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22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 14:17

Le planning familial à Montauban

505 avenue des Mourets 82000 Montauban

05. 63.66.01.32 

planning.familial.82@wanadoo.fr

Entretien avec Madame Lorette Martineau animatrice, fondatrice du Planning Montauban et Sandy Beauvais qui a longtemps milité au Planning de Blois, aujourd’hui, Co-trésorière au Planning de Montauban après en avoir été co-présidente.
Le planning a été recrée à Montauban en 1989 ; il a développé ses activités au fil du temps. Outre la permanence au local, d’autres permanences sont assurées à la Mission Locale de Montauban et de Castelsarrasin ainsi que dans le Bus à l’oreille, unité mobile dans le département du Tarn-et-Garonne.

MJ : Je t’ai rencontrée au bus et j’ai été très intéressée par tes livres. Cela a été l’origine de notre entretien d’aujourd’hui

 

Lorette : Oui, j’utilise ces livres en direction de jeunes scolarisés en primaire dans le cadre du Forum des droits des enfants, organisé par les Francas, une fois par an, depuis 3 ans.  Ces livres me permettent de parler de la sexualité, de la construction des enfants en tant que garçon ou fille et ainsi contribuent à la prévention des comportements sexistes stéréotypés.

 

Par exemple, si je prends ce livre, Mademoiselle  Zazie a-telle un zizi ?  Zazie fait plein de trucs qui sont faits d’habitude par des garçons, ça étonne beaucoup Max qui est du côté de ceux qui sont avec les zizis comme si les filles dessinaient que des trucs nunuches, des fleurs, des trucs comme ça, comme si les filles ne montaient pas aux arbres etc. En fait, Zazie, elle fait plein de trucs, que lui, Max il n’en revient pas.

 

En fait, moi, je rebondis beaucoup sur ce que les enfants disent et quand j’entends des réactions soit avec la parole, soit avec des mimiques, je les interpelle. A chaque fois, ça donne l’occasion à certains de dire qu’ils sont touchés par des proches ; j’ai eu à faire des signalements d’enfants victimes d’agressions sexuelles.

 

 

Sandy Beauvais parle du livre «  La Joue bleue »

 

C’est un livre que j’ai trouvé au centre de documentation du Planning national qui a fait immédiatement écho à un projet de travail en cours pour des enfants exposés aux violences de couple parental. :  « on va lire une histoire et on discute avec les enfants. »

 

Les enfants qui ne sont pas exposés à la violence, réfléchissent aussi à l’histoire.

Le livre se passe dans les cavernes. C’est l’histoire d’un petit garçon qui vit avec sa maman dans les cavernes, il y a de la violence qui grandit dans la famille du petit garçon qui la subit aussi en tant que témoin.  Sa mère part un jour parce que ce qu’elle endure n’est plus supportable. Il rencontre des adultes qui ne peuvent pas comprendre, qui disent que c’est  la faute de la maman, lui, l’enfant dit que non et enfin ils trouvent une tribu qui les accueillent et les prennent en charge. Quand le père vient chercher la famille on lui demande « On t’a pris quelque chose ? » il répond : «ma femme ». On lui dit alors : « Non, ta femme, elle ne peut pas t’appartenir de cette façon là ». Le père violent va rechercher le petit, donc,  la mère retournera dans la caverne et quand la violence se remet en place, l’autre tribu alors intervient en disant « Non ! cela n’est pas possible, c’est toi qui va quitter la caverne et tant que tu te comporteras ainsi tu ne reviendras pas. »

 

Et donc après on discute avec les enfants.

 

MJ : La joue bleue ? Pourquoi ?

 

Sandy :  Parce que la maman à chaque fois se retrouve avec une joue bleue. J’ai testé le livre auprès de mes enfants (4 ans et 9ans).

 

Salomé discute comme une enfant de 9 ans sur l’histoire, sur les émotions « le petit garçon, il a certainement très peur ». Le petit qui a quatre ans  a dit : « qu’est-ce qu’il a le monsieur dans sa tête ? Il a sûrement un bobo dans sa tête. » La question qu’il posait là c’était comment se fait-il qu’un adulte fonctionne comme ça ? 

 

Dans les groupes, les enfants exposés vont parler des émotions : à un moment donné le petit garçon est dans la pensée magique de « pouvoir arrêter les choses. »

 

MJ : est-ce que par moment, il se sent responsable ?

 

 Sandy : Pas dans ce livre là. Il se sent responsable de ne pas avoir pu protéger sa mère mais non pas de la violence en tant que telle. Je pense malgré tout que quelque chose transparaît à travers le texte et que les enfants peuvent le projeter

 

Lorette : le livre, c’est juste un support, nous, en fait, on tire le fil. Les personnes ont tricoté le fil et nous on peut parler à partir de ce que eux renvoient. Ces livres sont super bien faits et donc c’est un prétexte et un support pour parler à partir d’eux.

 

MJ : Dans le temps, vous l’avez acheté quand ce livre La joue bleue ?

