Un jour encore, je lis, je copie, je découpe. J’intériorise. La lecture est mon chemin. Comme des bornes dans ma vie : les livres. Ceux que je préfère : les livres sur les livres, les livres qui disent l’acte de lire, qui disent des livres le don. Le Don paisible d’aimer, de chercher, d’inventer. Créer et recopier à perte de lettres pour ne plus me perdre dans ma solitude. A perte de passé. Ma solitude est immense mais infiniment plus petite que celle de celui qui ne lit pas. Ma solitude est peuplée de toutes les pensées partagées que j’ai fait miennes, que j’ai assimilées dans le fil du temps. Je ne suis que ces autres qu’un jour j’ai lus. Ces autres, mes amis qui me disent que vivre est possible parce que pour eux cela l’a été dans le temps de l’écriture et ce qu’ils ont pu écrire, moi, je peux le lire. Histoire d’une dette contractée, d’un testament légué. par mes ancêtres les auteurs. Ma patrie, les livres. Comme Amos Oz, je suis patriote du langage. Mon étendard est le savoir de tous, mon hymne, le bruissement des ailes de La Colombe de Picasso, mon ciel, les pages de ceux qui un jour ont écrit ma vie.
Je suis une femme qui aime lire. Je suis une femme libre.
L’écriture de « Madame, je veux apprendre à lire » est mon temps retrouvé celui que j’avais perdu dans mes 56 dernières années. J’ai tant vécu... Maintenant, mes livres me prennent par la main, je retrouve mon chemin, j’ordonne mon savoir dans la succession des auteurs et j’espère ainsi, de tout mon coeur pouvoir répondre à votre demande douloureuse « je veux apprendre à lire. » Il y a peu de temps, le 9 avril 2003 dans le temps de deuils douloureux, j’avais écris un texte qui s’appelait / L’opticien de Combray. J’en suis là du temps retrouvé.
L’opticien de Combray
(Notes de lectures . Proust. Le temps retrouvé. Texte établi par Pierre Clarac et André Ferré. Editions 1954. La Pléiade)
Il y a huit jours de cela, le 23 mars 2003, j’ai fait une mauvaise chute dans le jardin des plantes de Montauban. Mes lunettes ont hurlé de douleur avant de se tordre et de voler en éclat. Je suis restée K.O sur le bitume. Mon visage saignait, mon genou souffrait. Je n’avais plus de souffle. Etendue, sage et silencieuse, j’attendais les pompiers. « La durée poignardée » était étale, j’étais au bord du temps, au coeur de mon temps. La profondeur n’était plus, j’étais la profondeur immobile. Immobile et chaude. Le temps glissait sur moi, le sang glissait sur ma joue ahurie. Dans le temps de l’urgence et de quelques points s’est écrit une cicatrice. Vous allez bien m’a dit l’infirmière ? Oui, mais je suis triste lui ai-je répondu. Et dans le silence de ma joue recousue, muette à moi-même, j’ai pensé, triste parce que Cathy et Béatrice sont mortes à tout jamais. J’ai pensé aussi, le temps immobile qui saignait tout à l’heure c’était le temps du deuil, le temps du chagrin. Le chagrin laissé par mes deux mortes si tendrement aimées. Le printemps, au jardin des plantes étaient impossible ce jour, alors « j’ai tombé » et j’ai retrouvé mon enfance. A genoux. Dans le sang de l’égratignure, dans le flot de la blessure. Dans l’immobile, dans la douceur et dans l’attente des secours, dans la confiance dans l’autre, mon prochain qui allait venir et qui est venu vers moi, qui pour moi a remis le temps immobile en mouvement, dans le mouvement de ce jour de printemps. Je