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22 décembre 2021 3 22 /12 /décembre /2021 18:14

A mes amis les Spiraliens 98, comme un cadeau de Noël

 

 

La princesse qui lisait

 

Il était une fois, dans un grand château.

Une princesse qui pensait.

 

Elle pensait le jour

Elle pensait la nuit

La lune incrédule.

L’écoutait penser.

 

Dans son grand château, vivait un méchant vizir.

 

Ce méchant vizir était en relation

Avec les forces mauvaises de l’univers.

Des forces, très violentes .

 

La princesse qui pensait

Ne parvenait pas à répondre

A des questions, qui dans l’ombre de son cœur

Poussaient comme des fleurs noires.

 

Pourquoi la mort ?

Pourquoi la terreur des dragons ?

Pourquoi la violence des vents ? .

Pourquoi les toitures arrachées ?

 

Pourquoi les enfants-mourraient-ils, même le14 juillet, dans un ciel étoilé d’été ?

 

Pourquoi tant de bombes explosaient-elles dans tout le royaume  ?

Pourquoi les grandes forêts brûlaient-elles ?

Pourquoi ses parents si bons, le Roi et la Reine, ne pouvaient-ils lui expliquer les forces du mal ?

 

Seule, triste, abandonnée à ses pensées, la princesse pleurait et ne pouvait plus se réjouir d’être la princesse d’un si beau royaume de fleurs et d’étoiles, de lunes et de dunes ?

 

Mais, un matin qu’elle pleurait sa marraine la fée frappa à sa fenêtre. D’un coup de baguette magique, elle se rendit près du lit où la princesse sanglotait. Elle déposa à ses pieds une multitude d’albums colorés et doux, faciles à lire parce que les personnages parlaient et chantaient toutes les langues de l’univers

 

Ils disaient que sur la terre "la plupart des hommes sont plus souvent bons que méchants…" Ils disaient que chaque détail du monde et de tous les cœurs des hommes étaient importants. Il fallait apprendre à les connaître. A les aimer

Ils disaient qu’il ne fallait pas avoir peur de ses peurs mais trouver les mots pour les dire. Tout le monde avait des peurs et des chagrins. Ces mots pour dire ses peurs on les trouvait dans les albums.

Ils disaient que parfois la colère, comme le vent de la terre, nous envahissait, mais que si nous avions le courage d’avancer, malgré le vent contraire, la colère devenait douce.

 

La fée et ses beaux albums qui parlaient toutes les langues de la terre apaisèrent le cœur de la princesse qui continua de penser, malgré le mal, malgré le vent, malgré les bombes, malgré le silence des tombes. La princesse n’était plus seule. Elle pensait avec tous ceux-là qui avaient écrit, illustré, édité les albums de sa marraine la fée.

 

La princesse ne pouvait toujours pas répondre aux questions qui la faisaient tant pleurer. Les larmes sont aussi le fleuve des jours. Mais la force de sa pensée, la magie colorée des livres, les mots des personnages de tous âges, les phrases de tous, les images si douces lui permirent de grandir heureuse dans son royaume de fleurs et d’étoiles, de lunes et de dunes.

 

Le méchant Vizir avait perdu !

Tout le royaume pensait !

Tout le royaume chantait !

Tout le royaume lisait !

 

Marie-José

Venerque le 16 juillet 2016

Relu le 22.12.2021

 

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19 décembre 2021 7 19 /12 /décembre /2021 16:45

Spirale N° 98

Donald W. Winnicott

aujourd’hui

Coordonné par Joël Clerget

érès 2021

 

3 Psychologie

 

Winnicott, un analyste

     paradoxalement

            méconnu

Laura Dethiville

psychanalyste, membre associée

de la Société de psychanalyse freudienne,

présidente fondatrice de L’International

Winnicott Association, France

 

 

Chère Laura,

 

Eblouie par votre savoir si total de D W. Winnicott, je vous fais une demande de Noël.

Je viens de revoir le film d’E.T. Je l’avais vu avec mes enfants, il y a bien longtemps. J’avais pleuré. Je viens de le revoir dans ma salle à manger. J’ai encore pleuré.

Hier, ayant lu votre article si parfait, j’étais pendant le film habitée par vous et Winnicott. Pourriez-vous avec votre grand talent de lui, écrire un article clinique sur E.T. Téléphone Maison ?

Vous pourriez dans cet article parler de l’exil, de l’enfance, de la solidarité (la course finale en vélo, dans le ciel), de l’abandon, de la séparation, de la mort, de l’amour mais vous pourriez surtout parler de ce que vous connaissez si bien : l’objet transitionnel, l’illusion, l’objet créé-trouvé, la mère-environnement (Elliott-environnement), l’omnipotence expérimentée (les pleins pouvoirs d’Elliott), le sentiment continu d’exister, holding, handing, object-présenting, dépendance, autonomie.