 

 Il n’y a pas très longtemps, 1 an je pense. Le projet est fait. On a une école qui est preneuse et donc on va commencer en septembre

 

 

Lorette : Pour le projet on a sollicité La Fondation de France. Moi, je suis très intéressée, ça fait plus de 20 ans que je suis au planning et je me dis qu’il est plus que temps de faire de la  prévention primaire de la violence, qu’elle soit conjugale ou familiale, Il est nécessaire de se pencher sur la gestion des conflits, dans le respect, dans l’égalité, tout en étant différents bien sûr mais en tout cas, il y a quelque chose à faire avec les tous petits. Pour prévenir. Il y a plein d’outils,  il y a  aussi le documentaire « Mon corps, c’est mon corps » pour la prévention de l’inceste

 

Nous avons  le projet de développer le centre de documentation car on se dit qu’ avec les personnes qui viennent nous voir, nous pourrons présenter et valoriser les livres, permettant ainsi la constitution d’un groupe de paroles autour de leurs livres et des nôtres, par exemple.

 

Les interdits des petits, les interdits des grands

La petite casserole d’Anatole.  Anatole a un handicap non identifié et à l’occasion d’une rencontre d’une personne, il va pouvoir se détourner de sa casserole, arrêter l’exclusion et puis au contraire aller vers les autres

Je les ai lus à mes petits enfants

 

Voilà, on va développer le centre de documentation pour les petits. Nous espérons ainsi partager avec les enseignants autour de ces supports.

 

Lorette continue de lire passionnément ses livres. Sa documentation l’habite et fait sa force d’écoute.

 

Elle continue :

 

Lorette : Il y a eu  de travaux sur la prévention des comportements sexistes ; et  nous disposons d’importantes bibliographies sur ces thèmes et nous en trouvons beaucoup aussi sur Internet.

 

Tous ces livres sont sur la prévention des comportements sexistes sur des domaines différents. Il y aussi des livres sur l’inceste mais je travaille plus particulièrement avec le film « Mon corps c’est mon corps » , ce que ça me fait quand on touche à mon corps, ça me fait oui, ça me fait non. C’est fait par des canadiens. C’est un outil très pertinent.

 

Tu sais des enfants viennent me voir dans le bus. L’autre fois, j’aurai pu faire un groupe « spontané » autour de l’alcoolisme des parents. Il y aurait une réelle nécessité de proposer à ces jeunes en grande souffrance des groupes de rencontre à partir des livres qui permettrait expression, accueil et réponse à cette souffrance qui est la leur. Cela permettrait aussi et ainsi une réelle prise en compte des violences intra familiales par le rappel de la loi, égale pour tous.

 

Ce qui n’est pas assez connu du grand public c’est notre maîtrise des questions relatives aux violences, toutes les formes de violences. Nous avons organisé de nombreux colloques, à un rythme régulier (2 fois par an) et le projet Daphné.

 

MJ. : C’est quoi le projet Daphné ?

 

Lorette : C’est un projet européen qui a pour thème La lutte contre les violences. Il nécessite d’être au moins trois partenaires européens. Nous avons proposé un projet qui a été validé. Ce projet est une création du Planning familial, qui en a été le maître d’oeuvre avec pour partenaire une association portugaise et une association italienne. Il s’est concrétisé par la création d’un outil pédagogique : «  Les violences : un jeu pour en parler ». Ce jeu constitué d’un plateau avec « des cartes attitudes », évoquant des situations vécues par des femmes et des « cartes lois », rappelant la loi. Ce projet a été crée en/ 2001.

 

Lorette me présente ce jeu, étonnant de qualité, tant par sa forme (plateau peint par un professionnel de talent) que par le fond exprimé par la qualité des textes sur les cartes attitudes et loi. La brochure jointe au jeu existe dans les trois langues est très pédagogique. Elle propose une riche bibliographie sur le thème des violences.

 

MJC : Le temps venu,  je vous donnerai la documentation en destination des enfants du planning, la bibliographie jointe au jeu Daphnée et je vous parlerai plus précisément du jeu Daphné.

 

MJ : Ce que tu veux dire, c’est que ton travail d’écoute des enfants à partir des livres serait admirablement préparé par tout ce travail que le Planning familial a fait en aval, avec les femmes et les familles.

 

Lorette : C’est cela. Et puis, remettre une parole collective, alors que l’enfant est tout seul à penser dans son coin. Nous, notre but, c’est aussi de faire émerger la parole, à partir de ces temps de contes partagés avec tous, d’entendre ceux qui sont en urgence de souffrance et leur proposer, comme nous le faisons avec les groupes de femmes victimes de viol, de violences conjugales, des groupes de soutien.

 

MJ . Il y aurait aussi à organiser un lieu où les mères puissent parler avec leurs enfants.

 

Lorette : Oui, mais ce sont deux travaux différents. Le travail avec les mères, il est fait depuis très longtemps y compris dans les CHRS mais là ce qui est nouveau c’est qu’on ferait de la prévention primaire partout où on pourrait.  Forcément, il y aura la parole des agressions qui pourra émerger, paroles de témoins de violences chez eux.

 

MJ : Il me semble que dans les groupes d’enfants, ce qui doit ressurgir, c’est le sentiment de responsabilité : la responsabilité de ne pas pouvoir protéger la mère, la culpabilité aussi et les livres ça permet de travailler autour de ça. Est-ce que vous avez des projets précis de démarrage avec l’Education Nationale ?

 

Lorette : L’Education Nationale a bien repéré qu’il y avait des écoles où se présentaient des problèmes mais la difficulté, c’est de trouver les financements. Pour commencer, on a  la Fondation de France qui nous finance, après on verra. En général on se donne les moyens de faire, là où on a envie de faire aussi.

 

Mais grâce au financement de la Fondation de France, pour commencer on a.

 

Puis on va enclencher dans des centres de loisirs ou commencer ici aussi

ou avec le bus à l’oreille.

