Aïssatou, Une si longue lettre.

L’amitié qui unit ces deux femmes est parfaite, fusionnelle comme une étreinte qui n’en finit pas de se vivre, de se dire, de s’écrire, de se lire, de se partager, de s’élancer dans les mots de Ramatoulaye. Cette amitié si bien racontée m’en a restitué une autre, maintenant déchirée par la mort et les larmes me sont montées aux yeux, si forte est la lecture quand elle se fait amour. Mon amie, à tout jamais partie : « Si les rêves meurent en traversant les ans et les réalités, je garde intacts mes souvenirs, sel de ma mémoire. »

Vous le devinez l’écriture de ce roman est parfaite et s’enroule autour de la mémoire et se projette sans cesse dans le présent. J’aime quand l’écriture fait cet aller-retour-là, j’aime quand ma lecture se fait  spirale du temps. Cela fait alors secret en fuite et je vis la plénitude de lire, d’aimer, de partager, de me souvenir de ce que je n’ai jamais vécu et d’oublier toute ma vie pour n’être plus que...

Ramatoulaye raconte les couples désunis que furent le sien et celui de son amie. Un  effet miroir de femmes ou presque. L’une a rompu, l’autre s’est laissée portée et a provoqué la rupture. Toutes deux ont vécu la polygamie sur laquelle l’auteur poursuit une réflexion passionnante. On est loin du journal de 20 h. Les deux amies ont dit non, chacune à leur façon. Aïssatou dans la révolte ouverte : « Je me dépouille de ton amour, de ton nom. Vêtue du seul habit valable de la dignité, je poursuis ma route. Adieu, », Ramatoulaye a inscrit  le NON dans une lourde soumission blessée et de la blessure coulent liberté et écriture : « Alors que la femme puise dans le cours des ans, la force de s’attacher, malgré le vieillissement de son compagnon, l’homme, lui, rétrécit de plus en plus son champ de tendresse. Son oeil égoïste regarde par- dessus l’épaule de sa conjointe. Il compare ce qu’il a eu à ce qu’il n’a plus, ce qu’il a à ce qu’il pourrait avoir. » ... « Je pleurerai tous les jours »

Mais Ramatoulaye n’est pas que pleurs et souffrances d’amour. Elle avance dans un pays nouveau. Elle parle  d’égal à égal avec les hommes :  « Presque vingt ans d’indépendance ! A quand la première femme ministre associée aux décisions qui orientent le devenir de notre pays ? Et cependant...La femme a hissé plus d’un homme au pouvoir. »

Ramatoulaye et Aïssatou sont des femmes engagées dans leur vie, dans leurs pensées malgré les larmes et l’amère déception dues à leur couple, à leur chagrin. Elles vivent au jour le jour, traditions et modernisme : « Eternelles interrogations de nos éternels débats. Nous étions tous d’accord qu’il fallait bien des craquements pour asseoir la modernité dans les traditions. Ecartelés entre le passé et le présent, nous déplorions « les suintements » qui ne manqueraient pas... Nous dénombrions les pertes possibles. Mais nous sentions que plus rien ne serait comme avant. Nous étions plein de nostalgie, mais résolument progressistes. »

Ramatoulaye écrit à son amie ses idées sur la vie comme ses sentiments de femme, d’épouse bafouée, de mère attentive à ses nombreux enfants filles et garçons. Elle les voit grandir, découvrir leur vie –pas la sienne-, épouser d’autres valeurs mais elle les rejoint toujours dans l’amour. Comme j’aime cette phrase que je pourrais faire mienne !

« Et puis, on est mère pour comprendre l’inexplicable. On est mère pour illuminer les ténèbres. On est mère pour couver, quand les éclairs zèbrent la nuit, quand le tonnerre viole la terre, quand la boue enlise. On est mère pour aimer, sans commencement ni fin ». Et la suite est aussi belle. Je vous laisse découvrir. La Mère.