suis rentrée chez moi. Un jour, une nuit ont passé, puis quelques heures. J’ai aperçu « Le temps retrouvé » et j’ai su que ce texte, tant lu et relu m’attendait. Je l’ai ouvert, j’ai lu et dans la première phrase mon regard s’est arrêté sur le mot magique « Combray ». Une caresse, une perle d’encre, une pierre délicieusement précieuse, unique.. Un ciel immense et comme un oiseau passionné, j’ai commencé ma lecture. Cette chute n’avait pas d’autre sens que de me faire retrouver le temps de Combray, le Temps de la métaphore de Marcel Proust, son Temps, le mien, le nôtre. Et de surcroît, sa poésie, son style, sa cathédrale. Sans mes lunettes, définitivement brisées, avec mon coeur brisé, je commençais ma lecture et le souffle coupé je pénétrais dans ma lecture. Plusieurs jours durant au rythme de six heures par jour, je baignais dans la lumière de Proust. Ma lecture achevée, je décidais de « prendre » des notes que j’intitulerais « L’opticien de Combray » mais avant je suis allée voir mon propre opticien, celui de Montauban pour choisir mes nouvelles lunettes. J’ai choisi deux jolies paires. Une avec une monture très fine, couleur lumière et l’autre, « lunettes de soleil » pour protéger la cicatrice. Il faut toujours protéger une cicatrice laissée par le temps. Laisser le temps au temps, contourner le soleil et baisser les yeux. Sur ma lecture.
L’opticien de Combray
P.1033 « Mais pour en revenir à moi-même, je pensais plus modestement à mon livre, et ce serait même inexact de dire en pensant à ceux qui le liraient, à mes lecteurs. Car ils ne seraient pas, selon moi, mes lecteurs, mais les propres lecteurs d’eux-mêmes, mon livre n’étant qu’une sorte de ces verres grossissants comme ceux que tendaient à un acheteur l’opticien de Combray ; mon livre, grâce auquel je leur fournirais le moyen de lire en eux-même. »
P. 691 : « Les promenades que nous faisions ainsi, c’était bien souvent celles que je faisais jadis enfant : or comment n’eussé je pas éprouvé bien plus vivement encore que jadis du côté de Guermantes le sentiment que jamais je ne serais capable d’écrire, auquel s’ajoutait celui que mon imagination et ma sensibilité s’étaient affaiblies, quand je vis combien peu j’étais curieux de Combray ? J’étais désolé de voir combien peu je revivais mes années d’autrefois. »
p. 692 : « la déflagration du souvenir »
P.692 : « Tandis que nous marchions, je voyais le pays changer, il fallait gravir des coteaux, puis des pentes s’abaissaient. Nous causions très agréablement pour moi, avec Gilberte. Non sans difficulté pourtant. En tant d’êtres, il y a différentes couches qui ne sont pas pareilles, le caractère de son père, le caractère de sa mère ; on traverse l’une puis l’autre. Mais le lendemain l’ordre de superposition est renversé. Et finalement on ne sait pas qui départagera les parties, à qui on peut se fier pour la sentence. Gilberte était comme ces pays avec qui on n’ose pas faire d’alliance parce qu’ils changent trop souvent de gouvernement. Mais au fond c’est un tort. La mémoire de l’être le plus successif établit chez lui, une sorte d’identité et fait qu’il ne voudrait pas manquer à des promesses qu’il se rappelle, si même il ne les eût pas contresignées »
Cette phrase me fait penser à celle de Freud comparant l’être humain (ou l’inconscient ?) à un oignons en lamelles avec plusieurs couches.