Vous pourriez parler de la poésie de l’imaginaire toutes planètes confondues.

J’ai tant aimé ce film ! Je serais heureuse de mettre Winnicott au travail ! Il en serait si heureux aussi ! Il aurait pleinement aimé ce film de Spielberg.  Il aurait tant aimé s’émerveiller lorsque E.T. apprend à parler ! Il aurait tant aimé sa tristesse, sa tendresse ! Il aurait tant aimé Elliott, il aurait tant pleuré avec lui lorsqu’il dit à E.T « Reste, nous grandirons ensemble ! » Mais E.T. est dans le partir, alors Elliott doit être dans le grandir.

Je n’ai pas le talent d’écrire cet article, mais vous, vous l’avez !

Je vous remercie infiniment de tenter l’aventure. Ce merveilleux film serait un objet transitionnel pour transmettre Winnicott.

 

De Winnicott à Spielberg ou l’enfance retrouvée

 

Avec mon admiration et ma gratitude,

 

Marie-José

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18 décembre 2021 6 18 /12 /décembre /2021 12:59

Spirale N° 98

Donald W. Winnicott

aujourd’hui

Coordonné par Joël Clerget

érès 2021

 

2. Accueil dans la petite enfance

Le bébé,

un agent d’intégration

à la parentalité ?

Jean-Baptiste Desveaux

docteur en psychologie clinique et

psychopathologie, psychologue clinicien,

psychanalyste (Rennes).

 

Jean-Baptiste Desveaux est un chercheur novateur. Je vais étayer cette affirmation par la lecture de son article qui déroule une connaissance approfondie de Winnicott, connaissance singulière qui se jette comme un fleuve dans du trouvé-crée.

Mais commençons par la source du fleuve. : l’intégration, concept un peu oublié que Jean-Baptiste studieux revisite pour présenter sa problématique : « L’enfant est-il l’agent de l’émergence de la parentalité chez les adultes, doublé de cette question, l’enfant ainsi, transforme-t-il le monde et la société ?

Jean-Baptiste nous permet l’intégration de ces deux questions par le holding psychique d’une bibliographie riche, précise que j’ai suivie avec conscience pour suivre son article difficile pour moi. Le lisant, j’ai appris que l’intégration est un processus qui introduit le bébé à une « l’homéostasie psychique » et qu’il permet de définir l’équilibre mental. C’est donc un processus très important pour rencontrer le bébé comme une personne autonome. L’intégration suspend dans du transitionnel notre relation avec l’enfant. Notre savoir de l’intrapsychique ou du subjectif est suspendu au souffle créateur du bébé, à notre attente de lui, sujet, intégrant sa pulsionnalité pour être entre pure sensation du dedans et le monde externe. La vraie suspension est entre dedans et dehors. C’est en retenant son souffle et le nôtre  qu’il intégrera son Moi dans son possible being, celui qui le relie à sa mère, ou à l’autre, prenant soin de lui, permettant au morcellement de ne pas exister de passer à une unité du moi et ce grâce au holding de l’adulte bienveillant. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.  Une lecture singulière de Winnicott écrivant «les bébés ont un effet intégratif sur leur environnement immédiat", ou encore, lorsqu’il écrit "les enfants produisent une famille autour d'eux" va nous porter vers l’hypothèse passionnante, ce me semble, que l’enfant créant son environnement va créer la parentalité de ses parents ou du moins, il en est largement participe.

Quant à moi, j’associe sur mon savoir de Maria Montessori dont je me souviens qu’elle nous fait souvenir que le bébé est notre ancêtre. Ajoutons alors,  Il est notre ancêtre créant la parentalité, s’intégrant à la parentalité avec son expérience « en suspens » qu’il nous transmet et c’est ainsi nous dit Jean-Baptiste Desvaux qu’il est transformateur de notre monde, que lui aussi invente notre culture, inventant ses parents, « jouant » avec eux. Winnicott, Jean-Baptiste Desveaux, Marias Montessori vont dans le même sens : nous avons beaucoup à apprendre des bébés et de leur transmission entre leur dedans et leur dehors. Ô vol suspend ton temps ! L’intégration est le cœur du temps et l’espoir de la solitude vaincue. Écoutons les nos bébés et nous grandirons dans une intégration interrogée mais existante, inventant la paix.

Peut-être…

Merci Jean-Baptiste pour votre travail très riche qui m’a fait trembler d’espoir. Mais en cette fin d’année 2021, nos bébés ont beaucoup de travail. Tous holding et handing confondus prenons soins d’eux pour qu’ils puissent prendre soin de nous… et de nos pulsions dévastatrices que nous avons tant de mal à intégrer au point de laisser se noyer nos prochains plutôt que de les intégrer à nos soleils et à notre temps.