 

MJ. Parle moi, de ta découverte de la lecture. (Sandy, s'est déjà envlolée vers d'autres activités)

 

Lorette. Chez moi, il y avait une bibliothèque en fer forgé avec des étagères rouges sur lesquelles je trouvais toute la collection Rouge et or, le club des cinq, j’étais aussi abonnée à Fripounet, je n’ai pas de souvenirs, mais j’étais abonnée.

 

Une fois par mois, nous avions un rituel avec ma mère et ma soeur. Nous prenions le car pour Narbonne. Nous allions d’abord chez le coiffeur pour une séance terrible, véritable torture car ma mère nous adorait avec les cheveux courts. Pas nous ! Après, on allait sur les promenades de Narbonne, le long du canal, nous mangions des hot dog et on allait à la bibliothèque et là j’étais heureuse. On commençait par la torture et après c’était le bonheur de la bibliothèque. On empruntait des livres tous les mois. L’emprunt des livres se faisait au rythme des coiffeurs.

 

 Merci Lorette et Sandy. Bravo !  et donc bonne chance et longue vie à tous ces projets si dynamiques en faveur d’une prévention primaire de la violence sous toutes ses formes, si tragique, quand elle touche les enfants. MJC

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 20:01

Madeleine ou le cri du cœur


A toi !


Je suis professeur de lettres classiques à la retraite déjà et je faisais partie de l’ Association Réel durant mon activité (Recherche pour l’Ecriture et la Lecture à L’école) dont la présidente est madame Josette Vigo qui organise le 16ème salon littéraire jeunesse cette année. Il  y a 35 auteurs illustrateurs. On touche toutes les écoles du département, plusieurs milliers d’élèves qui participent au salon de l’écolier du  25 au 30 mai, le 29 et 30 mai étant destinés au grand public, esplanade des Fontaines, Ancien collège et place Nationale.


Le prix Collèges 82 : création du Tarn-et-Garonne adressée aux classes de 4ème


      -  La mixité sociale est une volonté qui fait que nous, la quarantaine de bénévoles, et les deux permanents salariés de l’association, que nous sommes, nous animons les stages à vocations artistiques à la Comèteet à Beausoleil bas dans le cadre de la politique sociale de la ville.  Avec une collègue retraitée de lettres modernes,  nous nous occupons du prix collège 82 qui a été fondé, il y a une quinzaine d’années, sur le département du Tarn-et-Garonne. Cette année se sera le  mercredi 19 mai, à l’Inspection académique : deux élèves délégués par  collège représentent le choix des élèves sur 4 ouvrages. C’est nous qui choisissons les 4 livres dans un jury de pré-sélection dont je fais partie. Nous sélectionnons une quinzaine de livres, puis nous votons. Chaque année, nous donnons les 4 titres pour l’année suivante ; ainsi les élèves ont- ils le temps de lire et ainsi en disposent-ils dès septembre. Les livres sont fournis par le Conseil général aux collèges du département. qui les demandent.


Cette année, 7 collèges sont inscrits.


-   Est-ce que,  par moment, tu les accompagnes dans leur lecture ?

-  Oui.. Je vais dans les établissements faire une présentation globale des ouvrages et de leurs auteurs. Et ensuite, je m’adapte à la volonté pédagogique ; selon les collèges, la démarche pédagogique est différente. Ensuite, j’organise la séance d’argumentations du passage du vote personnel au vote collectif.

- Tu peux m’expliquer ce que signifie « que la démarche pédagogique change. »

-  La démarche pédagogique change parce que ça dépend du professeur de lettres. Par exemple, le professeur que je vais voir dans un collège en ce moment, a inclus l’un des 4 livres obligatoires, dans le cadre de l’autobiographie, et de la réflexion sur soi, qui font partie du programme pour les classes de 4ème de tous les collèges au niveau national. Donc,  à ce moment-là, ces 4 livres sont lus dans le cadre pédagogique. Personnellement, je souhaite que la lecture de ces livres soit en dehors de toute évaluation. La démarche est celle d’une lecture-plaisir ; dans la rencontre avec les élèves, nous parlons des auteurs et du contenu des livres avec réflexion sur ce qu’apporte la lecture.

-   Revenons sur la notion de démarche pédagogique.

Soit lecture obligatoire, soit présentation hors programme. Personnellement, quand je présente les livres, je lis certains passages qui me paraissent être des tournants de l’action., de la psychologie.. Par exemple dans Le temps des miracle d’Anne Laure Bondoux, il y a un garçon qui se tient dans un camion ; il se croit abandonné par une femme qui l’a accompagné d’un pays de l’Est. Il est replié sur lui-même, comme il est mineur, il suit une scolarité normale et il y a un passage qui représente tournant où le gamin est avec une Africaine qui a le même âge que lui, et qui lui propose de jouer au « concours des malheurs » et chacun dit son malheur. Ainsi, découvre-t-il les malheurs d’une jeune fille africaine qui a subi des tortures et des malheurs bien plus graves que ceux qu’il a subis. Ce passage est pour moi un tournant car il faut sortir de la victimisation personnelle pour pouvoir écouter le malheur de l’autre mais aussi pour s’ouvrir à l’autre. Là-dessus, je choisis souvent des passages qui montrent que l’écriture est la trace du malheur indicible et mon approche,  c’est de dire que bien sûr c’est l’approche de mor, mais que c’est surtout par cette fêlure qu’on s’approche et qu’on s’ouvre à l’autre.

-   Tu retrouveras cette idée dans « Madame, je veux apprendre à lire ! »

-   D’accord !