P. 693. Gilberte étonna plusieurs fois, ce jour le narrateur ;
« Et la troisième fois fut quand Gilberte me dit : « Si vous voulez nous pourrons tout de même sortir un après-midi et nous pourrons alors aller à Guermantes, en prenant par Méséglise, c’est la plus jolie façon », phrase qui en bouleversant toutes les idées de mon enfance m’apprit que les deux côtés n’étaient pas aussi inconciliables que je l’avais cru. Mais ce qui me frappa le plus, ce fut combien peu, pendant ce séjour, je revécus mes années d’autrefois, désirai peu revoir Combray, trouvai mince et laide la Vivonne. Mais quand elle vérifia pour moi des imaginations que j’avais eues du côté de Méséglise, ce fut pendant une de ces promenades en somme nocturnes bien qu’elles eussent lieu avant le dîner –mais elle dînait si tard ! Au moment de descendre dans le mystère d’un vallée parfaite et profonde que tapissait le clair de lune, nous nous arrêtâmes un instant, comme deux insectes qui vont s’enfoncer au coeur d’un calice bleuâtre. »
Cette phrase, par sa magie, dirige mes pas vers ma bibliothèque. Je saisis le tome I de La Recherche et le pose sur ma table de chevet. Le temps de sa relecture est venue. Quelle joie précieuse ! Quelle chance d’aimer lire et d’aimer lire Marcel Proust. Je suis une femme privilégiée. La première fois que j’ai lu Proust, j’avais 19 ans. C’était l’année de mon baccalauréat. Mon professeur de français, une femme très poétique me l’a fait découvrir. Elle l’aimait et nous le lisait à voix haute. Nous l’écoutions captivées par sa voix douce. Elle nous le faisait commenter. Elle a lu à voix haute l’un de mes commentaires. J’étais fière. Je dois à Proust des minutes de fierté . A la fin de l’année scolaire, j’emmenais dans ma valise de vacances (en Angleterre) mes trois tomes de la Recherche. J’ai oublié les circonstances de leur achat. Quelque chose d’étonnant étant donné les revenus modestes de maman. Sur quel budget l’avait-elle pris ?. C’est mon amie Rosette qui m’avait offert le tome II. J’emmenais les trois tomes chez mes amis anglais et je les ai lus passionnément tous les trois. J’étais saisie par un velours de mots qui se déployait dans ma lumière de jeune fille en fleur. J’étais heureuse. Vint l’automne et la deuxième session du baccalauréat . Vint le jour de l’épreuve de français. Un des trois sujets au choix fut un commentaire de Proust. J’étincelais ! J’eus 17 et mon misérable bacc jalonné de 8, de 6, de 4 fut sauvé grâce à Proust et à la loi des coefficients. Je pus ainsi aller à l’université, changer de ville, rencontrer l’homme de ma vie, ma meilleure amie aussi. A Proust, je dois tout. C’est le pilier principal de ma cathédrale.
P.694 « Et tout d’un coup, je me dis que la vraie Gilberte, la vraie Albertine, c’étaient peut-être celles qui s’étaient au premier instant livrées dans leur regard, l’une devant la haie d’épines roses, l’autre sur la plage. Et c’était moi qui, n’ayant pas su le comprendre, ne l’ayant repris que plus tard dans ma mémoire, après un intervalle où par mes conversations tout un entre-deux de sentiment leur avait fait craindre d’être aussi franches que dans la première minute, avais tout gâté par ma maladresse. Je les avais « ratées » plus complètement –bien qu’à vrai dire l’échec relatif avec elles fut moins absurde- pour les mêmes raisons que Saint –Loup Rachel. »
J’aime cette idée de « rater quelqu’un » dès le premier regard. C’est le contraire du coup de foudre. Le malentendu s’installe dès le premier regard et se perpétue de rencontre en rencontre. On répète « le ratage ». J’ai connu cela plusieurs fois dans ma vie. Sensation de rater l’autre mais aussi d’être méconnue par l’autre. Quand le malentendu se tait et qu’on entend que lui.
