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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 18:25

 Sonata N°8 in C Minor “Pathétique”

Sonata N° 14 in C harp Minor “Moonlight”

Sonata N° 23 in F Minor “Appassionata”

 

Jeno Jando, Piano

 

Dans la douleur du temps

Dans la douceur du temps

Dans les fleurs du temps

 

Ensemble, continuer, et le temps venu

 

sans un adieu,

sans un détour

sans un retour

 

s’en aller dans un baiser.

 

MJA

 

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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 11:11

 

 

Ce 23 mai 2011, je recevais un mail de Monsieur Jean-Claude Drouilhet, fondateur et ancien Président de l’association de Oklaoma-occitannia (OK-OC) et comme moi, visiteur régulier du Musée de la Résistance à Montauban. Dans ce mail, il m’écrivait :

 

Bonjour,

 

Du  mardi 24 jusqu’au jeudi 27 mai inclus, je recevrai la visite d’un couple d’Américains de Washington : Martin et Amy Goldsmith

Martin Goldsmith refait le parcours, de Boulogne à Auschwitz via Montauban, de son grand-père et son oncle, deux juifs allemands qui furent internés à Montauban en 1940 (fiches du commissariat de police ci-jointes) puis à Drancy et Auschwitz où ils furent assassinés par les Nazis. Je vous joins également le récit de Martin Goldsmith.

Cette émouvante démarche mérite, je pense, respect et compassion. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’aider de mon mieux  Mr et Mrs Goldsmith pendant leur séjour à Montauban. Ils visiteront notre ville et particulièrement le musée de la Résistance et de la Déportation, le carrefour des Martyrs, la devanture de l’ancienne usine Poult, avenue de Mayenne (dite « cantonnement Poult » sur les fiches de police), le monument des Déportés au Cours Foucault, ainsi que le camp de Judes à Septfonts.

 

Pour vous Inventeurs et avec l’autorisation de Monsieur Goldsmith, je recopie son récit fait à Monsieur Jean-Claude Drouilhet :

 

« Cher Monsieur Drouilhet,

 

 Mr Jack Shoemate de Pawhuska  en Oklahoma, la ville jumelée à Montauban, m'a communiqué votre adresse électronique et votre numéro de téléphone. Il m'a parlé de vous en termes chaleureux et m'a dit que vous pourriez m'aider.

 

 Je me nomme Martin Goldsmith et j'habite aux environs de Washington. Mon grand-père Alex Goldsmith et mon oncle Klaus-Helmut Goldsmith, étaient parmi les Juifs qui tentèrent de fuir l'Allemagne nazie à bord du bateau d'émigrants le Saint Louis, en mai 1939. Ce bateau fut détourné de sa destination, Cuba, et fit route cap au nord vers la côte des États-Unis. En dépit des supplications insistantes du capitaine du navire au président Roosevelt, le Saint Louis fut empêché d'entrer dans un quelconque port américain. Alors le bateau s'en retourna en Europe. Pendant le voyage un marché fut passé qui proposait aux quelque 900 réfugiés de débarquer au choix en France, Angleterre, Belgique ou Hollande. Mon grand-père et mon oncle furent parmi les 220 passagers qui débarquèrent en France. Ils arrivèrent à Boulogne le 19 juin 1939.

 

Il y a quelques années, j'ai découvert qu'Alex et Klaus-Helmut avaient été envoyés au camp de Rivesaltes en janvier 1941, de là ils furent envoyés au camp des Milles en juillet 1941, puis en août 1942 ils passèrent par Drancy avant leur voyage vers la mort à Auschwitz. Mais je n'ai pas pu reconstituer leur parcours entre juin 1939, lorsqu'ils arrivèrent à Boulogne, et janvier 1941.

 

 C'est alors que la semaine dernière, en faisant des recherches au musée de l'Holocauste à Washington, je suis tombé sur un microfilm de fiches d'identité qui avaient été remplies au camp des Milles. Sur la fiche il y avait un cadre dans lequel était indiqué par où mon grand-père et mon oncle étaient passés avant d'arriver au camp des Milles. Les noms de Boulogne, Montauban, Agde et Rivesaltes... m'amenèrent à penser qu'ils avaient passé quelque temps dans votre ville ainsi qu'à Rivesaltes sur la côte méditerranéenne.

 

Je me demande si vous sauriez – ou pourriez apprendre – quelque chose sur leur parcours pendant cette période. Est-il possible qu'ils soient partis de Boulogne vers le sud et aient vécu en liberté à Montauban pendant quelques semaines ou mois ? Est-il possible qu'ils aient été cachés par quelques citoyens courageux avant d’être envoyés à Agde, ou peut-être avaient-ils été dénoncés après que le gouvernement de Vichy ait publié ses lois antisémitiques d'octobre 1940 ? Je sais qu'en août de 1942, l'Évêque de Montauban avait rendu publique une déclaration protestant fermement contre le traitement des Juifs et je me demande si Montauban essayait déjà de protéger des Juifs à la fin de 1939 et 1940.

 

Je rappelle leurs noms : Alex Goldsmith et Klaus-Helmut (ou plus simplement Klaus) Goldsmith. Alex était né le 1er janvier 1879 à Sachsenhagen, en Allemagne et Klaus Helmut était né le 14 septembre 1921 à Oldenburg, en Allemagne.