 

Marie-José Annenkov

 

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16 décembre 2021 4 16 /12 /décembre /2021 12:03

Spirale N° 98

Donald W. Winnicott

aujourd’hui

Coordonné par Joël Clerget

érès 2021

 

2. Accueil dans la petite enfance

De la mère suffisamment bonne

à l’institution

suffisamment bonne

L’art du soin piklérien

Diana Zumstein

psychologue clinicienne en crèche,

formatrice association Pickler Loczy-France.

 

Je commencerai par Les villes invisibles d’Italo Calvino Seuil 2002). Ces villes m’ont accompagnée depuis leur mise en lumière. Je les ai lues et relues comme une métaphore littéraire de l’inconscient. Voici donc ma citation pour introduire mon commentaire du jour (Les villes et le désir p. 25  - collection Folio - ).

« on atteint Despina de deux manières : par bateau ou à dos de chameau. La ville se présente différent selon qu’on y vient par terre ou par mer. »

Despina, la problématique, l’accueil du petit enfant, est atteinte par Jean-Robert Appell ( commentaire d’hier) et par Diana Zumstein. Le premier l’atteint par terre avec sa pensée synthétique, la seconde l’atteint par mer avec sa pensée analytique.

Diana analyse avec une minutie étonnante le film de la pensée piklérienne pour étayer sa problématique de l’accueil signifié par « l’art du soin piklérien ».

Elle nous apprend ainsi que soigner est un art qui respecte des règles précises et que le concept de la « mère suffisamment bonne » doit être analysé pour être élevé au niveau d’un art qui permettrait de définir une institution non standardisée dans laquelle les enfants pourraient éclore au rythme de leurs capacités personnelles. Sensible,  Diana utilise à plusieurs reprises la métaphore d’une plante ou d’une fleur. L’enfant est poème fleuri.

« Que serait une institution suffisamment bonne ? » Par cette question elle renforce sa problématique de l’accueil et nous introduit à son analyse conceptuelle minutieuse.

Je la cite : « L’approche piklérienne est centrée sur une prise en charge corporelle visant à la détente et au bien-être du bébé, base indispensable à ce sentiment « d’être ». Mais Emmi Pikler comme Maria Montessori, comme  Dolto elle ne doit pas être réduite à des méthodes qui réduirait l’enfant à l’état d’objet. Le bébé, l’enfant sont des sujets. Tout est langage dirait Dolto, mais Emmi Pikler nous fait souvenir que pour le bébé tout est corps. Pour mieux comprendre cela, pour analyser avec minutie cette affirmation, Diana Zumstein nous dirige vers Winnicott. « Pour Winnicott, lorsque le moi n’est pas encore une unité intégrée, le bébé est un être immature toujours en risque de vivre des angoisses inimaginables (…) ». C’est donc tout un art d’éviter ces angoisses, un art qui se forge dans l’acquisition du savoir de Winnicott et d’Emmi Pikler. Le terrain se conceptualise. Nous découvrons ainsi l’éprouvé du bébé avant sa mise en relation. Peu à peu nous dit l’auteure de façon imagée, « le bébé « habite « son corps et la peau devient membrane frontière. » C’est ainsi, dans cette progression que le bébé peu à peu vivra une relation intime avec l’adulte. Le bébé est sujet de sa progression dans la lenteur de sa rencontre avec l’adulte. Rien n’est immédiat et c’est ce non-immédiat que Diana Zumstein analyse par l’observation attentive des enfants en respectant leur rythme et leur spontanéité qui ne seront jamais empiétés par le soin, qui seront favorisés par l’organisation de l’espace et du mobilier nous retrouvons Jean-Robert Appell, très proche de Diana Zumstein. Très proche de lui aussi dans l’introduction du « portage psychique ». Je cite Diana : « Le soin piklérien est un portage psychique « conscientisé » et « organisé ». Tout un art… qui permet de penser l’enfant comme autonome à tous les niveaux de son développement. Autonome parce que sujet.

Nous retrouvons là le Winnicott d’hier et d’aujourd’hui.

Une riche bibliographie vient confirmer l’analyse de terrain étayée par la connaissance d’Emmi Pikler et par celle de Winnicott.

Notons aussi M.Vincze, I. Hermann, R. Caffari -Viallon , P. Jaquet- Travaglini, J.Baeriswyl

 

Merci Diana Zumstein pour ce travail de pensées minutieuses qui vient définir et approfondir le concept de « mère suffisamment bonne » que nous croyons tous connaître. Merci, d’enrichir nos évidences conceptuelles, de les complexifier et de permettre une « signature commune » plus précise écrirait Jérôme Bruner.