P.718 Le géomètre :
« Il y avait en moi un personnage qui savait plus ou moins regarder, mais c’était un personnage intermittent, ne reprenant vie que quand se manifestait quelque essence générale, commune à plusieurs choses, qui faisait sa nourriture et sa joie. Alors, le personnage regardait et écoutait, mais à une certaine profondeur seulement, de sorte que l’observation n’en profitait pas. Comme un géomètre qui, dépouillant les choses de leurs qualités sensibles, ne voit que leur substratum linéaire, ce que racontaient les gens m’échappait, car ce qui m’intéressait, c’était non ce qu’ils voulaient dire mais, mais la manière dont ils le disaient, en tant qu’elle était révélatrice de leur caractère ou de leurs ridicules ; ou plutôt c’était un objet qui avait toujours été plus particulièrement le but de a recherche parce qu’il me donnait un plaisir spécifique, le point qui était commun à un être et à un autre. Ce n’était que quand je l’apercevais que mon esprit jusque là sommeillant, m^me devant l’activité apparente de ma conversation, dont l’animation masquait pour les autres un total engourdissement spirituel- se mettait tout à coup joyeusement en chasse, mais ce qu’il poursuivait alors par exemple l’identité du salon Verdurin dans divers lieux et divers temps- était situé à mi-profondeur, au-delà de l’apparence elle-m^me, dans une zone plus en retrait. Aussi le charme apparent, copiable, des êtres m’échappait parce que je n’avais pas la faculté de m’arrêter à lui, comme un chirurgien qui, sous le poli d’un ventre de femme, verrait le mal interne qui le ronge. J’avais beau dîner en ville, je ne voyais pas les convives, parce que, quand je croyais les regarder, je les radiographiais. »
P.898 « ... , tandis que les vrais livres doivent-être les enfants non du grand jour et de la causerie mais de l’obscurité et du silence. Et comme l’art recompose exactement la vie, autour des vérités qu’on a atteintes en soi-même flottera toujours une atmosphère de poésie, la douceur d’un mystère qui n’est que le vestige de la pénombre que nous avons dû traverser, l’indication marquée exactement par un altimètre, de la profondeur d’une oeuvre. »
P.898 « Quand aux vérités que l’intelligence –même des plus hauts esprits cueillent à claire-voie, devant elle, en pleine lumière, leur valeur peut-être très grande ; mais elles ont des contours plus secs et sont planes, n’ont pas de profondeur parce qu’il n’y a pas eu de profondeur à franchir pour les atteindre, parce qu’elles n’ont pas été recréées. Souvent des écrivains au fond de qui n’apparaissent plus ces vérités mystérieuses n’écrivent plus à partir d’un certain âge qu’avec leur intelligence, qui a pris de plus en plus de force ; les livres de leur âge mûr ont, à cause de cela, plus de force que ceux de leur jeunesse, mais ils n’ont plus le même velours. »
P.898 et 899 « Je sentais pourtant que ces vérités que l’intelligence dégage directement de la réalité ne sont pas à dédaigner entièrement, car elles pourraient enchâsser d’une matière moins pure, mais encore pénétrée d’esprit, ces impressions que nous apporte hors du temps l’essence commune aux sensations du passé et du présent, mais qui plus précieuses, sont aussi trop rares pour que l’oeuvre d’art puisse être composée seulement avec elles. Capables d’être utilisées pour cela, je sentais se presser en moi une foule de vérités relatives aux passions, au caractères, aux moeurs. Leur perception me causait de la joie ; pourtant il semblait me rappeler que plus d’une d’entre elles, je l’avais découverte dans la souffrance, d’autres dans bien médiocres plaisirs. Alors moins éclatantes sans doute que celle qui m’avait fait apercevoir que l’oeuvre d’art était le seul moyen de retrouver le Temps perdu, une nouvelle lumière se fit en moi. Et je compris que tous ces matériaux de l’oeuvre littéraire, c’était ma vie passée ; je compris qu’ils étaient venus à moi, dans les plaisirs frivoles, dans la paresse, dans la tendresse, dans la douleur, emmagasinés par moi, sans que je devinasse plus leur destination leur survivance même, que la graine mettant en réserve tous les aliments qui nourriront la plante. Comme la graine, je pourrais mourir quand la plante pourrait se développée, et je me trouvais avoir vécu pour elle sans le savoir, sans que ma vie me parût devoir jamais entrer en contact avec ces livres que j’aurait voulu écrire et pour lesquels, quand je me mettais autrefois à ma table, je ne trouvais pas de sujet. Ainsi toute ma vie jusqu à ce jour aurait pu et n’aurait pas pu être résumée sous ce titre : une vocation. Elle ne l’aurait pas pu en ce sens que la littérature n’avait joué aucun rôle dans ma vie. Elle l’aurait pu en ce que cette vie, les souvenirs de ces tristesses, de ses joies formaient une réserve pareille à cette albumen qui est logé dans l’ovule des plantes et dans lequel celui-ci puise sa nourriture pour se transformer en graine, en ce temps où on ignore encore que l’embryon d’une plante se développe, lequel est pourtant le lieu de phénomènes chimiques et respiratoires secrets mais très actifs. Ainsi ma vie était-elle en rapport avec ce qui m’amènerait sa maturation.
