Mais ne renonçons pas à lire et à penser !!!
Bon été à tous !
Marie-José
Mais ne renonçons pas à lire et à penser !!!
Bon été à tous !
Marie-José
La colère de Rimbaud
Le chagrin d’Arthur
Gérard Pirlot
Imago éditions
2018
Un livre parfait ; à relire cet été.
Crayon en main.
Je réfléchirai sur
La colère d’Annenkov
Le chagrin de Marie-José
Du difficile
Marie-José
Annenkov
Dans l’été.
Crayon en main
Quand l’âme erre…
Quand la mère se retire
Et laisse l’enfant seul
Quand l’amour se retire
Et laisse la bouche
Sèche et béante
Quand la mer se retire
Et laisse les goudrons morts
Quand la mère se retire
Et laisse l’enfant libre
Quand l’amour se retire
Et laisse la femme
Entière et onctueuse
Quand la mer se retire
Et le sable doux
Alors l’amer se retire
Et s’écroulent les tours.
La concierge est à Cythère
Recueil inédit non daté
De Catherine Lion-Méric
Compagnon,
Jadis tu rêvais le monde
Et tu le bâtissais
Tandis que j’étais à la cuisine
Et que je rêvais à toi.
Demain, compagnon
Ensemble nous jouirons du monde
Comme il est
Ensemble nous changerons le monde
Comme il va.
Et nous respecterons,
Compagnon,
De chacun les milles silences.
Catherine Lion-Méric
La Concièrge est à Cythère
(Recueil inédit non daté)
Soeurette,
Merci pour ton si beau poème Fraternité
Qui du couple dit le seul avenir possible
Le seul avenir d’amour dans la fraternité
Merci Cathy d'avoir écrit le seul possible « je t’aime » ...
Cathy et Marie-José dans ce jour de souvenir
Une bruine rose
Egratigne mes mains
Dans un presque demain
Bleu et mauve
L’hiver fauve
De ma vie épèle
Le silence bleu et mauve
De mes mains égratignées
L’étendue bleue et mauve
D’immenses plaines coulées
Dans la dure terre gelée
Etincelle de sa lumière de nacre
Malgré le sacre du printemps
Mugit le temps de l’hiver
Cédant le pas du bleu et du mauve
Sur le vert émeraude de la mer
Caressée par l’azur
Maman
Par Facebook
Tu as dit au revoir
A la planète
Le partir
Ce peut-être
Dire
Au revoir
A la planète
Et à ses proches
Tu as fait cela
Patiemment
Lentement
Minutieusement
Obstinément
Comme tu marchais
En montagne
Longuement
Tu étais toi
Jusqu’au bout
Partir
Être soi
Jusqu’au bout
Moi
Nous
Nous étions là
Seuls
Ensemble
Pleurant
Parlant
Perdus
Vivant un chagrin,
Lourd comme la planète
Lent comme le temps
Qui s’étirait vers le pire
Loin de mon écrire.
Marie-José, 5 ans après.
Etrennes 2022
à ceux que je lis avec tant d’amour sans lesquels ma biographie n’existerait pas.
à Alexandre Annenkov sans qui je n’aurai pas de père symbolique.
Mes livres russes : photographie fractale
Passé.
Dostoïevski, F. Crime et Châtiment. Paris : Gallimard. Livre de poche.
Dostoïevski, F. L’idiot (1 et 2). Paris : Actes sud. Livre de poche.
Dostoïevski, F. Les frères Karamazov. Paris : Gallimard. Folio Poche.
Gogol, N. Les âmes mortes. Paris : Albin Michel.
Gogol, N. Nouvelles complètes. Paris : Quarto Gallimard.
Gorki, M. Enfance. Paris : Gallimard. Livre de poche.
Sophie Laffitte, Tchékhov par lui-même. Paris : Seuil. « Ecrivains de toujours ».
Tchékhov, A. Nouvelles. Paris : La Pochothèque.
Tolstoï, L. Enfance. Adolescence. Jeunesse. Paris : Gallimard.
Tolstoï, L. Guerre et paix. Paris : Livres de poche.
Tolstoï, L Anna Karénine. Paris : Livres de poche.
Mais aussi
Tolstoï, Sofia. Ma vie. Paris : Syrte.
Troyat, Henri Tolstoï. Paris : Fayard.
Zweig Stéfan. Tolstoï, Essais. Paris : La pochothèque 607-720.