Marie-José Annenkov

 

 

 

 

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15 décembre 2021 3 15 /12 /décembre /2021 11:36

Spirale N° 98

Donald W. Winnicott

aujourd’hui

Coordonné par Joël Clerget

érès 2021

 

2. Accueil dans la petite enfance

 

La continuité

en multi-accueil

 

Jean-Robert Appell

éducateur de jeunes enfants, formateur

 

Ce qui m’a retenue dans cet article, c’est sa structuration :

 

  • La nécessité d’une continuité en multi accueil comme une introduction.
  • La continuité des soins corporels
  • La personne référente
  • L’aménagement de l’espace
  • Le travail avec les parents
  • La continuité institutionnelle

 

Ainsi Jean-Robert Appell balaie d’une torche de lumière, celle de ses connaissances du terrain, son concept de « continuité » étayées par son savoir de Winnicott.

 

La nécessité d’une continuité en multi accueil.

 

Cette nécessité telle qu’elle nous est présentée repose sur l’étude de Winnicott. C’est ce que j’apprécie dans ce N° 198, la conjugaison étroite des connaissances théoriques de Winnicott avec des connaissances étroites du terrain. Une dialectique féconde. Au début donc est la continuité avec son paradoxe : l’enfant certes a besoin de continuité mais non de monotonie qui prendrait le risque de rompre la surprise et l’ étonnement du monde dont il a besoin aussi, comme le signifie avec efficacité Philippe Malrieux. Grandir c’est s’étonner mais grandir c’est être sécurisé. Comment gérer ce paradoxe fécond au développement du bébé ? Comment gérer le besoin de continuité en éteignant pas la discontinuité ?

« La continuité psychique est liée à la construction de l’identité de l’enfant » écrit l’auteur dans les pas de Winnicott. La façon naturelle d’acquérir cette identité est « le portage psychique » familial, mais en institution les repères identitaires de l’enfant sont modifiés par du discontinu, par un brouillage structurel différent. La problématique de l’auteur est donc d’interroger le travail qui permettrait de rendre la discontinuité « Le plus supportable possible pour le tout petit. Il en étudie alors, de façon non exhaustive,  les différents niveaux, proposant des solutions concrètes. C’est l’un des intérêts de cet article captivant, qui est, nous semble-t-il, un récit dialectique.

  • La continuité des soins corporels

Jean-Robert Appell, certes insiste sur ces soins, mais il insiste, pour que ces soins soient joués et parlés. (cf Winnicott et Dolto et pédagogie de Pikler)). Il donne de nombreux exemples pendant lesquels les soins sont expliqués, parlés aux enfants. La parole est un LIEN avec l’enfant qui lui permet de se sentir exister, d’être acteur et non objet du soin. L’adulte est alors fiable et l’enfant peut s’épanouir malgré parfois la rupture institutionnelle. Nous en arrivons donc au point suivant.

 

  • La personne référente

Cette personne est essentielle pour permettre la continuité de l’enfant d’exister. Jean-Robert Appell la définit ainsi : Plus que de s’occuper de l’enfant, « elle la porte dans sa tête » dans une attention singulière particulière. Il écrit, je le cite :

« Porter l’enfant dans sa tête, c’est garantir que chaque enfant est sujet d’une attention particulière accompagné dans son développement, mais c’est également être porteur de son histoire dans l’institution ».

 

  • L’aménagement de l’espace

L’auteur insiste sur la réflexion collective de cet espace et propose plusieurs pistes que je vous propose de lire attentivement. Ce passage très riche témoigne une connaissance très riche de l’enfant et « des murs » qui l’entourent. Permettre que les murs parlent, qu’il y ait dialogue entre l’espace et l’enfant. Passionnant et efficace par ses propositions concrètes !

 

  • La continuité institutionnelle

Nécessité d’une réflexion collective de l’équipe sur les mouvements d’équipe, sur les temps de réunion, sur la place de chacun et de leurs écrits mais surtout penser le quotidien de tous en équipe.

 

Reste enfin une étude du travail avec les parents que je vous invite à découvrir.

 

Cet article est très riche, très vivant, portant sa problématique de la discontinuité dans la dialectique très intéressante de la théorie (Winnicott et terrain institutionnel de nos jours.

Se référer également à la bibliographie qui exprime ses deux dimensions.

 

Merci Jean-Robert Appell pour ce beau travail dialectique, rigoureux et passionnant. Merci de nous faire souvenir de la réflexion théorique conjuguée avec le terrain quotidien.