Dans le mouvement de son écriture Ramatoulaye écrit la femme aimante et engagée qu’elle est. Et moi, je me projette ! Je m’identifie ! Je m’aime comme je l’aime et je retrouve l’interculturel que j’aime qui ne dit pas « sa culture » mais qui dit une culture différente et pareille à la mienne. Ça c’est mon idée fixe : le différent et le pareil et j’aime Ramatoulaye, femme porteuse de la paix dans le monde quand elle écrit en phrases simples tout cela :

«  Le sang des blessures coagulé dessine sur le sol des tâches sombres et répugnantes. Tout en les brossant, je pense à l’identité des hommes : même sang rouge irriguant les mêmes organes... Les mêmes remèdes soignent les mêmes maux sous tous les cieux, que l’individu soit noir ou blanc : tout unit les hommes. Alors, pourquoi s’entretuent-ils dans des batailles ignobles pour des causes futiles au regard des massacres de  vies humaines ? Que de guerres dévastatrices ! »


Enfin, pour conclure cette note, je livre cette certitude de Ramatoulaye : « Je reste persuadée de l’inévitable et nécessaire complémentarité de l’homme et de la femme »


Un beau livre dont la lecture ne peut-être qu’un acte d’amour sinon elle ne sera que lecture. MJA

 

 

 

   

 

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29 juin 2013 6 29 /06 /juin /2013 19:21

Maryse Vaillant, psychologue clinicienne, auteur de près d'une trentaine de livres sur la famille, l'éducation, le couple, le désir, la féminité, l'adolescence, s'est éteinte à l'âge de 68 ans le 20 janvier dernier. Née en 1944, elle avait publié en 2008 un témoignage sensible sur son cancer du sein, Une année singulière avec mon cancer (Albin Michel), une épreuve dont elle disait ressortir plus forte. Mais la maladie a continué son évolution, ses nausées, ses douleurs, ses métastases osseuses, pulmonaires. Maryse en parlait souvent, à tous, répétant sans trêve qu'il fallait savoir profiter des moments de répit, prendre soin de soi. « Je n'espère pas guérir, ce que j'espère c'est vivre le mieux possible jusqu'au bout, être lucide, je voudrais que ma mort m'appartienne, je n'étais pas là à ma naissance mais ma mort, je voudrais être là, je ne voudrais pas souffrir, j'adore la morphine, j'espère qu'on m'en donnera suffisamment pour que je sois très bien... J'ai quelques mois devant moi, c'est à moi, c'est ma vie, je veux en profiter et je veux que les gens autour de moi sachent que je suis quelqu'un d'heureux et je veux leur donner mon bonheur ; qu'ils soient libres ou libérés, on ne peut pas libérer les autres, mais je voudrais au moins ne pas les charger de ma peine à quitter la vie... »
Maryse Vaillant était une vraie « déchargeuse », elle s'employait depuis des années à briser des tabous, à délier les mots, à désenchaîner les histoires de vie, à nous engager, les uns et les autres, à se dépêtrer de ces liens qui tuent, étouffent, rendent fous ou meurtriers. D'abord éducatrice spécialisée, intervenant dans la cadre de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), elle s'est orientée vers la psychologie, est devenue formatrice, chargée de cours à Paris VII, chargée d'études à la PJJ, à l'Institut de l'enfance et de la famille... Et, avec sa retraite comme elle disait, elle s'est consacrée exclusivement à l'écriture, depuis sa gentilhommière du Finistère. Mais elle parcourait aussi les routes, infatigable, pour des conférences, des colloques ; elle était très régulièrement sollicitée par les médias qui savaient trouver en elle une femme vraie, engagée, sincère et d'une intelligence vive et empathique.