Dans un passé plus proche
Chagall. Ma vie. Paris : Stock.
Vygotski, Lev. Pensée et langage. Paris : La Dispute.
Contemporains
Annenkov, Youri. Journal de mes rencontres. Un cycle de tragédies. Paris : Syrtes.
Bortnikov, Dimitri. L’agneau des neiges. Paris : Rivages.
Boulgakov, Mikhaïl. Diablerie. Paris : Mille. Et. Une. Nuits. N°41.
Boulgakov, Mikhaïl. Le Maître et Marguerite. Paris : Robert Laffont.
Pasternak, Boris. Ecrits autobiographiques. Le Docteur Jivago. Quarto Gallimard
Soljenitsyne, Alexandre. L’Archipel du Goulag. Paris : Fayard. Points 3281.
Pierre Soulages ou la joie retrouvée
Pierre Soulages ou la promesse de la joie traversée d’énigme et de mystère qui me mène à l’harmonie, à une paix avec moi-même. En accord avec lui, je deviens libre et paisible. Sa lumière réfléchit sur le noir strié de mes plis russes et juifs, m’ancre dans mon passage vers les autres, dans mon paysage intérieur et dans l’universel. Le chemin est difficile, mais mon être au monde puissant et fragile, tremblant et certain m’aide à m’allier avec l’univers. Corps et âme, je suis réconciliée avec tous dans le plaisir de mon regard. Le découvreur, Pierre Soulages, a inventé son silence pour permettre à notre être au monde de regardeur de s’y loger. Il est le découvreur, je suis la regardeuse. Notre partage est citoyen. Pierre Soulages a inventé la citoyenneté de notre regard dans une communion d’outrenoir, de la rai de lumière sur le noir. A partir de cette communion nous pensons autrement, nous nous élançons dans notre silence, dans notre être, nous plongeons vers du nouveau lumineux, nous survivons aux teintes éteintes de nos morts intérieures. Nous pensons alors avec notre corps. Nous offrons un décor à notre âme dans laquelle peut se blottir notre vérité. Nous découvrons Pierre Soulages dans un rapport à la vérité, la sienne, la nôtre. Ce sera le seul sens que nous autorisera Pierre Soulages qui recule aux contours de sa toile et de la lumière travaillée dans sa certitude qu’il nous offre. Certitude du geste, secret de Pierre Soulages. Pierre Soulages, c’est du singulier pluriel qui organise le tout que nous sommes de noir et de lumière, notre synthèse, notre photosynthèse, notre arbre ou notre forêt celle dans laquelle parfois nous nous perdons, perdant notre liberté d’être.
Transmettre la lumière retrouvée, notre nécessité.
C’est par cette nécessité qu’il fait naître en nous que Pierre Soulages nous sauve et change notre vie parfois brisée par nos racines tourmentées, notre don.
« Le temps des commencements » est la passion de Pierre Soulages
Pierre Soulages aime la vastitude qui le renvoie à l’Aubrac, paysage de son enfance. Vastitude, déserts, arbres nus. Selon lui, la vastitude mentionne force et origine, grâce et urgence. Urgence de mettre en ordre le monde et de se construire. Il n’aime pas les choses qui fuient. Chez Pierre Soulages, la mise en ordre est frontale, sans détours, sans ligne de fuite, mais selon lui peindre n’est pas photographier, peindre, s’emparer de la lumière pour l’offrir au regardeur comme une présence. C’est là qu’entre en scène, en toile, l’Outrenoir pour l’offrir au regardeur comme une présence.
L’Outrenoir est une nécessité de l’origine, le souffle créatif de Pierre Soulages, notre respiration.
Ce qui fait antériorité, c’est le noir.
Ce qui fait autorité, c’est le noir.
Ce qui fait intériorisation, c’est le noir.
Dans l’espace de la caverne
Souffle et mouvement
Souffle et présence.
La peinture de Pierre Soulages vit bien au-delà du noir entre lumière et écoulement du temps dans « l’accident » de la création. Pierre Soulages s’autorise à rater des peintures, à les recommencer jusqu’à la lumière retrouvée dans une sombre énergie, celle de sa présence qui fera intervenir la présence des regardeurs. La peinture de Pierre Soulages ce sont mille et une présences dont la mienne.
Mon noir antérieur
Ma contre-clef
De « l’art poétique » de Guillaume IX d’Aquitaine, septième comte de Poitiers. Pierre Soulages en fait sa propre philosophie de l’art écrit Michel Ragon.