En cette matière, les mêmes comparaisons, qui sont fausses si on part d’elles, peuvent êtres vrais si on y aboutit. Le littérateur envie le peintre, il aimerait prendre des croquis, des notes, il est perdu s’il le fait. mais quand il écrit, il n’est pas un geste de ses personnages, un tic, un accent, qui n’ait été apporté à son inspiration par sa mémoire ; il n’est pas un nom de personnages vus, dont l’un a posé pour la grimace, l’autre pour le monocle, tel pour la colère, tel pour le mouvement avantageux du bras, etc. Et alors l’écrivain se rend compte que si son rêve d’être un peintre n’était pas réalisable d’une manière consciente et volontaire, il se trouve pourtant avoir été réalisé et que l’écrivain lui aussi, a fait son carnet de croquis sans le savoir. Car, mû par l’instinct qui était en lui, l’écrivain, bien avant qu’il crût le devenir un jour, omettait régulièrement de regarder tant de choses que les autres remarquent, ce qui le faisait accuser, par les autres de distraction, et par lui-même de ne savoir ni écouter ni voir, mais pendant ce temps là il dictait à ses yeux et à ses oreilles de retenir à jamais ce qui semblait aux autres des riens puérils, l’accent avec lequel avait été dite une phrase, et l’air de figure et le mouvement d’épaules qu’avait fait à un certain moment telle personne dont il ne sait peut-être rien d’autre, il y a de cela bien des années, et cela parce que cet accent, il l’avait déjà entendu, ou sentait qu’il pourrait le réentendre, que c’était quelque chose de renouvelable, de durable ; c’est le sentiment du général qui, dans l’écrivain futur choisit lui-même ce qui est général et pourra entrer dans l’oeuvre d’art »
P.902 : « Et quand nous cherchons à extraire la généralité de notre chagrin, à en écrire nous sommes un peu consolés peut-être par une autre raison encore que toutes celles que je donne ici, et qui est que penser d’une façon générale, qu’écrire, est pour l’écrivain une fonction saine et nécessaire dont l’accomplissement rend heureux, comme pour les hommes physiques l’exercice, la sueur, le bain. »
P.903 : « ; un livre est un grand cimetière où sur la plupart des tombes on ne peut plus lire les noms effacés. »
P. 909 : « Les années heureuses sont les années perdues, on attend une souffrance pour travailler. »
Mais quand la souffrance, elle nous enferme comme dans une forteresse entourée de remparts. Dans un autre passage Proust parle du chagrin qui fait créer. Cette idée lui est chère. Je ne sais pas...
(Maintenant je sais...)
P.946 : « la géologie d’un visage. »
Puis il parle du Temps, de l’âge, de la place que nous occupons dans le temps (P. 1046). C’est beau !
Quand retrouverai-je le Temps ? Le Temps d’écrire mon Temps ?
Et si mon blog était la longue histoire de mon temps ? Le temps de mes livres ?