 

Marie-José Annenkov

 

 

 

 

 

 

 

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13 décembre 2021 1 13 /12 /décembre /2021 19:00

Un poème de Winnicott cité par Laura Delville dans son livre

Donald W. Winnicott Une nouvelle approche

Editions Campagne Première

Chapitre  L’homme et sa vie p.34

 

« L’arbre »

 

mère en dessous pleure

pleure

pleure

ainsi l’ai-je connue

autrefois allongé sur ses genoux

comme maintenant sur l’arbre mort

 

j’ai appris à la faire sourire

à arrêter ses larmes

à réparer sa culpabilité

à guérir sa mort intérieure

la rendre vivante était ma vie

 

Ainsi, devint-il Donald W. Winnicott.

Malgré nos blessures d’enfance

Toujours on peut grandir

Et jusqu’au mourir

A tous, offrir

Notre meilleur

 

Marie-José

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1 décembre 2021 3 01 /12 /décembre /2021 11:52

Spirale N° 98

Donald W. Winnicott

aujourd’hui

Coordonné par Joël Clerget

érès 2021

 

Chapitre 1

Naissance

 

La naissance

prématurée, ou faire

naître le sujet en parole

Béatrice Delfini

psychanalyste, Lyon

 

La problématique de l’auteure est d’introduire dans un espace / temps visible la parole du bébé né prématurément et ce à partir des rencontres avec ses parents et leur bébé, à partir de son étude de Winnicott, de Lacan et de nombreux autres. Faire naître à la parole le bébé prématuré, c’est permettre, écrit-elle, à la mère de vivre le vécu douloureux de la séparation avec le bébé imaginaire qu’elle porte. La parole selon Béatrice Delfini s’articule à partir de la séparation. Elle s’appuie sur le travail de Winnicott « Il ne nous est pas possible de décrire le nourrisson sans décrire l’environnement ». Winnicott est son guide.

Nous la suivons pas à pas dans ses rencontres avec Damien, ses parents, Damien en néonatalogie et 6 mois plus tard. Elle entre en relation et crée un lien avec Damien et ses parents. Il était une fois un enfant qui entrait en parole nous conte l’auteure. Il était une fois une fois la préoccupation maternelle de la mère de Damien en laquelle croit pleinement  Béatrice Delfini, comme elle croit en l’efficace présence du père. C’est sa ferveur qui va permettre son soutien auprès des parents, son accompagnement dans ce conte de l’enfant qui naît à la parole. Ce conte de vie qu’elle nous conte avec talent.

Se situant dans le sillage de Winnicott et de Lacan, elle conclut son article :

Je la cite :

« Si Damien a pu naître par la technique des médecins, sage-femmes, infirmières et auxiliaires de puériculture qui se sont tenus à ses côtés pendant ses premières semaines de vie dans le service de néonatologie , il est ad-venu Damien, fils de ses parents quelques temps après, lorsque ses parents ont pu mener la grossesse psychique à son terme et  mener en mots ce qui fait l’origine de cet enfant, comme une nouvelle naissance. »

J’interroge cette conclusion :

la technique des médecins, sage-femmes, infirmière et auxiliaires de puériculture n’est pas exclusivement de « la technique » ce sont aussi des êtres parlants comme les parents et tous sont participes du terme de « la grossesse psychique des parents ». L’enfant est accompagné des mots de TOUS dans son environnement dès la naissance. La naissance par la parole est, sans doute, me semble-t-il, une histoire fœtale qui génère la grossesse psychique des parents. La technique des uns et des autres, les mots parentaux, les évènements de vie viennent se greffer sur cette histoire fœtale qui est déjà tributaire de l’environnement.

Je ne sais pas. J’interroge.

Je remercie vivement  Béatrice Delfini pour sa pratique novatrice, pour la transmission de ses hypothèses via une bibliographie très riche qui vient compléter un travail de terrain complexe.

Cet article m’a intéressée, émue et interrogée sur mes propres hypothèses de maman… longtemps psychologue clinicienne et docteur en psychologie, très tardivement.

 

Marie-José Annenkov

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30 novembre 2021 2 30 /11 /novembre /2021 11:03

Spirale N° 98

Donald W. Winnicott

aujourd’hui

Coordonné par Joël Clerget

érès 2021

 

Chapitre 1

Naissance

 

Winnicott

en maternité

Témoignage d’une

pédopsychiatre

Ludivine Franchitto

praticien hospitalier, service universitaire

de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent

du CHU de Toulouse, médecin référent

d’une équipe de psychiatrie périnatale

au sein d’une maternité de type 3

 

Sourire confiant, Ludivine Franchitto écrit que bien souvent le doudou n’est pas celui de l’enfant mais celui de la mère-petite fille hospitalisée pendant sa grossesse. Le doudou la protège de ses angoisses et des soirées interminables de la maternité.