Je ferai un poème de pur néant
Il ne sera question ni de moi ni d’autres gens
Ni d’amour ni de jeunesse
Ni de rien d’autre
Je l’ai composé en dormant sur un cheval
Je ne sais à quelle heure je suis né
Je ne suis ni joyeux ni irrité
Mon ver est fait je ne sais quoi
Je le transmettrai à celui
Qui le transmettra par quelqu’un d’autre
Là-bas vers l’Anjou
Pour qu’il me transmette de son étui
La contre-clef
Transposition
Mon outre noir antérieur ne sera pas pur néant
Je parlerai de moi et d’autres gens
De mon noir et de ma lumière
Je l’ai composé en dormant sur un cheval.
Je sais à quelle heure je suis née
A 14 heures, un jour d’orage
Je suis joyeuse d’écrire mon outre-noir antérieur
De vous l’offrir, Pierre Soulages
J’offrirai à qui veut me lire
Ma contre-clef
A laquelle je tiens tant
Arrachée aux années
Depuis que je suis née
Russe et juive à trois ans.
Dans ses gestes de peintre
Travailleur de la lumière
Travailleur de ma lumière.
Il me laisse organiser
Mon désordre anthracite
Marbré de blanc
Il me laisse tourner
Autour de ma douleur
Autour de mon bonheur
D’être russe, d’être juive
L’important, dans les livres
Ce n’est par leur sens
Mais leur lumière
Comme une prière outre-noire
Je ne suis pas coupable
Du noir de ma préhistoire.
J’accepte.
J’accepte le contraste.
J’accepte ma fatigue.
J’accepte ma détresse.
J’accepte ma solitude.
J’accepte mon Waterloo.
J’accepte ma cassure.
J’accepte mes brisures.
J’accepte le temps qui passe.
J’accepte son noir.
J’accepte mes soirs
Ceux qui disent mon silence
Et au monde mon absence.
J’accepte la vieillesse qui me surprend
J’accepte tout ce qui m’attend
J’accepte l’impossible
Parce que du noir je sais le possible recommencement, la strie, le nid de lumière qui soudain, comme ça, peut faire advenir L’Enfant au livre
Le monde de Soulages s’avance silencieux et créatif, si plein d’espoir. Son outrenoir rime avec le mien et avec mon espoir. Quand l’impossible recueilli par son génie s’accroche sur les murs, quand mon cœur l’accroche dans mon corps. Talent du peintre. Talent de la regardeuse. Et le temps qui avance rythmant la cadence du silence qui balance. J’avance, je décline cette profondeur obscure, cette profondeur qui dit mes années, marque mes intervalles, barre le machinal de l’impitoyable carnaval du monde qui tourne, celui qui me détourne de mes détours, de mes tours. Argile impossible, maladresse de mes mains qui dans l’obscurité se perdent. Exister. Insister.
Mon regard s’écrase sur ce noir qui capte ma lumière quand elle interrompt, contre toute attente, l’espace. Dans la prouesse de mon regard j’accouche de mon noir et de mes cassures, de mes cascades de filaments d’argent, j’accouche de mon savoir d’ivoire, j’accouche de mon impossible, j’accouche de mon désir de lumière et d’étoiles, j’accouche de mes couleurs, de mes formes et de mon rire. J’ai retrouvé mon élan et ma fermeté. J’ai retrouvé ma permanence, mon énergie, mon élan, ma puissance. Je me suis régénérée de mes certitudes affirmées, retrouvées.
Je suis absoute de ma noire préhistoire antérieure devenue outre-noire
Avec Pierre Soulages, j’ai appris à lire la lumière de mon noir antérieur.
Pierre Soulages par chacun de ses gestes peint de chacun sa préhistoire d’outre-noir. A nous de la trouver-créer comme un cadeau de lumière retrouvée pour 2022. Travail titanesque…
Avec l’immense chagrin du monde
Avec les enfants brisés de noir dans le monde entier
Avec l’ enfance si souvent méconnue contée par les Spiraliens
Avec les radicalités traitées par Empan et L’autre
Avec la tragédie qui se prépare en Ukraine
Avec la pandémie
Je parviens difficilement à écrire
Bonne année 2022 !
Alors, je vous offre un bouquet de tendresses
Derrière le buisson,
Chaque soir, la lune
Me délune de son
Rayon d’argent.