-   Tu prépares en plusieurs en séances ?

-   Non, en principe j’accompagne en une seule fois pour l’argumentation qui suit la séance de présentation.

-   L’argumentation, ça se passe comment ?

- Je passe chaque livre en revue, puis je demande aux élèves de témoigner de leur ressenti.




Le prix  des Jeunes lecteurs


-  D’autre part, nous avons créé un prix « Jeunes lecteurs » qui concerne la liaison 6ème et CM2 . Alors, cette année, en accord avec l’Inspecteur des écoles primaires, les élèves de la circonscription de Castelsarrasin étudient  7 livres choisis par l’Education Nationale en relation avec Réel. Le jeudi 28 mai, à Castelsarrasin se tiendra le prix « Jeunes lecteurs. » décerné lors d’un salon « Jeune lecteurs »

Le département du Tarn-et -Garonne est divisé en 5 circonscriptions : littérature, théâtre, arts visuels, musique et danse. Ces circonscriptions tournent au bout d’un an : ainsi les élèves durant leurs cinq années de primaire ont-ils vu ces 5 aspects culturels. Cette année Montauban a choisi danse


Prix lycée Michelet


Depuis cette année seulement. 6 ouvrages sont présentés. Les élèves votent pour leur livre préféré auquel ils décerneront le prix du lycée Michelet. De plus, les élèves du lycée Michelet participeront activement, sur l’esplanade des Fontaines, dans un stand par des lectures à voix hautes.



Conclusion


L’idée est de renforcer le travail de l’éducation nationale par la lecture-plaisir. Nous souhaitons couvrir toute la scolarité puisque nous avons :


-  notre prix des  Jeunes lecteurs 6ème CM2

l- le prix des Collèges Jeunes lecteurs : 4ème/3ème

-  Prix du  lycée Michelet où nous avons présenté 6 ouvrages.


-  A combien d’heures tu évalues tes interventions ?

- Je ne sais pas. Parce que ça dépend des collèges mais moi,  mon travail c’est toute l’année. Par exemple pour le prix Michelet il m’a fallu lire 8000 pages en 10 jours pour présenter les  6 livres.

-  Moi, je suis chargée de la lecture/écriture en ce sens que les élèves peuvent prolonger en racontant leur expérience personnelle. Ce sont des suggestions pour qu’ils intègrent leur expérience personnelle.


-   Les  bénévoles font-ils la même chose ?


-   Non : il y a plusieurs commissions : lecture/écriture, Jeux, Exposition. Lors du salon, de nombreux bénévoles apportent une aide ponctuelle. (déplacement des auteurs dans tout le département)


L’Association REEL existe depuis quand ?


-   Au moins depuis février 1988


Je suis aussi à l’association « Lire et faire Lire ».Créee en 1999 par Alexandre Jardin, Cette association  organise des stages et des conférences. Les bénévoles de « Lire et faire lire » sont des lectrices et des lecteurs passionnés, âgés d’au moins 50 ans.

Ce sont des retraités ou des personnes au foyer ; certains sont des grands-parents. Tous ont choisi d’offrir un peu de leur temps libre pour transmettre aux enfants leur plaisir de la lecture.

Cette association travaille en collaboration avec La Ligue de l’enseignement et l’UNAF

Cette association est reconnue sur le plan de la Lutte contre l’illettrisme sur le plan national.


Dans cette association, je suis bénévole et j’interviens dans l’école Maternelle Louis Aragon. J’organise, une fois par mois, une passerelle de la crèche vers l’école maternelle. Je crée cette passerelle en recevant les petits de la crèche et en leur faisant rencontrer les petits de la classe maternelle. Ceci se fait également en partenariat avec REEL, lieu ressources, qui fait venir les auteurs, les illustrateurs.


Moi, je représente les deux associations Lire et faire lire et REEL ; de plus je lis à la BCD chaque semaine (BCD lieu consacré aux livres dans les écoles primaires.)


En intervenant dans Réel et Lire et faire lire, j’interviens ainsi de la maternelle jusqu’au lycée !


Et il y aussi autre chose : je suis à l’association Le Verger aux contes et là je lis des contes dans les maisons de retraite.


Déléguée de la M.G.E.N, j’interviens au forum des Droits des enfants organisée par les Francas. Je leur apporte le ressenti d’une bonne respiration dans la lecture et le chant.


- Tu es une personne ressources remarquable. Dis-moi comment tu es arrivée à tout ça.

- Pour ma part c’est la lutte contre la mort. J’ai fait mes études à Nice ; mes parents étaient autodidactes. Ma mère faisait des ménages et mon père était porteur de valises à la SNCF. iIs lisaient beaucoup tous les deux.

-   Donc toi, tu as grandi en voyant tes parents autodidactes lire.. Mon père était né en 1902. Il a sauvé des juifs pendant la guerre et donc était très touché par la question juive. Très jeune, il m’avait fait lire Le dernier des justes d’André Schwarz Bart et le prix Goncourt 1951/54 de Pierre Gascar, allégorie sur les camps de concentration. Moi, je savais lire,  avant d’aller à l’école et pour mes parents  la dinité d’un être humain était l’accè à la culture. (lecture, écriture, arts...) lecture.. Mon père m’a donné une culture qui n’était pas donnée directement par l’école : ll  lisait Martin Eden, l’oeuvre de JacK London, la revue « l’Avant-scène. »

Donc, la lecture, c’est pour moi quelque chose de viscéral ; ce n’est pas quelque chose d’intellectuel. Pour moi, le livre est aussi important que le pain.