Sourire confiant, Ludivine étudie de façon originale le doudou en maternité. Winnicott est présent dans son écoute et observation des mamans en détresse, qui vivent une maternité difficile, en hospitalisation qui bouscule Le Good-enough de l’environnement  et panique trop souvent les mamans qui rêvaient d’une chambre bleue ou rose, soyeuse, heureuse pour elle et leur enfant. Alors, les mamans dans leur panique interrogent le sourire confiant de Ludivine. Cette dernière leur dit que ce savoir, elle ne le possède pas mais elle leur dit aussi la nécessité d’accepter de se tromper, la nécessité de savoir s’adapter avec tendresse et sérénité à l’enfant présent. Elle les soutient dans l’acquisition de ce savoir, difficile inconnu « mais déjà là » par une alliance thérapeutique qui émerge dans une connivence efficace avec les mamans en panique, si fatiguées d’être.

Sourire confiant, Ludivine Franchitto reprend les études de Winnicott sur « la haine dans le contre-transfert. » Cela est trop nouveau pour moi, je vous invite à la lire, elle et Winnicott dans La mère ordinaire, normalement dévouée, 1966

Sourire confiant, Ludivine nous parle de Winnicott, des sage-femmes, de la maternité type, des mamans, des doudous, des bébés, de l’atmosphère fragile et sécurisante qui règne dans ce monde que nous ne connaissons pas tant sa pratique est innovante,  mais surtout, elle nous parle de la vulnérabilité de chacun et de tous, je la cite :

« Un psy de liaison en maternité ne doit jamais oublier la vulnérabilité des équipes de soins aux prises avec cette préoccupation soignante primaire, et doit savoir respecter leurs contre-attitudes défensives ». Ludivine Franchitto avec son grand savoir de Winnicott développe le concept nouveau  « d’équipe aux prises avec cette préoccupation soignante primaire. » Ceci est fondamental pour assurer au bébé sa continuité d’exister. Elle reprend alors l’assertion de Winnicott : un bébé ça n’existe pas (seul). Son travail est la construction, en lien avec les soignants, tous les soignants, de cet environnement sécure en partage.

Sourire confiant, elle parle de cette étonnante population de soignants qu’elle admire tant, de leur partage émotionnel, de leur présence, de leur sollicitude, parfois de leurs rires ou inquiétudes, de leur générosité, de leur disponibilité. Son empathie pour tous, depuis quinze ans, est porteuse d’espoir. Son espoir est bon à lire dans notre savoir de l’autre qui se meurt, ravagé de grisaille, d’amertume, d’impossible, de silence mortifère.

Sourire confiant, Ludivine Franchitto nous confie son travail au sein d’une maternité de type 3, son espérance à le vivre au quotidien.

 

Merci Ludivine pour tout ce que vous portez avec votre sourire.

Merci pour votre douce préoccupation soignante primaire avec tous.

Merci de si bien connaître Winnicott, celui d’hier et d’aujourd’hui, et de nous le transmettre avec fidélité, par vos propos et par votre très riche bibliographie de Winnicott.

 

Inventeurs de lecture, vite au travail de l’espérance, ce dont ont le plus besoin nos bébés (et nous pour leur transmettre par osmose…)!!!

 

Marie-José Annenkov

 

 

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26 novembre 2021 5 26 /11 /novembre /2021 15:23

Spirale N° 98

Donald W. Winnicott

aujourd’hui

Coordonné par Joël Clerget

érès 2021

 

Chapitre 1

Naissance

 

Réanimation néonatale : si petits

et déjà humains

Dominique Sandre

membre de l’association Société Médecine

et Psychanalyse de Paris, ancien pédiatre-

réanimateur, ex-directeur médical

des PEP de Côtes d’or

Nicole Danesi

psychanalyste, attachée au service de

réanimation néonatale du CHU de Dijon

(1992-2002), conduite d’analyse de pratique

en milieu d’accueil du jeune enfant

 

Je ne sais pas pourquoi, durant ma lecture, puis durant l’écriture de mon commentaire, j’ai regardé à plusieurs reprises la photo de l’un et de l’autre. J’avais besoin de leurs visages pour écrire. Peut-être parce que ce qu’ils transmettent tous deux est bien difficile : détresse des bébés en risque de mort associée à la détresse parentale. Alors, leurs visages me permettaient de stabiliser quelque chose en moi qui tressaillait.

Mais commençons par le début.

Dominique Sandre et Nicole Danesi, un binôme. L’un est, entre autres fonctions, ancien pédiatre-réanimateur, l’autre était psychanalyste, attachée à un service de réanimation néo-natale et a conduit également une analyse de pratique.