Je sais le déminage
Je sais le laminage
Je sais le délunage
De mon âge si peu sage.
Je sais mon errance
Les impossibles vacances
De mon âme de femme
Toujours attentive
A la bruine bleue des chagrins des miens et du monde.
Marie-José Annenkov.
1er janvier 2022 à Montpellier.
1er PS. En 2022, Finaliser L’Enfant au livre, être fidèle aux Inventeurs de lectures, vivre ma vie de femme au plus près de tous et surtout au plus près de mes petits-enfants.
2ème PS. Des livres pour la nouvelle année avec des pensées à Desmond Tutu.
Soupes Marie-José
Soupe à l’oignons
2 beaux oignons. Les faire revenir longuement et patiemment. Quand ils sont dorés, presque marrons verser
- presque 2 bols d’eau
salez mais pas trop. Laissez cuire 15 minutes environ
Mixer un tout petit peu (pas comme une soupe de légumes)
mettre un peu de pain grillé coupé en morceaux mais pas trop
mettre du gruyère sur le dessus du pain.
Gratinez au four en surveillant.
Bon appétit et téléphonez à maman. !
Chorba
500 g de collier de mouton (ou reste de gigot)
un peu de concentré de tomates
carottes, navet, courgettes, ½ poireaux
couper les légumes en tous petits morceaux.
Tout mettre ensemble avec la viande. Laisser cuire 40-45 minutes dans la cocotte avec une pincée de piment. Si la viande est déjà cuite, ça va plus vite
Quand c’est cuit, ajouter
½ petite boite de pois chiche
une poignée de vermicelle
un peu de menthe fraîche ou sachet de pharmacie. Faire cuire 5mn à petit feu.
Bon app !
soupe de potiron
En levez l’écorce (c’est fastidieux !)
couper en petits dés
recouvrir de lait. Salez très peu
cuire 10 à 15 minutes
mixez, mettre dans un plat four
pain grillé et gruyère rapé dessus.
gratinez.
bon app !
soupe de carottes
oignons revenus dans la casserole (un ou deux)
une livre de carottes ou un peu plus.
un cube Maggi.
Une pomme coupée en morceaux
Recouvrir d’eau et saler
un poireau
quelques carottes
une pomme de terre.
Recouvrir d’eau et saler
Bon app !
Marie-José : 😉
José,
Emma et Marie, elles font bien à manger ? Et la maman du mari de Emma ? Et la maman du mari de Marie ? Toi, tu fais bien à manger
C’est bien on se connaît mieux
Tu as refait ton visage
Tu es plus belle
Des bribes de phrases qui disent de la femme, combien il est essentiel qu’elle fasse bien à manger
Des bribes de phrases qui disent l’intimité des deux femmes que nous sommes
Des bribes de femmes qui disent nos instants de femmes, ceux auxquels on ne prend pas garde et qui s’envolent chaque jour.
Vivre sa vie, c’est peut-être cela, réussir son repas pour l’autre, changer son visage pour l’écouter.
Vivre sa vie, c’est peut-être cela, être assise sur une chaise, dans la tendresse de l’instant d’un ciel d’hiver commençant, écoutant l’ancêtre.
Mamie, du fond de votre mémoire vous m’apprenez ma vie de femme, vous me donnez les secrets de celle que vous avez été, vous nous épelez toutes deux au temps de votre mémoire-dentelle et je vous en remercie Mamie.
6 janvier 2009
José
La Douleur
Marguerite Duras
Gallimard
P.O.L éditeurs 1985
Folio 2469
La Douleur qui dit l’attente d’une femme, Marguerite. Elle attend son mari Robert. Elle ne se souvient pas avoir écrit ce texte. Elle a refoulé la douleur indicible et pourtant nommée par son texte splendide d’humanité. Si vous ne l’avez pas lu, lisez-le. Dans l’urgence d’être humain. On ne peut se vivre humain si on ne l’a pas lu. C’est un texte singulier. C’est un texte pluriel. C’est le texte générique de la Shoah. Le plus beau texte sur la Shoah. Une femme. Un homme. L’horreur. La Shoah. L’attente. Le retour ou le non-retour. Il n’est pas mort au camp de concentration. Ou il est mort. Un texte violent. Un texte qui pleure. Un texte qui dénonce. L’attente des femmes de tous les temps qui attendent le retour des hommes. C’est ça la guerre. Par millions, ils meurent, par millions des enfants juifs sont étranglés par des mains expertes. C’est sans douleur. Peut—être. On ne le saura jamais. La douleur, elle est pour les femmes qui attendent le retour de l’être aimé (e), pour les hommes, corps confisqué, tête à peine sur les épaules, membres décharnés.