 

 Comme vous pouvez l’imaginer, ce serait pour moi très important d’apprendre quelque chose sur ces membres de ma famille. Quelle que soit l’information que vous pourriez découvrir, ou quelle que soit la direction de recherche que vous pourriez m’indiquer pour en découvrir davantage, serait apprécié avec la plus grande reconnaissance. 

 

Merci !  Thank you very much!

 

 Yours sincerely, “

 

 Martin Goldsmith

 

Kensington, Maryland

 

USA.

 

Emue, je me suis rendue à la cérémonie commémorative du 25 mai 2011 à 18 heures, devant le monument de la déportation, pendant laquelle j’ai fait la connaissance de Madame et Monsieur Goldsmith, de Monsieur Eugène Daumas, représentant de l’association des Tsiganes à Montauban, de Monsieur Jean-Claude Drouilhet ; j’ai revu aussi  avec plaisir mes amis Madame et Monsieur Elie Arditti (voir son précieux témoignage sur mon blog ; même catégorie)

 

Nous étions peu nombreux, infiniment trop peu nombreux !

 

Je remercie Monsieur Jean-Claude Drouilhet de m’avoir autorisée à recopier son si simple discours pour cette commémoration. Il m’a fait parvenir son texte dans un mail dont il a nommé l’objet ainsi : « indifférence »  :

 

Blâme de l’indifférence

 

Martin Goldsmith, venu de Washington aux États-Unis, s’efforce de reconstituer le tragique parcours vers les chambres à gaz de son grand-père Alex et de son oncle Klaus-Helmut, de Boulogne jusqu’à Auschwitz en passant par Montauban.

 

Octobre 1940. La France n’est plus une république ; elle est devenue « l’État français » gouverné depuis Vichy. Alex et Klaus arrivent à Montauban le 13 octobre comme l’indiquent les fiches du commissariat de police. Ils sont internés, avec d’autres réfugiés étrangers, au « cantonnement Poult ». Il s’agit en fait de l’ancienne biscuiterie Poult ouvrant sur l’avenue de Mayenne et l’avenue Jean-Jaurès, à deux cent mètres de la gare SNCF. Pourquoi l’usine Poult ? En 1940 la biscuiterie est au chômage technique, elle présente l’avantage d’être suffisamment spacieuse, d’être enserrée entre d’autres bâtiments et à deux pas de la gare. Alex et Klaus y seront enfermés avec d’autres juifs, et des étrangers allemands et espagnols. La gendarmerie sera mobilisée par le préfet pour les convoyer avec une soixantaine d’autres juifs le 9 novembre 1940 par le train de 15h30 jusqu’à Agde.

 

Cette « étape » montalbanaise aura donc duré un peu moins d’un mois dans l’indifférence générale. C’est bien cette attitude que dénonçait Martin Goldsmith lors de son séjour à Montauban.

 

Le mercredi 25 mai à 18 heures nous organisions une petite cérémonie au monument de la Déportation, au cours Foucault à Montauban. Après le dépôt d’une gerbe  Martin Goldsmith prenait la parole pour évoquer la mémoire des membres de sa famille assassinés parmi d’autres juifs, tsiganes, homosexuels, résistants et opposants politiques. Il y rappelait notamment que le contraire de l’amour, selon lui, ce n’est pas la haine, c’est l’indifférence. Celle d’hier comme celle d’aujourd’hui.

 

Ce jour-là, nous étions une petite quinzaine autour de Martin et Amy Goldsmith à nous incliner devant la statue dédiée à la déportation. Aucun officiel dans ce groupe, la cérémonie était une initiative privée ; seul le public avait été invité, par Internet et par voie de presse. On peut penser que l’indifférence a, cette fois encore, inspiré le défaut d’intérêt.

 

Berthold Brecht avertissait, il n’y a pas si longtemps, d’un danger rémanent : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ». Il serait peut-être temps de l’entendre.

 

Jean-Claude Drouilhet

 

Suite à Monsieur Drouilhet, Monsieur Eugène Daumas a pris la parole et je le remercie vivement de m’avoir autorisée à transcrire son discours qui m’a si profondément émue. Nous avons aussi échangé quelques mots sur la situation des ROM en France, je lui ai dit que j’étais de la Cimade, il m’a dit sont combat au sein de son association montalbanaise. Je l’ai assuré de ma solidarité profonde. Voici, son discours :

 

Mesdames mademoiselle et messieurs, nous voici réunis ici aujourd’hui pour honorer la mémoire de nos anciens, internés, déportés, et disparu.

 

Dans cette même période sombre de notre histoire, sur le territoire national français étaient interné des français que l’on appelait les nomades.

 A aucun moment ces gens internés n’ont fait l’objet d’une  quelconques attention et personne ne se  posait la question de savoir pourquoi ces nomades méritaient cela, bien que malgré ça, beaucoup de Préfet le savait ainsi que certains de la haute autorité, l’histoire ne dira pas comment cela aurais pu finir si la guerre s’était prolongée

 

6000 tsiganes, hommes, femmes, enfants ont été  internés de 1940à 1946 dans trente camps d’internement français.

Les tsiganes internés dans les camps français  ont vécu six années dans la plus grande précarité, tant matérielle que morale. Ils ont fait face à ces événements seul, sans aucune aide de la population française ni même des œuvres caritatives pourtant très présentes dans les camps d’internement.