-  La mort ?

-  Oui, j’ai des parents âgés et j’ai été marquée : je craignais tout le temps qu’ils ne meurent. Et la seule trace possible pour moi, c’est cette idée de culture qui est un cri intérieur

-  Donc, si tu veux, si tu en  es d’accord le titre de notre entretien pourrait être « Madeleine ou le cri intérieur. »

-  Oui, je le veux bien, car, pour moi c’est l’expression qui m’exprime le mieux : « Le cri intérieur »

 

Merci infiniment Madeleine pour tant de travail et surtout bravo pour ton cri intérieur ! MJC






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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 16:50

 

La lecture est une amitié, la lecture est une conversation. L’écriture aussi.

 

Mon expérience d’atelier de lecture et le récit de celle-ci expriment donc un temps d’amitié et de mots partagés. C’est le temps du souvenir et du présent. C’est un temps noué. Je vais l’écrire. Je vais le dénouer, non pas le déchirer. Le temps des livres, c’est de la soie, de la douceur. C’est de l’âme.


Des mots à couper, à découper. A regrouper. Des mots qui nous habillent jusqu’à la nudité, jusqu’au silence, jusqu’à notre solitude. Seuls d’être ensemble et de parler. Toujours. Ce toujours qui fait le jamais du livre refermé qu’on peut un jour, à nouveau ouvrir. Le souvenir. Je me souviens. Un livre de contes. Mon premier livre de contes. Lequel, qu’importe ! Le mien ! En miettes, en poudre. Souvenir de mon père. Il me l’avait offert. Voilà.


C’est ça le souvenir. C’est ça qui s’écrit. C’est ça qui se feuillette de temps en temps. Tout le temps. Celui que j’ai vécu avec mes livres, enfant, femme, formatrice, citoyenne. Celui qui me reste à vivre. Celui qui me reste à lire. Tout le temps. Celui de partager le cadeau. Celui d’apprendre à lire aux autres. Celui de nager, tous ensemble dans une même eau de mots.


Vous, à qui j’écris, vous à qui je parle. Mon association vous appelle "Les stagiaires". Stage d’insertion. Ensemble, épeler vos lettres, celles que vous avez perdues, celles que vous cherchez, recherchez, celles que vous apprenez, avec moi, votre formatrice, avec d’autres, vos formateurs. Une équipe. Des stagiaires. Les personnages de l’histoire sont posés. Le cadre, nos jours de travail. Les vôtres, les nôtres. Nous sommes tous rémunérés pour donner et recevoir. Je vous écoute. Vous m’écoutez. Nous partageons des heures. Nous partageons des mots ; nous partageons de l’espace. Bien sûr, il faut le dire, nous vivons. Avec moi, vous vivez des mots en gestation. Gestation de votre lecture. Mon ventre. On ne peut pas parler de lecture sans parler de ventre. La mère. L’amour. La lecture, c’est de l’amour. Il faut aimer pour lire. Si on n’aime pas, si on n’est pas aimé, on ne peut pas lire.


Lire, c’est inventer. Si on est dans la destruction, le chaos, on ne peut pas lire, encore moins apprendre à lire. Vous, mes stagiaires, vous avez connu la fin du monde, exilés de partout mais surtout de votre ventre vous échouez à "apprendre". Vous ne prenez plus rien de ce monde. Vous n’y arrivez pas. Votre liquide amniotique est infesté de détresse. La vôtre. Mon travail de formatrice : vous donner le goût de prendre les lettres, de les apprendre. Après, pendant, je ne sais pas quand viendra le déchiffrage. Vous pourrez enfin, chiffrer votre désespoir et même votre espoir. Moi, je les chiffre chaque jour. Je lis, je délie, je relie, j’élis. Vous. C’est mon travail. C’est ma vie. Je la gagne, jamais je ne la perds ; ça s’appelle « Atelier de lecture ». Nous nous rencontrons. Jamais nous ne commençons. Nous recommençons notre ventre, notre danse, notre naissance. Naître est toujours à refaire. Naître est toujours à dire, à redire.


Apprendre à écrire pour donner à l’autre de ses nouvelles, des nouvelles de sa naissance. Apprendre à lire, pour prendre de l’autre des nouvelles de sa naissance à lui, l’autre. Partager le temps de nos naissances, rien n’est plus important. Partager nos ventres. Crier nos ventres dans la douceur des mots, dans la douceur du temps. Dans la douceur de lire. Lire est une douceur de l’heure. Lire est un sourire devant le pire. Mourir. Lire c’est continuer, se continuer, nous continuer. Lire c’est conjuguer le temps, c’est chiffrer nos vies. Capital du cri néonatal. Le seul à faire fructifier. Bénéfice : bonheur.


Se ressembler. S’assembler. Les lettres. Les êtres. Jamais ne "désêtre" Mon métier : formatrice, animatrice d’ateliers de lecture à L’ADIF (Association Départementale d’Insertion et de Formation.) J’aime mon métier.


Mon métier, une immense recherche. Juste avant de se laisser mourir, maman, ma mère tenait des petits carnets, les comptes de sa vie sans doute. Le dernier carnet, son dernier mot : La recherche. Elle m’a légué ce joli mot en héritage. Toute sa vie, elle a cherché. Je ne sais pas quelle était sa quête. C’était là sa solitude. Et parce que j’étais sa fille, je suis passée bruyamment à côté. Maintenant, qu’il est bien trop tard, je suis attentive à ce qui fait recherche chez les autres. J’écoute. Mon métier est d’écouter les mots des autres.