J'ai connu Maryse, il y a des années de cela, en 1984 ou 1985, le temps d'une traversée, comme elle, des océans agités de la Protection judiciaire de la jeunesse, auprès d'enfants et d'adolescents en rupture, en mal d'être et de vie, en carences, en recherche de limites et de cadre. Nous nous sommes ensuite croisés régulièrement, tressant nos histoires professionnelles dans des domaines communs, de la maltraitance à la résilience, de la parentalité à l'éducation... Nous nous sommes succédés parfois sur le plateau des Maternelles sur France 5 et nous avons souvent pouffé alors en évoquant nos familles réciproques et cette incroyable sensation d'être issus d'un magma indicible de vie, de folie, de secrets et de mort. Mais là, Maryse faisait toujours mieux que moi ! À force, je me disais même parfois qu'elle trichait, qu'elle en rajoutait, mais non, c'était sa vie, son histoire et ce qu'elle avait pu en faire.
Maryse, elle était par exemple capable de dire : « Je viens de la névrose familiale, je viens de l'alcoolisme, je viens de la misère, je viens de tragédies, de secrets de famille, je viens d'une région de France que j'ai fuie, je viens d'un milieu social plein de précarité, je suis issu de paysans qui ont raté l'exode rural, qui ont sombré dans l'alcoolisme, faute de trouver des racines, voilà je viens de tout ça. C'est vrai que je n'ai rien oublié, que toutes ces douleurs, ces souffrances familiales, je les ai traversées... » Et c'est cela qui touchait, qui impressionnait, ses paroles vraies comme disait Dolto, ses paroles habitées : elle touchait l'universel, en parlant de son histoire, de sa vie, de ses liens avec sa mère, sa fille, de sa maladie, de son compagnon, du travail, de tout ce qui la touchait et qui, immanquablement, nous concernait.
Elle avait l'art et la manière, Maryse, de dire, de parler, d'écrire, de partager, de transmettre. Je le savais trop bien : combien de fois l'ai-je sollicitée pour participer à des colloques, journées d'études et autres conférences ! Ces dernières années, elle se déplaçait moins, mais écrivait toujours, avec un incroyable élan. Pour érès et les 1001 Bébés, elle écrivit un magnifique petit texte dans nos Cent mots pour les bébés d'aujourd'hui, qui, en 2009, fêtaient le 100ème volume de la collection. Elle l'intitula « Nana », du surnom que sa petite fille de 3 ans lui donnait. De Maryse, notre super Nana de cœur, j'ai aussi publié Au bonheur des grands-mères, dont elle était très fière et qui a paru dans la même collection 1001 Bébés, en 2010. J'écrivais alors, en quatrième de couverture de cet ouvrage, qu'il était « un vrai bonheur, un hymne au bonheur d'être grand-mère aujourd'hui comme hier, un hommage à toutes celles qui ne sont plus et qui pourtant ne disparaissent jamais vraiment. Un pur moment de complicité entre les enfants et leurs mamies, ces héroïnes du XXe siècle, pionnières de la cause des femmes ».
Maryse est de celles-là, héroïnes ordinaires du XXe siècle, témoins extraordinaires de la force créative de la vie et du désir. Ces dernières semaines, elle achevait Autopsie d'une passion qui paraîtra, à titre posthume donc, en mars, aux éditions Les Liens qui libèrent.
Maryse s'est libérée de nous, de sa vie de malade, des contingences d'un siècle vacillant, des hoquets de son histoire familiale. Elle a aussi participé de notre propre libération, émancipation, affranchissement.
Nous sommes un peu plus libres depuis ses livres et ses propos, depuis ce message si vivant qu'elle nous a transmis. Avec ses grands yeux bleus et son rire, éclatant, dont elle ne se départait jamais.
Je lui avais demandé d'écrire un livre pour la nouvelle collection que je dirige chez érès, « 1001 et + », qui est comme une suite temporelle aux « 1001 Bébés » puisqu'elle s'intéresse aux enfants, ceux qui ne sont plus des bébés mais qui ne sont pas encore des adolescents ou qui sont en passe de l'être. Elle était emballée à cette idée de passer en quelques mois des bébés aux plus grands, de son livre sur les grands-mères à ce nouveau projet.
Ce livre n'existera jamais. Maryse nous a quittés avant de l'écrire. Je le garde, comme un regret mais comme un cadeau aussi. Je garde Maryse au fond de moi, comme un magnifique cadeau de la vie...