 

Les adultes furent obligés de travailler pour des entreprises françaises mais aussi allemandes dans le cadre du S T O

Les enfants furent séparés de leurs parents et placés à l’assistance publique ou dans des institutions religieuses pour les extraire définitivement d’un milieu jugé pernicieux.

 

Libéré presque deux ans après la fin de la guerre  après les collabos et les prisonniers, les tsiganes avaient tout perdu, ils regagnaient seul  a pied les lieux ou ils avaient été arrêtés, en espérant retrouver  leurs roulottes, mais hélas tout avait disparu ils ne pouvaient compter sur aucune aide, ils durent recommencer leurs vie à zéro, pour la plupart ils n’avaient pas d’autres choix que de se sédentariser.

 

La plupart des tsiganes internés en France n’ont pas obtenu la carte d’interné politique, les démarches administratives étant insurmontables pour des gens analphabètes et plus méfiants que jamais envers les « gadjés ».Ils n’ont ainsi reçu aucune indemnisations pour ces années passées dans les camps français. Ils n’ont pas reçu davantage de compensations morale puisque ces événements n’ont laissé aucune trace dans la mémoire

 

Beaucoup de nos parents et grands parents ont participé directement  ou  indirectement a la libération de la France. Biens des nôtres sont tombées sur les champs de bataille de la première guerre mondiale certains ont choisi le combats dans la clandestinité, comme tous citoyens français ils ont fait leur devoir de patriote 

 

La France n « a pas reconnu ses enfants tsiganes pourtant ils ont versé leur sang pour elle, comme récompense ils ont étaient internés  dans des conditions très désastreuses ou beaucoup de mortalités parmi les enfants est les vieillards ou même la nourriture qui leur était destinée était détournée, déportés pour une partie de notre  population qui ont fini dans les chambres à gaz .

 

 Plus à l’est. Quatre vingt pour cent de notre population a était exterminée, ou servi de cobayes pour des’ expérience avec la mort comme délivrance

Ce n’est que depuis quelques années que les historiens ont exhumé ce que l’on a longtemps appelé le « génocide oublié »et que des plaques commémoratives rappellent que des camps d’internement pour nomades ont existé en France.

 

 Aujourd’hui notre peuple vit avec cette souffrance qui fait partie de notre quotidien nous la portons dans nos racines, notre peuple ne demandera jamais d’indemnités ou excuses ou de pardon : les tsiganes ne vendent pas leurs  morts.

 

 Nous voulons seulement une reconnaissance  française de l’internement des tsiganes pendant cette période sombre de notre histoire ,que soit préserver les lieux de mémoire  qu’ils soit sous la tutelle de l’état et que soit apposés des plaques , stèles ou monuments est procéder aux commémorations comme il se doit ,

Que soit inscrit dans la mémoire collective et dans les manuels scolaires cette histoire des tsiganes français internés car elle fait partie intégrante de l’histoire de France

 

Messieurs les représentants de la république française  au non de la  communauté tsigane de France je vous demande de nous rendre justice par le biais de cette reconnaissance de l’internement des tsiganes  pour que nous continuions à honorer la mémoire de nos anciens et que l’on soit considérés comme des citoyens à part entière et que notre jeunesse continue ce devoir de mémoire.

 

                              Que justice nous soit rendue  !                     

 Merci à vous   

UFAT

 

Puis Monsieur Arditti a parlé et a souligné une fois encore le rôle du gouvernement de Vichy dans les arrestations de ceux dont le destin serait d’être assassinés dans les camps de la mort. Il a aussi témoigné de ses souvenirs

 

Enfin, Monsieur Goldsmith a pris la parole, pour dire l’histoire de sa famille qu’on sentait là comme le berceau de son identité. Il a parlé d’amour, de haine et surtout d’indifférence. Il a remercié les Montalbanais présents et j’ai  été émue par cet homme et sa compagne.

 

Puis vint le temps des fleurs et de la minute de silence, le temps d’une photo aussi, où tous groupés autour de monsieur Goldsmith, nous affirmions notre rôle si humain, porteurs d’espoir : nous étions avec lui, Monsieur Goldsmith,  les sentinelles de la mémoire.


Bravo à nous, si peu nombreux, mais si présents dans ce jour de printemps à Montauban . MJA

 

 

 

    

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 16:07

Auschwitz et après 

 

Du 5 Avril au 14 Mai 2011: les Mardis à 19h30 et les Samedis à 17h au Théâtre de Nesle (Paris 6e)  

 

 

Nouveau spectacle 2011: 

 

Auschwitz et après 

 

Du 5 Avril au 14 Mai 2011: les Mardis à 19h30 et les Samedis à 17h au Théâtre de Nesle (Paris 6e)


Pendant 1h10, trois comédiennes vont tour à tour relayer la voix de Charlotte DELBO et de ses camarades et nous faire partager 3 ans de sa vie: de la prison de la Santé où elle se trouve enfermée pour des faits de résistance jusqu'au quotidien de sa déportation des les camps de Auschwitz-Birkenau et Ravensbrück.  

Vous découvrirez à travers 12 tableaux comment le théâtre et la lecture ont fait partie du quotidien de ces femmes déportées et comment l'amitié a scellé leur destin. Un spectacle où, à chaque minute, l'espoir et le désespoir se mêlent intimement jusqu'au jour, inespéré, de la libération. 

 

 

Merci à Laura de nous avoir transmis cette information.