J’innove chaque cycle de formation de quatre mois en présentant ce qui constituera nos rencontres hebdomadaires d’ateliers et je dis sagement, chaque mot ayant un sens : "Durant (c’est donc un temps dont il est question) chaque atelier, nous parlerons, nous lirons, nous écrirons puis nous recommencerons". Ainsi donc, la règle du jeu est posée. Et c’est dans cette règle-là, que je pose, ma recherche, mon écoute de chacun. Tandis qu’eux lisent ou "apprennent à lire", moi je les écoute lire ou apprendre à lire.

J’écris maintenant et dans le temps de mon écriture, je cherche à quel(s) moment(s) de ma vie, j’ai appris à écouter lire.

 

Enfant. Tout commence toujours là. Enfant.

 

Enfant, je lisais beaucoup, je lisais seule. Enfant, j’ai bercé mes premières poupées dans une bibliothèque en acajou. Celle de mes parents. Je me souviens. Nous habitions un tout petit appartement. Mes parents aimaient beaucoup lire. Mon père était exilé de Russie, ma mère, lors d’une de ses naissances était née au Caire. Mon père, n’était pas tout à fait mon père mais presque mon père. Ils avaient vingt-huit ans d’écart. Enfin, peu importe. Ils aimaient lire et l’appartement était vraiment petit. Ils avaient acheté une bibliothèque en acajou sombre et je me souviens de cette bibliothèque non montée dont les casiers reposaient sur le sol. Les livres étaient encore dans les cartons.


J’avais cinq ou six ans et de jolies poupées dont une s’appelait Bella. J’avais couché avec amour Bella dans un compartiment de cette bibliothèque en attente, je l’avais couverte d’un habit et je disais "On dirait qu’elle dort". C’était donc son lit. Coucher Bella, là, c’était moi que je couchais, là. Là, le lieu symbolique de mon repos, de mon abandon. Je m’abandonnais déjà aux livres comme je devais le faire toute ma vie.


Lire pour moi, a toujours été m’abandonner aux mots des autres bienfaisants ; lire m’a toujours fait du bien. Beaucoup plus tard, j’ai grandi, j’ai quitté mon enfance, car son enfance on la quitte et la lecture est devenue ma recherche. J’ai découvert le mot thérapeutique. J’ai lu, j’ai écrit, j’ai dit et je le dis toujours : la lecture est thérapeutique. La thérapie de la lecture consiste en cet abandon premier de l’être aux mots bienfaisants de cet autre intime qu’est l’écrivain. J’ai lu beaucoup de choses là-dessus et c’est ainsi que m’est venue l’idée de créer des ateliers de lecture comme autant de temps de partage de ces moments d’abandon aux livres. J’écoute les autres s’abandonner et parfois, je m’abandonne avec eux. Pas toujours, cela dépend. Il n’y a pas de toujours dans les ateliers. Il y a des séquences qui vont qui viennent ponctuées de silences, d’émotions, de tension. Le langage est là. Et c’est avec ce langage, dans ce langage là que je travaille. Notre pâte à modeler. MJC

 

Passage du livre Madame, je veux apprendre à lire ! Marie-José Colet. érès 2008. A lire absolument !!!

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 22:57


A toi !


E. C’est l’Université Populaire de Moissac qui m’a téléphoné, il y a maintenant 5 ans. Je suis rémunérée.


J’ai d’abord demandé une séance de discussion avec les participantes qui avaient entre 50 et 70 ans (la plupart avaient  60 ans).

Je voulais savoir ce qui les intéressaient. Elles ont présenté un livre chacune. Je leur ai demandé ce qu’elles attendaient de la lecture.

On a convenu très vite d’appeler nos séances « Lecture-débat » parce que le but était de lire pour se clarifier, s’unifier, mieux participer à la vie, lire pour être  plus vivante. Elles m’ont demandé de choisir 9 livres par année. Elles pouvaient également proposer des livres mais en fait c’est moi qui propose.

Fréquence une fois par mois de 15H à 16h.30. Le 3ème vendredi de chaque mois.

De octobre à juin

On n’a convenu de ne prendre que des livres de poche

On a convenu de lire un ou deux classiques : Flaubert, Sophocle


MJ. C’est toi qui fait le choix ?


E. Oui, je leur demande à chaque fois, mais elle ne propose pas souvent. J’essaie de varier. Je prends les livres que j’aime. Si je n’aime pas le livre, je suis incapable d’en parler. J’organise une discussion très disciplinée : présenter l’auteur, la période si elle est importante, la composition des livres. Au début, je présentais un chemin directeur assez précis et puis au fur et à mesure des années, je me suis assouplie.


MJ. ça m’intéresse parce que, lorsque j’étais formatrice, lorsque j’animais des ateliers de lecture, j’ai eu exactement le même cheminement : au début j’étais très structurée puis après, je me suis assouplie.


E. Oui, mais je reste très structurée pour le préparer. Toujours, je regarde la composition, le registre d’écriture, je regarde vraiment bien si c’est une lecture prospective ou rétrospective


MJ. Parle-moi du public


E. C’est beaucoup d’anciens profs, des assistantes sociales, des femmes de médecin, une ou deux femmes qui arrivaient d’Espagne. Pas un seul homme !

Je ne sais pas où ils sont les hommes. Ils ne sont pas dans  « le continuer à étudier. »


MJ. Ce sont peut-être les horaires. Ils sont au travail.