« Accepter de vivre sous l'emprise du passé, sans la maîtrise du présent, sans la peur de l'avenir. Lâcher la vigilance anxieuse, n'en éprouver ni tension ni pression. Débrancher le fil qui relie à tout ce qui fait mal, les amours, les enfants, les désirs et les peurs. Et rester avec soi-même sans craindre d'être trop seule ou en trop mauvaise compagnie. »
Mes petites machines à vivre (Paris, JC Lattès, 2011)

Patrick Ben Soussan
Directeur de la collection 1001 Bébés et de la revue Spirale


Bibliographie sélective de Maryse Vaillant :

Nouvelle problématiques adolescentes : pratiques institutionnelles en recherche. Paris, L'Harmattan, 2001
La réparation, Paris, Gallimard, 1999.
Les violences du quotidien, avec Christine Laouenan, Paris, La Martinière Jeunesse, 2002.
L'adolescence au quotidien, Paris, Pocket, 2003
Il n'est jamais trop tard pour pardonner à ses parents, La Martinière, 2001.
Pardonner à ses parents, Paris, Pocket, 2004.
Quand les violences vous touchent, avec Christine Laouenan, Paris, La Martinière, 2004.
Vivre avec elle, mère et fille racontent, avec Judith Leroy, Paris, La Martinière, 2004.
Il m'a tuée, Paris, Pocket, 2005.

Range ta chambre, avec Judith Leroy, Paris, Flammarion, 2006.
Comment aiment les femmes, du désir et des hommes, Paris, Le Seuil, 2006.
Cuisine et dépendance affective, avec Judith Leroy, Paris, Flammarion, 2007.
Récits de divan, propos de fauteuil, avec Sophie Carquain, Paris, Albin Michel, 2007.
Une année singulière, avec mon cancer du sein, Paris, Albin Michel, 2008.
Entre sœurs, une question de féminité, avec Sophie Carquain, Paris, Albin Michel, 2008.
Les hommes, l'amour, la fidélité, Paris, Albin Michel, 2009.
Au bonheur des grands-mères, Toulouse, érès, Collection Mille et Un Bébés, 2010.
La répétition amoureuse, sortir de l'échec, avec Sophie Carquain, Paris, Albin Michel, 2010.
Ma famille, mes copains, mon école et moi, avec Judith Leroy, Paris, Pocket Jeunesse, 2010.
Mes petites machines à vivre, oser la tristesse, la solitude et l'ennui, Paris, Jean-Claude Lattès, 2011.
Etre mère : mission impossible ?, Albin Michel, 2011
Sexy soit-elle, Les Liens qui libèrent, 2012.
Pardonner à ses enfants : de la déception à l'apaisement, coécrit avec Sophie Carquain, Albin Michel, 2012.

 

Maryse Vaillant, dans son joli texte  Nana avait écrit les lignes suivantes :

« Mais, ma grand-mère m’avait insufflé le goût du travail et le plaisir de le faire bien. Elle m’a appris la nature, la beauté des roses et le respect que l’on doit aux saisons, la force du vent, celle du soleil et celle de la pluie. Et le battement du temps, son écoulement. Elle m’a appris le silence. » (Cent mots pour les bébés d’aujourd’hui. Réunis par Patrick Ben Soussan, érès, 2009)

 

Une femme.

 

MJA

 

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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 21:41

Un livre d’Alice Miller

 

L’enfant sous terreur

Editions Aubier 1981

380 pages

 

Alice Miller s’attaque aux traumatismes sexuels réels de l’enfance.

 

Selon elle, une névrose ne se situe pas dans un conflit pulsionnel mais dans un terrible réel traumatique.  L’analyste par identification à l’enfant qu’a dû être son patient permet la levée du refoulement.

 

Le processus de guérison intervient dès qu’il y a levée du refoulement de ce traumatisme tant au niveau du souvenir que des affects qui l’emportaient. (angoisse, colère, fureur, humiliation, sentiment d’impuissance.)

 

L’analyste doit tout faire pour soutenir son patient dans son chemin qui est pour lui un chemin de croix. Cette attitude n’est pas celle de l’amour dit-elle mais celle d’une empathie réelle, profonde, d’un accompagnement sans réserve dans lequel il joue tour à tour tous les rôles que lui attribue l’adulte, « enfant »

 

Alice Miller se situe toujours comme l’avocat de l’enfant qui se confie à elle, soit encore enfant, soit déjà adulte. Celui qui a souffert a  besoin d’un avocat, d’une adresse à sa plainte, car enfant il n’a pu dire son traumatisme à personne et c’est ce qui a produit le refoulement. L’environnement était trop néfaste pour parler. On retrouve là le concept si précieux de Winnicott : l’environnement.