Lisons et relisons Charlotte Delbo, pour inventer chacun, chacune, nos puissants pas de danse contre le fascisme, grondant, menaçant aux portes de la France. MJA



 


 


 

 

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 19:23

 

     Pour des raisons de droits d'auteurs, je ne reproduis pas ce poème que j'aime tant et qui m'a si souvent aidée à inventer "un pas de danse" lors d'un projet qui me tenait à coeur.

    Je vous invite à découvrir ou à relire ce poème dans le livre :


Une connaissance inutile

Les éditions de Minuit 1970

Pages 189-191

 

Charlotte Delbo, me touche tant, à chacune de mes relectures. MJA

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17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 16:22
La journée d’hommage aux anonymes et aux Justes parmi les Nations, de Lot-et-Garonne : Dimanche 28 novembre 2010 entrée libre

 

10 h 30 - Maison du Temps Libre

Ouverture de la journée d’hommage

aux anonymes et aux Justes parmi les Nations, de Lot-et-Garonne

 

À l’initiative de Mme Régine POVÉDA, maire de Meilhan-sur-Garonne,

conseillère générale du canton de Meilhan-sur-Garonne,

vice-présidente de la communauté de communes du Val de Garonne,

cet hommage sera rendu aux Justes parmi les Nations et aux anonymes qui ont sauvé

ou participé aux sauvetages de personnes persécutées par les lois du gouvernement de Vichy,


avec la participation de

M. Michel LUGASSY-HAREL, ministre aux Affaires administratives de l’Ambassade d’Israël.

 

En présence de :

M. le préfet de Lot-et-Garonne,

MM. les sous-préfets de Lot-et-Garonne,

M. le président du conseil régional,

M. le président du conseil général,

MM. les maires des communes où des Justes parmi les Nations ont été nommés

Agen, Bon-Encontre, Cancon, Caudecoste, Hautefage-la-Tour, Marmande, Massoulès, Montagnac-sur-Lède,

Nérac, Sainte-Bazeille, Tonneins, Tournon-d'Agenais, Villefranche-du-Queyran, Villeneuve-sur-Lot,

M. Jean-Raphaël HIRSCH, président du Comité français pour Yad Vashem,

M. Natan HOLCHAKER, délégué aquitain du Comité français pour Yad Vashem,

M. Érick AOUIZÉRATE, président du Consistoire de Gironde,

M. Gabriel TORDJMAN, président du Consistoire de Lot-et-Garonne,

M. Manuel DIAS VAZ, président du Comité national français en hommage à Aristides de Sousa Mendes,

Mme Hellen KAUFMANN, présidente de l’AJPN - Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie.

Seront présents durant cet hommage des Justes de Lot-et-Garonne ou leurs ayants droit, des personnes sauvées dans le Lot-et-Garonne ou leurs ayants droit et des associations de Lot-et-Garonne concernées par la mémoire de la Seconde Guerre mondiale.

 

11 h15 - Maison du Temps Libre

Hommage des enfants aux Justes parmi les Nations

Des paroles de Justes seront dites par les enfants de l’école de Meilhan.

Un arbre en hommage aux Justes connus et inconnus de Lot-et-Garonne sera planté.

11 h 30 - Maison du Temps Libre

Paroles - Lecture des noms des Justes de Lot-et-Garonne

par Valentine Cohen (compagnie Mata-Malam)

Les 25 Justes de Lot-et-Garonne :

Denise BARATZ (CAUDECOSTE) (LAMAGISTÈRE) Gaston BOURGEOIS (VILLENEUVE-SUR-LOT)

Hélène BURGER (AGEN) Joséphine et Martino CERUTI (VILLEFRANCHE-DU-QUEYRAN)

Gabrielle et Gaston CHIGNAGUET (MONTAGNAC-SUR-LÈDE) Henri DAIGUEPERSE (BON-ENCONTRE)

Anne-Marie ESTÈVE (AGEN, LA RÉOLE, MONTAGNAC-SUR-LÈDE) Anne-Marie GUILLOT (SAINTE-BAZEILLE)

Élia et Paul LABOUAL (CANCON) Abdon LAURENT (TOURNON-D'AGENAIS)

Blanche et Jean MERLY (MASSOULÈS) Maurice MORLON (MARMANDE)

Raymond PICHON (AIX-LES-BAINS, NÉRAC) Simone Rivière MAY (AGEN)

Éva, Georges et Ginette ROUQUET (VILLENEUVE-SUR-LOT) Marguerite et Paul TZAUT (TONNEINS)

Janusz et Suzanne ZWOLASKOWKI (HAUTEFAGE-LA-TOUR)

 

La parole aux témoins.

Lectures du Journal d’Etty Hillesum par Valentine COHEN.

Programme matinée

2

Entrée libre Programme mis à jour sur www.ajpn.org/meilhan

12 h - Maison du Temps Libre

Vernissage de l’exposition Désobéir pour sauver

L’exposition sera commentée par M. Yannick PURGUE, coordonnateur Mémoire Combattante de l'ONACVG.

Pour avoir sauvé des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, 54 policiers et gendarmes français ont reçu

le titre de Justes parmi les Nations. Malgré les risques, mus par la seule voix de leur conscience et de leur humanité,

ils ont refusé de livrer des Juifs à la déportation, contrant les ordres donnés par le régime de Vichy.

L’exposition sera présentée à la mairie de Meilhan du 22 novembre au 3 décembre 2010.