Comment ces deux là se rencontrent-ils dans leur article signé de leur nom mutuel ?  L’un emploie un profond « Je » professionnel (Dominique Sandre), l’autre désigne de part en part l’objet de ce qu’elle transmet par cet article. Son « Je » s’affirme par son objet : la parole (Nicole Danesi). Ils parlent et se taisent tour à tour dans une clarté bénéfique au lecteur. Leur style d’écriture différent permet de les identifier aisément. A chaque fois, j’avais la sensation que l’un parlait et que l’autre l’écoutait. Une écriture en plain et délier, une écriture tissée par les pensées de l’un et le silence de l’autre. En alternance. J’ai vécu intensément cette sensation. Deux visages qui nous regardent, l’un donnant le point de vue du pédiatre, l’autre donnant le point de vue de la psychanalyste.

 

Chacun écoutant l’autre.

Chacun s’adressant à nous.

Notre lecture permet à chaque fois de savoir qui parle.

 

Le point de vue du pédiatre.

 

Quatre rencontres essentielles ont déterminé sa pratique. Freud aime le terme d’archéologie. Dominique par le récit de ces quatre rencontres fouille l’archéologie de sa pratique. C’est très beau. Je vous invite à le lire attentivement. Comme si sa pratique était une longue dette envers le professeur Kaplan, envers le professeur Alagille, le professeur Alison et enfin la quatrième rencontre qu’il qualifie de décisive avec le docteur Cramer. En archéologue, il décrit lieux et circonstances de ces rencontres, leur écho et leur ancrage en lui.

Son fil directeur de pédiatre, il l’énonce ainsi, je le cite :

« La présence du psychanalyste est là pour signifier que le bébé soigné n’est pas seulement un corps mais aussi un être humain, qui se construit dans la rencontre avec ses parents et à partir de perceptions qu’il a de son environnement hospitaliers ».

J’ajouterai, un environnement hospitalier suffisamment bon pour permettre, malgré une technologie si nécessaire, de rendre possible le « Holding » comme en témoigne brillamment Dominique Sandre. Ecrit comme cela, ça paraît relever de l’évidence, mais combien nous pressentons que cette approche a dû être difficile à imposer au risque de ceux qui sont engagés dans des identités professionnelles différentes et trop souvent archaïques.

L’enjeu de cette approche est fondamentale. Je le cite encore ou plutôt je le cite citant Catherine Druon  « Prise en charge psychologique. La couveuse psychique » p.247-251). Voir référence complète à la note 4.

« Quels restes dans l’après-coup y aura-t-il dans l’histoire de ce vécu en réanimation néonatale ? Un traumatisme ? Un mythe familial ? Y aura-t-il un silence , ou une histoire toujours contée faisant partie du roman familial ? Ou bien un oubli total par évacuation ou par refoulement ? ». Par son choix de citer Catherine Druon, Dominique Sandre pose pleinement le sens et l’enjeu de sa vie professionnelle. Plus loin, il approfondit encore en décrivant avec des mots justes et souvent tragiques la détresse de l’enfant et de la mère qui vivent une séparation nécessaire mais tellement douloureuse, tellement indicible pour les parents, pour le grand vide de la mère aux prises, dit Dominique Sandre avec « son ventre et berceau vides ». A ce point de ma lecture, j’ai regardé leur photo.

Encore un enjeu de leur travail. Je le cite.

« Ces relations premières sont fondamentales dans le processus de la construction psychique du bébé, et de son évolution développementale ultérieur. »

Il décrit sa pratique dans ses aménagements quotidiens avec les parents et les soignants. C’est poignant. Winnicott est là aujourd’hui avec notre technologie si efficace, mais il nous rappelle que dans ces cœurs qui ne doivent surtout pas s’arrêter de battre, il y des bébés, des humains à reconnaître et à respecter. Winnicott est heureux quand il lit Dominique Sandre et Nicole Danesi.

 

Le point de vue de la psychanalyste

 

Deux pages très belles dont l’objet est la parole du bébé, de ses parents, des soignants. Une parole qui nous surprend, nous lecteurs et que nous surprenons. Une parole porteuse de vie et du désir conjugué de tous, par tous. Ne pas renoncer à cette conjugaison plurielle au risque de basculer dans une froide, glaciale inhumanité. La parole est chair et « N’est-ce pas cette parole qui permet à l’enfant d’exister, de devenir enfant à part entière, et aux parents d’ébaucher une relation vraie à cet enfant si différent de leurs fantasmes ? » (Dominique Sandre).

L’essentiel est dit.

Trop souvent, la technologie ne veut rien entendre des fantasmes qui tissent, épèlent l’humanité. C’est là le tragique d’une certaine médecine qui n’est pas celle de Dominique Sandre, de Nicole Danesi et de tous ceux, nombreux, qui constituent la bibliographie de ce long article qui m’a fait trembler dans mon présent. Heureusement, la présence de Winnicott et de Dolto m’a rassurée comme une raie de lumière sur le noir de notre époque souvent sans paroles.

