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13 novembre 2021 6 13 /11 /novembre /2021 19:07

Marines

 

Océan sonore

Palpite sous l’oeil

De la lune en deuil

Et palpite encore,

 

Tandis qu’un éclair

Brutal et sinistre

Fend le ciel de bistre

D’un long zigzag clair,

 

Et que chaque lame,

En bonds convulsifs,

Le long des récifs

Va, vient, luit et clame,

|

Et qu’au firmament,

Où l’ouragan erre,

Rugit le tonnerre

Formidablement.

 

Paul Verlaine, Poèmes saturniens

 

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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 21:11

Âme, te souvient-il au fond du paradis
De la gare d'Auteuil et des trains de jadis
T'amenant chaque jour, venu de la Chapelle ?
Jadis déjà ! Combien pourtant je me rappelle
Après les premiers mots de bonjour et d'accueil
Mon vieux bras dans le tien, nous quittions cet Auteuil
Et, sous les arbres pleins d'une gente musique
Notre entretien était souvent métaphysique
Ô tes forts arguments, ta foi du charbonnier
Non sans quelque tendance, ô si franche ! à nier
Mais si vite quittée au premier pas du doute !
Et puis nous rentrions, plus que lents, par la route
Un peu des écoliers, chez moi, chez nous plutôt
Y déjeuner de rien, fumailler vite et tôt
Et dépêcher longtemps une vague besogne
Mon pauvre enfant, ta voix dans le bois de Boulogne

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 17:26

Léo Ferré Arthur Rimbaud Paul Verlaine

Maudits soient-ils

La  Mémoire et la mer

CD 2 Verlaine

 

Il patinait merveilleusement,

S'élançant, qu'impétueusement!
R'arrivant si joliment vraiment!

Fin comme une grande jeune fille,
Brillant, vif et fort, telle une aiguille,
La souplesse, l'élan d'une anguille.

Des jeux d'optique prestigieux,
Un tourment délicieux des yeux,
Un éclair qui serait gracieux.

Parfois il restait comme invisible,
Vitesse en route vers une cible
Si lointaine, elle-même invisible...

Invisible de même aujourd'hui.
Que sera-t-il advenu de lui?
Que sera-t-il advenu de lui?

 

Paul Verlaine

 

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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 20:22

Léo Ferré Arthur Rimbaud Paul Verlaine

Maudits soient-ils

La  Mémoire et la mer

 

CD 2 Verlaine 
PENSIONNAIRES

Paul Verlaine


L'une avait quinze ans, l'autre en avait seize;
Toutes deux dormaient dans la même chambre.
C'était par un soir très lourd de septembre
Frêles, des yeux bleus, des rougeurs de fraise.

Chacune a quitté, pour se mettre à l'aise,
La fine chemise au frais parfum d'ambre.
La plus jeune étend les bras, et se cambre,
Et sa soeur, les mains sur ses seins, la baise,

Puis tombe à genoux, puis devient farouche
Et tumultueuse et folle, et sa bouche
Plonge sous l'or blond, dans les ombres grises;

Et l'enfant, pendant ce temps-là, recense
Sur ses doigts mignons des valses promises,
Et, rose, sourit avec innocence.

 

Entendre ce poème chanté par Léo Ferré est pure langueur. MJA

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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 18:33

Léo Ferré Arthur Rimbaud Paul Verlaine

Maudits soient-ils

La  Mémoire et la mer

CD 2 Verlaine

 

 

Mon fils est mort. J'adore, ô mon Dieu, votre loi.
Je vous offre les pleurs d'un coeur presque parjure ;
Vous châtiez bien fort et parferez la foi
Qu'alanguissait l'amour pour une créature.

Vous châtiez bien fort. Mon fils est mort, hélas !
Vous me l'aviez donné, voici que votre droite
Me le reprend à l'heure où mes pauvres pieds las
Réclamaient ce cher guide en cette route étroite.

Vous me l'aviez donné, vous me le reprenez :
Gloire à vous ! J'oubliais beaucoup trop votre gloire
Dans la langueur d'aimer mieux les trésors donnés
Que le Munificent de toute cette histoire.