12 h 30 - Chapiteau de la Maison du Temps Libre

Cocktail-buffet

Exposition Le Juste de Bordeaux

14 tableaux réalisés en 2005 retraçant l’histoire d’Aristides de Sousa Mendes qui, en 1940, se rebelle et choisit

de désobéir aux ordres iniques et racistes de son gouvernement.

14 h - Maison du Temps Libre

Table ronde Justes et Résistances en Lot-et-Garonne

animée par M. Thierry GUILLEMOT, directeur de rédaction TV7

- Jean HIRSCH, témoin résistant juif, vice-président du Comité français pour Yad Vashem

- Muriel PICHON, docteur en histoire, auteure de Les Français juifs, 1944-1950. Récit d’un désenchantement

- Estelle PIRÈS, auteure du mémoire Les Justes parmi les Nations dans le Sud-Ouest : départements des Landes,

Basses et Hautes Pyrénées

15 h 30 - Chapiteau de la Maison du Temps Libre

Café-écriture sous le chapiteau… pour lire, écrire, chanter

Valentine COHEN (compagnie Mata Malam), metteur en scène, actrice, pédagogue, a enseigné dans de nombreuses

structures de renom (Atelier International de Théâtre, intervenante principale sur stages conventionnés

AFDAS pour professionnels du théâtre et du cinéma, ateliers pour adolescents).

16 h 30 - Maison du Temps Libre

Table ronde La désobéissance en temps de guerre

animée par M. Thierry GUILLEMOT, directeur de rédaction TV7

- Manuel DIAS VAZ, président du Comité national français en hommage à Aristides de Sousa Mendes,

co-auteur de Aristides de Sousa Mendes, Héros rebelle, juin 1940 et de Le pouvoir de dire non

- Philippe SOULEAU, historien, Centre d'histoire sociale du XXe siècle - Université Paris 1, auteur de La ligne de

démarcation en Gironde 1940-1944

- Émile WEILL, témoin sauvé en Lot-et-Garonne, auteur de Villeneuve-sur-Lot, Lot-et-Garonne, terre d'accueil,

1939-1945

Toute la journée - Maison du Temps Libre

Librairie

Sélection d’ouvrages sur les Justes, la Seconde Guerre mondiale,

la Résistance… présentée par la Librairie Libellule de Marmande.

La revue Ancrage.

Signatures des auteurs présents.

3

Programme après-midi

Entrée libre Programme mis à jour sur www.ajpn.org/meilhan

Dimanche 28 novembre 2010,

l’hommage aux Justes et aux résistances

en Lot-et-Garonne,

à Meilhan-sur-Garonne,

est dans la continuité

de «Gens d’ici, gens d’ailleurs »,

événements proposés par la commune

depuis plusieurs années.

En Lot-et-Garonne, nombreux ont été les hommes

et les femmes de toutes conditions, de toutes origines,

de toutes convictions religieuses ou politiques,

qui se sont élevés contre les lois discriminatoires

et honteuses de Vichy et ont affirmé, au péril de leur vie,

les valeurs démocratiques et républicaines d’égalité

et de fraternité bafouées par le régime.

Gabrielle Chignaguet

Martino Ceruti

Henri Daigueperse

Anne-Marie Guillot

En préparation de cette journée, des conférences sont organi

 Depuis 1997, la municipalité de Meilhan-sur-Garonne avec la communauté

de communes du Val de Garonne a mis en place une dynamique locale en

faveur du Livre, des auteurs, des éditeurs, des créateurs et des artisans.

Meilhan-sur-Garonne organise des événements réguliers favorisant les

échanges interculturels, démontrant ainsi que le monde rural peut vivre

en affirmant son identité riche d’histoire et de diversité.

Mairie

1, place de Neuf Brisach - 47180 Meilhan sur Garonne

Tél. 05 53 94 30 04 - Fax 05 53 94 31 27

www.meilhansurgaronne.com

Contact presse :

Hellen Kaufmann 09 51 89 44 87 - 06 07 44 87 89

À la Maison du Temps Libre Jean Fenouillet - allée du Dr Gabourin

Meilhan-sur-Garonne (47) Entrée libre

Meilhansur-

Garonne

La Réole

Marcellus

Bernès

Couthuressur-

Garonne

Sainte-Bazeille

Gaujac Marmande

Agen

Bordeaux

Garonne

Canal lattéral à la Garonne

D1113

D 813

D 3

D 116

D 9

sortie

4

sortie

5

GPS Meilhan-sur-Garonne

Latitude 44.5201253 (44°31'12.45"N)

Longitude 0.0338989 (0° 2'2.04"E)

Mairie

1, place de Neuf Brisach - 47180 Meilhan sur Garonne

Tél. 05 53 94 30 04 - Fax 05 53 94 31 27

www.meilhansurgaronne.com

Contact presse :

Hellen Kaufmann 09 51 89 44 87 - 06 07 44 87 89

 

Je remercie l'AJPN de m'avoir fait parvenir cette information et bravo à eux pour tant de travail de mémoire. Bravo aussi pour la lecture d'Etty Hillesum. J'essaierai de venir. Je ferai mon possible pour vous rencontrer, pour vous raconter. Je ne sais pas encore MJA

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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 21:33

Elle n’auront jamais été grand-mère


Ni Etty Hillessum

Ni Hélène Berr

Ni Anne Frank


Dans la simplicité

D’un soir d’été

J’ouvre leurs journaux

Si beaux


Je regarde leur visage

Devenus sans âge

Couleur d’un livre

Aux brisures du temps


Je feuillette les pages

Etonnée de les découvrir

Dans le pire de leur vie

Toujours si sages

 

Anne l'adolescente

 Etty et Hélène

Presque femmes

Vous écrivaines


Sensibles et talentueuses

Riantes et rêveuses

J’aime tant vos écrits

Femmes que vous étiez.