E. Non, c’est pas ça ; Ils ne sont dans aucune activité culturelle de l’Université populaire. Ils sont à la pêche ou à la chasse !


Bon ! le choix des livres !  Ce sont des livres que j’aime, qui me font vivre davantage. J’en ai toujours des nouveaux ! Chaque fois que je rencontre quelqu’un, je lui dis : « dis-moi un livre qui compte énormément dans ta vie »


MJ. Ce n’est pas toujours des romans ?


Evelyne :  Non, l’autre fois, j’ai pris Races et histoire à cause de la mort de Lévi-Strauss. Il n’aimait pas qu’on le réduise à Tristes tropiques. Une autre fois, j’ai présenté René Char. Toujours des auteurs qui me plaisent : Le livre de Dina, Enfance de Gorki, Karen Blixen, Mendoza La nuit du Déluge,, Le Cliézio, Berberova, Marguerite Yourcenar, Les nouvelles de Doris Lessing, Imre Kertesz, La Jeune fille à la perle, Nancy Huston, Tony Morrison, Henry Bauchau, Panait Istrati, Boyden…


MJ. Donc vous choisissez le livre un mois avant.


E. Non, je les donne pour l’année avec les dates.

Elles lisent les livres, elles le préparent très bien


MJ. Que préparent-elles ?


E. Elles le lisent avec soin, elles notent, elles marquent leur passage préféré. Je ramène toujours à leur vie. En quoi ça les interroge ? Je leur demande en quoi ça les fait réfléchir à leur propre vie. Par exemple la guerre de 14, elles parlent de leur grand-père. Par exemple en ce moment, on est dans Les cœurs cousus, on est dans l’héritage des femmes, que se transmet-on de mères en filles etc.

C’est vraiment lire pour que ma vie soit plus intéressante. C’est lire pour insufler un air frais à ma vie.

Donc ça devient très souple. Mais malgré tout je prépare avec énormément de précision ; Je fais un plan, je dégage la structure narrative, j’impulse et je laisse se laisse dérouler. Avant, je voulais que ça se déroule selon mon idée, maintenant c’est moi qui m’adapte.

Tiens par exemple Magnus. J’ai fait un travail énorme. Magnus : comment résister au mal ? puisqu’il s’agit du nazisme, les animaux, les objets, la vieillesse, comment se préparer à mourir les yeux ouverts, les fantômes qui reviennent, les correspondances, est-ce que ça a été vu les accidents de voiture qui se répètent ? Le problème de Dieu. Dans ce livre qui fait vivre avec ses temps, recevoir, donner, (travail de Martin Luther King) j’ai noté style, éphémérides, intercalaires, litanies, synchronicités, la forme fragmentée, est-ce qu’elles savent par exemples qu’il y en a 14


MJ. Est-ce que tu as l’impression que ta formation d’enseignante de français joue dans tes préparations, dans ton animation ?


E. Oh oui ! ça m’est très utile Je leur fais même un cours de grammaire quand c’est nécessaire. Je repère les anaphores, tu vois comme « sur mes cahiers d’écolier ». Tu sais, je leur apprends à repérer quand le texte se répète. Je donne des techniques littéraires ; ça les intéresse, elles aiment bien. Comme je fais des ateliers d’écriture, je travaille aussi beaucoup la technique d’écriture.


MJ Il y a à la fois un savoir sur elle et un savoir sur le texte.


E. Oui, un livre c’est aussi des techniques. Pour en revenir à Magnus, pourquoi il y a quatorze chapitres, pourquoi ça commence au chapitre 2 et on retrouve le chapitre 1 beaucoup plus loin. Tu vois, il y en a qui lisent vite et qui ne voient pas que c’est parce que Magnus ne connait  pas son origine. Ce n’est qu’au chapitre 14 qu’il replace le fragment 1.

Elles commencent à y faire attention. Pourquoi un prologue ? Comment ça se termine ? comment c’est fait ?

Et puis aussi le rapport à soi.


A la fin de l’année au va au restaurant ensemble et je leur fais parler de ce qui leur a plu, quel est leur rapport à la lecture.

L’année dernière on avait fait un acrostiche avec Lire-Débat


Lire et relire un livre ensemble

Explorer les trésors des autres

Communiquer interroger

Traquer les pas de la mémoire

Unir la patience des yeux

Rechercher les signes de vie

Exister plus grâce à un livre


Démultiplier nos approches

Etendre nos curiosités

Bouleverser nos certitudes

Acquiescer aux émois des mots

Trouver malgré tout la beauté


Tu vois chaque année on termine par « qu’est-ce que c’est lire pour elles ? »


MJ. Alors, lire, pour toi qu’est-ce que c’est ?


E. Pour moi, lire c’est une munition, c’est une nourriture


MJ. Tu lis depuis quand ?


E. Depuis toujours. Je n’ai jamais appris à lire, j’ai toujours lu parce qu'on était au fin fond du bled, il n’y avait absolument rien, même pas de radio, ma mère racontait toujours des histoires, je ne sais plus si c’était elle qui lisait ou si elle racontait. Oui, j’ai toujours su lire. Je ne suis allée en classe qu’à 10 ans.