Reste le regard qui reconnaît.
Alors Marguerite elle dit que le crime il faut le partager, en faire un crime de tous et non une histoire régionale.
Alors Robert, il dit au retour même de l’enfer, qu’il n’accuse personne aucune race, aucun peuple. Il dit qu’il accuse l’homme. Il n’accuse que les gouvernements de passage dans l’histoire des hommes ; Robert il a écrit L’espèce humaine quand de l’horreur il est sorti et a retrouvé son nom Antelme.
Marguerite elle a écrit La Douleur quand Robert n’était pas encore sorti, que sa merde ne sentait plus l’humain, que ses tripes bouillonnaient, qu’il ne mangeait plus. Quand elle, Marguerite l’attendait elle oubliait de se laver, ça la prenait la certitude qu’il était mort, et ses yeux s’épuisaient sur des listes. Elle était rivée au téléphone et la nuit elle l’imaginait. Voilà ce que des êtres par millions ont vécu : le retour. Qui a lieu ou qui n’a pas lieu. L’incroyable douleur de celle qui attend, l’incroyable douleur de celui qui revient, l’incroyable mort de celui qu’on aimait tant. La Shoah c’est ça. Du singulier par million. Du singulier qui fait générique de l’humain disqualifié.
Ne jamais oublier La Douleur dont nous sommes tous responsables que nous l’ayons vécue ou non, qu’elle soit inscrite dans notre famille ou non. Nous en sommes responsables parce que nous sommes humains et que cette douleur est humaine. Nous ne sommes pas coupables mais nous sommes responsables de ce qui nous fait Homme dans le plus beau et dans le pire. Jusqu’à La Douleur. Tous génocides confondus.
Etreinte de lecture et relecture de Marguerite, je sais qu’à mon tour, je veux inventer une plateforme de lectures qui donnera à l’humain des lettres de noblesse anéanties par les nazis. Mais elle est encore embryonnaire. Je vous en parlerai le temps venu.
Mais surtout, je vous en conjure, lisez La Douleur de Marguerite Duras.
J’ai écrit ce texte en 2010.
Ce soir, je regarderai sur ARTE La Douleur adapté par Emmanuel Finkiel. Je viens de relire Marguerite Duras pour préparer ma soirée. Apprécier le film. J’en suis aux nouveau-nés de Spirales 98. Je suis née en 1948. En 1943, ma mère comme Marguerite avait attendu un retour, celui de sa mère. Mais, il n’y avait pas eu de retour. Ma mère n’a jamais pu en parler. Ce silence a fait trou dans mon histoire. Dans ce trou, j’ai mis des livres, mes livres. En ce moment l’excellent Spirales 98, en 2010 la parfaite Marguerite Duras.
Chaque année, j’ai du mal à vivre Noël. Je me sens une apatride culturelle. Mais les sourires de mes petits-enfants, le froissement des papiers-cadeaux l’emportent sur la douleur de mon histoire avec qui j’ai tant de mal à faire la paix. Mais j’y arrive presque. Un presque qui me rend imparfaitement humaine, un presque qui laisse la place à tous ceux qui souffrent de guerres, surtout les enfants. Aujourd’hui, je me suis abonnée à la revue L’autre, Revue transculturelle. Je l’ai fait pour être timidement présente près de ceux qui se penchent vers LA DOULEUR de ceux d’aujourd’hui. Une douleur transculturelle. J’ai parcouru le site poignant de la revue.
Aujourd’hui, l’actualité trop sombre sur tous les continents, même si la COVID cache tragiquement la forêt des regards des enfants écrasés de guerre, me fait contourner les sapins. Je n’arrive pas à les intérioriser. Je pense à ceux qui ont la douleur d’attendre un être cher ou qui n’attendent plus pour cause de noyade entre deux pays.
Nous ne sommes pas coupables, mais nous sommes responsables de LA DOULEUR.
Mais comme tous, j’ai acheté des cadeaux pour grands et petits et le jour J j’aurai intériorisé Noël.
Grand-mère oblige !
Marie-José Annenkov