Les nazis vous ont assassinées

Vos petits-enfants jamais ne sont nés

Les champs de blés de l’éternité

Sont en deuil de vos coquelicots


Jamais nous ne vous oublierons.


MJC

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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 11:21

Université Paris-Diderot

UFR Sciences Humaines Cliniques

Les Conférences Internationales

Mardi 11 mai 19h30

Bruno Chaouat

Professeur de littérature française et de Jewish Studies

vice-directeur du Center for Holocaust and Genocide Studies

Université du Minnesota


HUMAIN, INHUMAIN : APORIES THÉORIQUES ET LITTÉRAIRES APRÈS LA SHOAH


Si le fascisme et le nazisme purent s’ancrer dans un fantasme de pureté, si, dans l’immédiat après-guerre, les survivants des camps furent perçus comme moins qu’humains, il serait naïf, voire dangereux, d’imaginer que la célébration de l’abjection garantira l’homme contre le retour du mal. « Surhomme » et « sous-homme » ont besoin l’un de l’autre, comme les deux pôles d’une dialectique infernale. De même, la pulsion anale comprend à la fois le culte du déchet et sa forclusion comme tabou. Autrui est changé en déchet, homo sacer ou homo stercoreus.

Dans ce parcours, je propose tout d’abord de m’interroger sur la notion légale de « crime contre l’humanité », et sur les enjeux métaphysiques de cette notion quant à la définition de l’humain et de son autre. J’étaierai ma réflexion sur l’œuvre de Robert Antelme, L’Espèce humaine. J’esquisserai ensuite une brève généalogie du concept d’inhumain et de la crise de l’humanisme dans la pensée et la littérature françaises, en indiquant que cette notion doit être réinscrite dans l’histoire des deux grandes conflagrations mondiales. Enfin, je m’interrogerai sur le pathos de l’abjection dans l’après-Shoah, notamment à partir des textes de Georges Bataille, Marguerite Duras et Giorgio Agamben.

 

Discutants Fethi Benslama & Richard Rechtman

26, rue de Paradis 75011 Paris, Salle 11

 

Que les parisiens ont de la chance d'avoir la possibilité de  se mettre au travail de cette pensée si nécessaire entre pulsion de vie et pulsion de mort. Bravo à ceux qui se rendront à cette conférence ! MJC

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 12:16


Entre trauma et protection
Quels devenir pour les enfants juifs

cachés en France (1940-1944) ? (7)

Editions érès. 2009


Le 14.10.2009



                                               Chère Marion Feldman,


Je lis votre livre et depuis plusieurs jours, je le commente, certes avec timidité mais aussi avec grand respect, dans mon blog « Les inventeurs de lectures. »


J’en suis donc au chapitre, « Récits et traumatismes » 


Ce chapitre, contrairement aux autres, j’en livrerai à peine le contenu, laissant aux lecteurs la liberté de le découvrir. Pourquoi ? Parce que c’est un chapitre, je n’en doute pas « thérapeutique » et pour qu’il le demeure, je dois laisser à chacun le soin de le découvrir et de l’inventer du lieu de son identité et de son histoire.


Merci Marion Feldman d’avoir écrit un chapitre si précieux, en tout cas précieux pour moi parce qu’il m’a mise une fois encore au travail de la culpabilité et de sa transmission transgénérationnelle  véhiculée par la Shoah.


J’ai beaucoup aimé aussi dans votre livre tout ce que vous dîtes sur le silence par rapport au traumatisme de l’enfant qui a été si bien étudié par le psychanalyste anglais que j’aime tant, Winnicott (je connais moins Anna Freud mais grâce à vous, j’irai voir) et de ce fait sur le silence des adultes (silence politique, silence des chercheurs) .


J’ai beaucoup aimé votre approche des savoirs relatifs à l’Histoire, à la sociologie et à l’anthropologie dans une complémentarité qui vous a mise au travail de votre profession de clinicienne.


J’ai aussi aimé tout ce que vous dîtes sur le groupe comme nécessaire mais non suffisant pour le petit homme qui deviendra grand.


J’ai admiré votre méthodologie de chercheuse, si grande lectrice d’autres chercheurs si nombreux.


J’ai aimé ce que vous dîtes du contre-transfert des chercheurs à leur objet de recherches ; je dirai, en termes simples la passion identitaire (ou l’indifférence, neutralité etc.) qui relie le chercheur à son étude. Ce concept est essentiel selon moi ; il habite le savoir d’humanité qui parfois peut se faire défaillant. Dieu merci, le savoir n’est pas une science exacte et le chercheur n’est pas un robot programmé. Il ne se réduit pas ainsi à une pensée unique « objectivée et objectivable » (ce qui ne signifie pas pour autant renoncer à la rigueur méthodologique, il faut juste rester humble quant aux résultats : humanité et contre-transfert obligent !)