Mes souvenirs, « le bon petit Diable, », les contes de fée,, Dickens. On était complètement isolés. J’ai été mise en pension, mais j’étais déjà grande. Puis ma mère a ouvert un foyer pour la DDASS, j’ai voulu l’aider et j’ai suivi l’école de Saint-Simon pour être éducatrice. Puis, je me suis mariée et pour suivre mon mari en Finlande, j’ai été institutrice puis j’ai suivi les cours de l’Ecole normale et je suis devenue professeur de français, licence, CAPES…


Non… non, je n’ai jamais pu vivre sans livres… Avec les livres tu vis dix fois plus. Montaigne, Pascal, je les fréquente tout le temps  et puis quand tu passes un livre à quelqu’un, tu passes une partie de toi-même. Il te connaît mieux. C’est important de lire le même livre, sinon si chacun lit son livre, ça va trop vite… Si tu lis un seul livre, pendant une heure et demie, tu as le temps de le décortiquer… ça permet d’analyser…


Captivée, j’écoute Evelyne conter et raconter son art de lire, d’approfondir, d’explorer, de se lier. Je connais bien Evelyne, femme de livres, femme de liens. Sa pensée m’enveloppe ; j’ai chaud de l’écouter et de découvrir son si grand talent de lectrice-exploratrice.


Merci Evelyne ! MJC








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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 11:48

Elisabeth ou La bibliothèque nomade


MJC : A toi !


E.A : J’ai beaucoup de livres et je trouvais dommage de m’en séparer.

J’habite un immeuble de quatre étages. Entre chaque étage, il y a une grande fenêtre qui donne un grand palier de lumière. Sur le rebord intérieur j’ai déposé une rangée de livres de toutes sorte :  livres de recettes, d’enfants, livres policiers, romans classiques, livres sur la psychologie, les secrets de famille, beaucoup de romans de littérature contemporaine.


Je choisis des livres que j’aime ou que j’ai aimé, je choisis dans la spontanéité.


Je connais un peu mes voisins


1er étage :

Résident un couple marocain et leur jeune fils de 23 ans.

Face à cette famille, vit une veuve de 90 ans ; première habitante de l’immeuble. Elle habite là depuis 1958


2ème étage :

Elisabeth et son compagnon

Cet appartement est celui des grands-parents d’Elisabeth. Ils l’habitent depuis 1997. Elle connaît cet appartement  depuis l’âge de 3 ou 4 ans

Elle connaît les personnes âgées de cet immeuble depuis qu’elle est toute petite.

Face à eux, habite une veuve  de 88 ans qui vit seule.


3ème étage :

Réside à cet étage un couple avec leur fille adolescente.

Le père est connu de tous parce qu’il était le fils de la superette du quartier.

En face de ce couple vit une dame d’environ 70 ans  qui vit seule.


4ème étage :

Vit là, un homme qui a la garde alterné de son fils.

En face de lui, vivent une jeune femme et son compagnon, sans enfant. Les liens sont difficiles avec eux car ils sont en procès avec les co-propriétaires. Ils sont polis mais ne créent pas de contacts


MJC : La composition de cet immeuble constitue un groupe de référence stable.


E.A : J’ai mis un panneau dans l’immeuble et j’ai écrit en gros :


Bibliothèque nomade

Vous empruntez, vous lisez, vous déposez


Mon idée initiale était de permettre un échange entre tous pour dépasser le « un peu chacun chez soi ». Je souhaitais créer une dynamique de lien dans mon immeuble.


Le choix de mes livres est diversifié pour toutes les générations afin de créer une politique d’échanges et de liens entre tous. Tous ont trouvé que c’était une bonne idée.


Pendant longtemps ne furent déposés que mes livres. Je me suis rendue compte très vite que la mobilité des livres variait avec leur difficulté de lecture. Les livres les plus lus étaient ceux qui parlaient des secrets de famille.


Maintenant, il y a des livres nouveaux, un véritable va et vient entre les livres.

Il s’est instauré une dynamique Recevoir/Don et un apport de livres nouveaux et de revues. (La voisine donne Psychologie mais fait passer le magazine par moi.


Mon projet est d’organiser un repas avec la résidence qui ne serait pas sur les livres.


J’ai accroché sur un porte lettres des recettes de cuisine, des infos. Mon idée est toujours celle de créer du lien.


Il y a parfois emprunt par quelques autres personnes que celles de l’immeuble.


MJC : je trouve ta démarche de Lectures/Lien très citoyenne.


E.A : Oui, cela peut se faire parce que j’étais enfant dans cet immeuble. Chez mes grands-parents qui habitaient cet immeuble, le livre avait une place majeure. Mon grand-père était  professeur d’histoire, professeur de l’Ecole Normale, puis à Paris, il fut créateur des premières émissions politiques pédagogiques, également professeur du CNED à Toulouse. Il est décédé en 1988. Il était très connu dans le monde du livre.


MJC Ce que tu me dis de ton grand-père inscrit ta démarche de lecture dans un identitaire chargé de transmission pour toi.


E.A : oui, mon père était professeur d’histoire dans un collège. Par ailleurs, il était engagé dans une mairie.


MJC : Tu me dis là, une parfaite synthèse identitaire et citoyenne de ta démarche dans ta bibliothèque nomade !


MJC Peux-tu en dire un peu plus sur son ton idée de créer du lien par tes livres ? ,

E.A oui, je veux créer du lien entre les anciens de l’immeuble et les nouveaux venus. C’est ma personnalité. Je suis ouverte, ma mère était comme ça. Je tiens ça d’elle…


Mes livres, mon enfance, c’est une dette pour moi. C’est peut-être ça le sens de ma bibliothèque nomade…


MJC Quelle splendide idée à faire connaître !





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