Vous me l'aviez donné ; je vous le rends très pur,
Tout pétri de vertu, d'amour et de simplesse.
C'est pourquoi, pardonnez, Terrible, à celui sur
Le coeur de qui, Dieu fort, sévit cette faiblesse.

Et laissez-moi pleurer et faites-moi bénir
L'élu dont vous voudrez certes que la prière
Rapproche un peu l'instant si bon de revenir
A lui dans Vous, Jésus, après ma mort dernière.

 

Paul Verlaine

 

J’aime la douceur la voix de Léo Ferré chantant ce poème de douleur MJA

 


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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 19:08

Léo Ferré Arthur Rimbaud Paul Verlaine

Maudits soient-ils

La  Mémoire et la mer

 CD 2 Verlaine 


Ecoutez la chanson bien douce

Ecoutez la chanson bien douce
Qui ne pleure que pour vous plaire,
Elle est discrète, elle est légère :
Un frisson d'eau sur de la mousse !

La voix vous fut connue (et chère ?)
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée,
Pourtant comme elle encore fière,

Et dans les longs plis de son voile,
Qui palpite aux brises d'automne.
Cache et montre au coeur qui s'étonne
La vérité comme une étoile.

Elle dit, la voix reconnue,
Que la bonté c'est notre vie,
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste, la mort venue.

Elle parle aussi de la gloire
D'être simple sans plus attendre,
Et de noces d'or et du tendre
Bonheur d'une paix sans victoire.

Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame.
Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste !

Elle est en peine et de passage,
L'âme qui souffre sans colère,
Et comme sa morale est claire !...
Ecoutez la chanson bien sage.

 

Paul Verlaine

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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 18:55

 

Léo Ferré Arthur Rimbaud Paul Verlaine

Maudits soient-ils

 

Colloque sentimental

La  Mémoire et la mer
CD 2
Colloque sentimental

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.

 

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.

 

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.

 

- Te souvient-il de notre extase ancienne ?
- Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ?

 

- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
- Toujours vois-tu mon âme en rêve? - Non.

 

Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.

 

- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !

- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

-          

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.

Verlaine
Les fêtes galantes

 

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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 18:42

  

Léo Ferré Arthur Rimbaud Paul Verlaine

Maudits soient-ils

La  Mémoire et la mer

 

L’espoir luit

CD 2 Verlaine 

 

L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable.
Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou
 ?
Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
Que ne t’endormais-tu, le coude sur la table
 ?
 
Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
Et tu chantonneras comme un enfant bercé.
 
Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, madame.
Il dort. C’est étonnant comme les pas de femme
Résonnent au cerveau des pauvres malheureux.
 
Midi sonne. J’ai fait arroser dans la chambre.
Va, dors
 ! L’espoir luit comme un caillou dans un creux.
Ah
 ! quand refleuriront les roses de septembre !

 

Paul Verlaine

 


 

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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 18:33

Léo Ferré Arthur Rimbaud Paul Verlaine

Maudits soient-ils

La  Mémoire et la mer

CD 2 Verlaine

 

Sur le balcon

 

Toutes deux regardaient s'enfuir les hirondelles :
L'une pâle aux cheveux de jais, et l'autre blonde
Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde
Vaguement serpentaient, nuages, autour d'elles.

Et toutes deux, avec des langueurs d'asphodèles,
Tandis qu'au ciel montait la lune molle et ronde,
Savouraient à longs traits l'émotion profonde
Du soir et le bonheur triste des coeurs fidèles,

Telles, leurs bras pressant, moites, leurs tailles souples,
Couple étrange qui prend pitié des autres couples,
Telles, sur le balcon, rêvaient les jeunes femmes.

Derrière elles, au fond du retrait riche et sombre,
Emphatique comme un trône de mélodrames
Et plein d'odeurs, le lit, défait, s'ouvrait dans l'ombre.

 

Paul Verlaine

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 17:24

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !

Paul Verlaine

Romances sans Paroles

1874

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