 

Et c’est à ce point précis, chère Marion Feldman, que j’ai apprécié très vivement, votre définition de votre recherche comme un « ECHANGE »

avec les enfants juifs cachés devenus grands. Cet échange là, authentique, qui naît de votre histoire que vous nous confiez en toute simplicité (infiniment merci de vos confidences si émouvantes et sobres tout à la fois) signe la grande valeur de votre livre et  la grande valeur de la clinicienne-chercheuse que vous êtes.


Chère Marion Feldman, votre livre si courageux, si intelligent, si humain, je l’ai lu, je l’ai souligné, je l’ai mémorisé et par mon blog, je l’ai transmis ; le  scandale de la Shoah, il faut le transmettre, nos vies durant, nos travaux durant, nos recherches durant et principalement quand ce scandale témoigne d’enfants juifs exposés, d’enfants tout court.


Je lirai bientôt, pour le transmettre aux Inventeurs de lectures le livre de Janusz Korzac : Le Droit de l’enfant au respect.


Merci, Marion Feldman, pour votre livre qui m’a tant émue et soignée de ma douleur d’enfance. MJC.



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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 17:42
Entre trauma et protection
Quels devenir pour les enfants juifs

cachés en France (1940-1944) ? (6)

Editions érès. 2009


Les enfants juifs cachés en France

ont été des enfants exposé.


Exposer un enfant est un terme mythologique qui signifie l’exposer au vent mauvais des autres, le mettre en danger jusqu’à la mort possible. Si l’enfant résiste à un tel danger, il sera exceptionnellement résistant, résilient. Peut-être…

Je ne sais pas. Pour moi, là n’est pas la question. La question est celle du scandale que constitue ces enfants exposés à la souffrance, à la maltraitance, aux humiliations, à la honte, au deuil non fait, à la disparition. Traversés de lignes  vulnérabilité, ils doivent survivre, ils survivent.


Je veux dire combien, ce chapitre m’a été douloureux à lire, je veux dire combien, il m’a semblé que je ne pourrais parvenir à en écrire le commentaire.

Toutefois, je m’y mets dans la terrible nécessité de l’écriture d’une histoire que je n’ai jamais vécue mais qui,  comme un fantôme m’habite et parfois me pousse au désespoir et au désir d’en finir d’être femme dans un monde où l’humain a pu basculer dans une telle horreur. La question n’est pas d’en finir mais de lire, d’écrire, de transmettre comme l’a fait avec tant d’énergie Marion Feldman. Qu’elle en soit remerciée pour son chemin de lecture et d’écriture, qui j’en suis certaine n’a pas dû être simple pour elle aussi.


Elle s’est attachée à décrire les lignes de vulnérabilité et la construction psychique des personnes qu’elle a interviewées dans le chapitre précédent : Nicole, Adèle et quelques-autres (voir mon commentaire précédent).


Son point de départ comme son point d’arrivée : les attaques des liens de filiations qui s’originent dans la migration. Partir… Laisser…L’impossible retour. La migration comme fait sociologique (références aux travaux de Rose Marie Moro), la migration comme investissement psychique de l’individu, la migration engendrant de graves troubles narcissiques. Avec la migration c’est tout le « berceau culturel » de l’enfant qui change de pays. Transporter un berceau, qu’il soit culturel ou non, n’est pas une mince affaire. Ce déplacement fait fracas, effraction dans la vie psychique de l’enfant. Fracas des rites d’initiation qui se brisent sur le sol du nouveau pays et avant même que de naître, tout est bousculé dans un métissage des cultures que l’enfant nouveau-né doit subir avec sa mère dans la douleur de son enfantement dans une terre qui n’est plus la sienne. Là encore, référence aux travaux de Rose Marie Moro.


Déplacement du berceau dans le temps des persécutions, des pertes, des séparations précoces ; quel que soit l’âge, les symptômes de la différence vont s’écrire, dans une sensation d’étrange étrangeté, dans une sensation de n’appartenir à aucun groupe, d’être de nulle part, dans la sensation d’avoir à vivre des disparitions d’être chers dans un silence qui fait effroi, peur, dans des moqueries, dans des humiliations. Puis la Libération arrive, il faut faire le chemin dans le sens inverse, retrouver sa famille quand elle existe, la retrouver- elle aussi dans la perte et dans la dépression. Est employé l’étonnant terme de « radioactivité ». Famille, mère radioactives. Oui, ce terme me parle. Retrouvailles difficiles voire même impossibles. C’est alors le temps des silences : silence des parents, silence des autres, silence de l’église qui a convertit pour protéger, silence du nom perdu, silence de ce nom qui devient support de toute la vulnérabilité vécue, silence des familles, silence qui fabrique le « faux-self  Winnicottien. »


Silence et antisémitisme qui comme un serpent ayant toujours sa tête continue d‘envoyer son venin de sa langue hideuse. Ainsi De Gaulle qui en 1967, a dit du peuple juif qu’il est un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, ainsi le lapsus de Raymond barre au moment de l’attentat de la rue des Rosiers, ainsi la lenteur de Mitterrand à reconnaître les crimes de Vichy. Marion Feldman expose une histoire dont on n’aime pas parler dans les grands discours électoraux. Un silence de 50 ans qui creuse un inconscient collectif difficile à lever. Marion Feldman attire notre attention sur le fait suivant qui mérite d’être souligné : les recherches auprès de la psychologie des enfants cachés sont bien plus difficiles à mener en France qu’aux Etats-Unis, en Israël et même en Belgique. Elle nous dit aussi que la Fondation pour la mémoire de la Shoah, dont la mission première est la promotion des recherches sur la Shoah, n’a pas soutenu ses recherches d’ethno psychiatre sur la psychologie des enfants cachés. La bourse lui a été refusée. Elle a eu une aide ponctuelle pour la retranscription des entretiens.