 

L’analyste-avocat reconstitue patiemment dans le cadre des séances un environnement affectif qui permettra l’expression, la mise à jour du traumatisme infantile. Il est la première personne en qui il ait confiance, devant qui il ne se sent plus culpabilisé, à qui il peut même exprimer sa haine sans que l’analyste ne s’effondre.

 

Alice Miller est convaincue qu’une fois l’immense colère destructrice exprimée, le patient pourra enfin sortir de sa soumission à l’autre cruel,  à la violence d’un enchevêtrement  trop intense haine, mort, amour, vie pour reconstruire des défenses saines et surtout sociales. jusqu’à la sublimation réussie. Il retrouvera l’imagination de vivre et d’aimer enfin.

 

J’ai aimé ce livre si difficile à lire, sur le plan théorique car il interpelle sérieusement les concepts freudiens de la sexualité infantile qui selon Alice Miller ne placent pas dans le réalité le traumatisme sexuel, et donc il nous renvoie encore et encore à l’élaboration de nos concepts. Mille fois, à l’ouvrage tu te mettras, humblement, des heures durant tu travailleras car la détresse tu aideras.

 

Ce livre est surtout difficile à lire aussi par son contenu terrible « cruautés innommables » des adultes sur les enfants.

 

Ce livre est surtout difficile à lire car il dit le terrible engrenage de la cruauté : un enfant maltraité devient souvent un adulte maltraitant dans uns spirale du malheur terrifiante : L’enfant sous terreur

 

Ce livre est difficile à lire car il dit la terrible mémoire du corps et de l’âme à qui l’enfant sous terreur n’en finit pas de payer son tribut, sa dette inextinguible et mortifère .

 

Ce livre est difficile à lire parce qu’il dit l’injustice de certaines destinées.

 

Ce livre est difficile à lire par ce qu’il dit la pure violence et le naufrage de l’être sur qui elle s’est exercée.

 

Mais dans ce livre, malgré la plaine immense calcinée par le Mal radical souffle l’espoir de la reconstruction possible pour ces êtres là abandonnés du soleil et condamnés à la nuit éternelle par leur mémoire inconsciente trop cruelle, grâce à des hommes et des femmes, des psychanalystes,  qui patiemment reconstituent le corps et l’ âme de leurs patients, presque définitivement emportés par la monstruosité. Des gueules cassées.

 

Ce livre m’a fait pleurer de terreur mais aussi d’espoir.

 

Merci Alice Miller,

 

Merci à tous ceux qui par un travail obstiné comme le sien permettent à des adultes de n’êtres plus des enfants sous terreur et d’enfin devenir responsable de leur vie dans une communauté humaine, de devenir porteur de leur parole vivante  par leurs projets quotidiens enfin délivrés du cauchemar de violence et de terreur que fut leur enfance de carence.

 

Merci à tous ces chercheurs d’humanitude qui exercent au risque de leurs propres pulsions toujours interpellées par l’autre souffrant parfois jusqu’au délire.

 

Que ceux qu ont écrit le livre noir de la psychanalyse prennent le temps de lire Freud, Alice Miller, Françoise Dolto, Mélanie Klein, Winnicott et pourquoi pas Lacan. Car tous, avec leurs mots, avec leur âme, et leurs chagrins ont élaboré des concepts difficiles, parfois différents certes , mais tous sont à l’oeuvre, chacun du lieu de son histoire pour entendre celui qui souffre l’enfer et l’aider à se reconstruire du pire.

 

A tous les psychanalystes, toutes écoles confondues, merci au nom de tous les enfants sous terreur qui un jour ont retrouvé, même adultes, et parfois des dizaines d’années après le traumatisme sexuel, le sourire.

 

 

MJA

 

 

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