Merci Dominique Sandre et Nicole Danesi pour votre outrenoir.

Bonne lecture aux Inventeurs !

Quant à moi, je reprendrai ma toile lundi ! Ce week-end, je m’occuperai des cadeaux… 😊

 

Marie-José Annenkov

 

 

 

 

 

 

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25 novembre 2021 4 25 /11 /novembre /2021 17:36

Spirale N° 98

Donald W. Winnicott

aujourd’hui

Coordonné par Joël Clerget

érès 2021

 

Chapitre 4

Société et culture

 

Comment tendre vers un environnement « suffisamment bon » pour les bébés en exil ?

Claire Mestre

Psychiatre-psychothérapeute et anthropologue

Responsable de la consultation transculturelle

Du CHU de Bordeaux, coresponsable du DU

Médecine et soins transculturels

             (université de Bordeaux),

Présidente de l’association Ethnotopies.

 

Très émue par les migrants morts noyés hier au large de Calais.

Nous leur dédions notre lecture, à eux, à leur famille et à leurs amis.

Nous dédions aussi notre travail aux associations et aux professionnels qui soutiennent les migrants, jour après jour, nuit après nuit sous la lune très inquiète du spectacle de notre monde.

A tous va notre silence recueilli avant que d’être écrit.

Claire Mestre a une certitude née d’analyses épidémiologiques. Cette certitude  porte sur le facteur migratoire et l’a rendue attentive aux conditions des naissances pendant l’exil. Son travail la rend attentive de la préparation de la naissance à la naissance, alors que mères et enfants sont exposés à la sauvage détresse de l’exil. Pour reprendre le concept de Winnicott relatif à un environnement « good enough », en période d’exil ce terme ne peut s’énoncer ni  en anglais, ni en français «  Suffisamment bon ». Claire Mestre, s’est alors penché sur ce concept, tant par son travail de terrain que par ses livres. L’environnement de l’exil actuel risque de « provoquer des sentiments de désintégration et de persécution et de perte de contacts entre la psyché et le soma », j’ajouterai pour la mère et pour l’enfant.

L’environnement suffisamment bon est défini par Winnicott comme une évidence, et cette évidence est bien malmenée par l’exil.

Claire Mestre nous relate ses rencontres et ses livres. Elle nous parle bien plus « du berceau culturel » que du landau si malmené, parfois transformé en « maison » poussé par des mères épuisées. Elle nous raconte aussi des trajets migratoires si dénués d’humanité qu’ils nous font trembler d’émotion nous les nantis. Elle épelle le mot injustice, mais ne s’arrête pas de travailler. Le temps n’est pas aux larmes mais au contre-transfert source d’action positive. Elle revient d’ailleurs à Winnicott qui rappelons-le a écrit sur les Enfants de la guerre (Voir petite bibliothèque Payot. Mais la guerre n’est pas l’exil et l’indice d’exclusion n’est pas le même. Reste l’indice de violence dans la guerre).

Claire Mestre nous fait douloureusement souvenir que landau et berceau culturel sont tragiquement menacé par l’exil et que cela se répercute sur les techniques de soin, altérant l’environnement de l’enfant car la mère ne peut être « portée ». Je cite Claire :

« La situation d’exil se répercute ainsi sur les techniques de soin : le maternage peut être escamoté par la solitude, mal rythmé par un environnement instable et non soutenant, ou bien rendu peu vivant du fait d’une contrainte interne et externe menaçante. »

L’enfant a besoin de sa maman soutenue dans son exil, dans des drames comme hier soir et des drames quotidiens ignorés par les médias.

J’ai commencé par hier, je finirai pas hier. Pas tout à fait.

Je souhaite introduire et citer les auteurs de Claire, comme des raies de lumière sur le noir de l’exil, des raies de lumière qui créent L’Outrenoir si cher à Pierre Soulages, porteur d’espoir et que j’aime tant.

Des hommes et des femmes de terrain et de livres. De mémoire, Winnicott, Claire Mestre, Christian Lachal (il y a bien longtemps j’ai travaillé avec lui), Marie-Rose Moro, L.Martin et d’autres, tant d’autres encore.  Lisez Claire Mestre pour les retrouver. Ils seront pour vous des amis précieux, des soutiens professionnels. Comme les mamans vous avez besoin de soutien dans votre travail parfois si déchirant, si « désillusionné ».

Merci Claire de nous avoir présenté vos amis et collaborateurs avec tant d’humanité.

Merci à tous de tant travailler à rendre notre monde supportable.

J’ai tant à lire pour peindre mon Outrenoir ! Une belle toile, en vérité mais que de travail !!!

 

Marie-José Annenkov

 

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