Elle souligne aussi et c’est important que la France est le pays qui a sauvé le plus grand nombre d’enfants cachés.


Toujours dans cette page 255 de son livre, elle souligne le silence de l’Eglise et de Pie XII devant les arrestations  d’un millier de juifs romains par les SS.

Dans cette même page, elle mentionne les travaux importants de Rajfus (1994) qui analyse le rôle ambivalent de l’église dans l’affaire Finaly.


Voilà pour le trauma : effraction dans le psychisme, peur, humiliations, violence, silence, deuil non-fait et disparition.


Marion Feldman étudie ensuite les conséquences de ce trauma : destruction passagère de l’ordre symbolique, fondateur de l’identité du sujet (voir travaux de Lacan), rupture et donc trouble de l’affiliation et de l’historicité dont le support visible est le changement de prénom voire même de nom (référence aux travaux de Nicole Lapierre. Voir un de mes commentaires dans cette même catégorie « La Shoah »


Marion Feldman étudie de façon approfondie les troubles identitaires des personnes qu’elle a interviewées. Je vous renvoie à une lecture attentive de son texte très clinique et que je ne saurais résumer en quelques lignes sans en altérer la qualité. Son étude porte sur l’effacement du nom, les troubles identitaires, les filiations bousculées, les diverses modes de protection.


Elle conclue enfin son étude par la singularité du vécu des enfants cachés tant pendant la guerre qu’après la guerre.


Elle insiste sur la nécessité des recherches permettant d’appréhender la souffrance des enfants cachés aux prises d’une difficile tension entre leur monde intérieur bousculé et le monde extérieur qui les accueille.


Quant à moi, je trouve ce chapitre tragiquement nécessaire tant par l’exposé des souffrances parfois non dîtes et non reconnues de ces enfants cachés que par l’exposé des nombreux travaux d’historiens, de sociologues, de psychiatres, de psychologues. Le « bruit de leurs travaux » vient à mon avis contrebalancer la souffrance des enfants cachés et le silence fait autour de cette souffrance.


A eux tous merci mais surtout merci à Marion Feldman qui outre son écoute clinique a su collecter de façon rigoureuse des travaux essentiels à la reconstruction du plus grand scandale de ce siècle constitué par l’exposition d’enfants.


Prochainement, très prochainement, j’étudierai son dernier chapitre « Récits et Traumatismes » puis ce sera le temps de sa conclusion.


Merci de votre fidélité à lire avec moi ce livre difficile mais essentiel. MJC



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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 17:19
Entre trauma et protection
Quels devenir pour les enfants juifs

cachés en France (1940-1944) ? (5)

Editions érès. 2009



Des parcours singuliers en devenir


Je lis avec émotion Les parcours de vie de


Solange : « A travers toi, je vivrais »

Nicole :  «  Restés groupés »

Adèle :    «  Une recherche de reconnaissance »

Dominique : « Comme une valise à la consigne »

Simone :  « La guerre continue »

Régine :   « La tentative de disparition »

Roseline : «  Ballottée et maltraitée de 1942 à 1954 »

Maurice : « La peinture et le groupe pour vivre »

Irène :       « Restée dans le même village depuis 1943 »


Moi, ce serait : « Vis, tu les fais vivre. »


La Shoah, pour moi, c’est ça : des histoires de vie qui ne peuvent se dire que dans un sous-titre qui marque la répétition liée au deuil non fait, liée au trauma de la perte et du silence.


La Shoah, pour moi, c’est du pur trou qui rend fou

La Shoah, pour moi, c’est de l’Histoire calée dans l’horreur

La Shoah, pour moi, c’est de la pure absence

La Shoah, pour moi, c’est de l’impossible transmission

La Shoah, pour moi, c’est ma vie dont je ne guérirai jamais.


La Shoah, ce sont  des millions de « Parcours singuliers en devenir » qui n’ont jamais pu devenir autre chose que ce que les nazis avaient écrit de leur destin, après l’assassinat des leurs.


La Shoah, pour moi, c’est ce chapitre de Marion Feldman, que je lis et relis, sans parvenir à le lire, parce qu’il cogne sur mon histoire, non d’enfant cachée (je suis née en 1948) mais fille d’une mère qui s’est cachée et petite fille d’une grand-mère qui ne s’est pas cachée.


La Shoah, pour moi, c’est un cruel cache-cache qui a écrit mon destin avant même que je naisse.

Familles, menacées, familles éclatées, parents assassinés, identités fragilisées, enfances violées, traumatismes à la pelle et dit-on, reconstruction par sublimation et création.


Ainsi, se déroule sous nos yeux de lecteurs, dans notre regard voilé de larmes, cet étonnant chapitre de Marion Feldman que l’on pressent attentive clinicienne.


Merci, Marion Feldman, d’être cela, celle qui a écouté et retranscrit l’insupportable et l’indicible de ceux et celles qui vous ont confié leur Shoah, leur parcours singulier en devenir. Devenir… MJC



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