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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 19:35

Le cœur de Violette

Michel Piquemal

Nathalie Novi

De la Martinière Jeunesse

Paris 2000

 

Il était une fois une très jolie princesse qui s’appelait Violette. Elle était un peu rousse, avec des cheveux longs qu’elle parsemait parfois de fleurs. Elle était plus belle que la rosée du matin mais petite, une nuit,  son père lui avait volé son cœur lorsqu’il mourut ; de ce fait, elle ne pouvait aimer personne. Elle ne se souvenait de rien si ce n’est d’un grand tourbillon qui l’avait engloutie dans une sombre nuit. Elle faisait comme si de rien n’était, elle prenait soin de son corps, souriait à tous, dans une étonnante absence et restait indifférente à toute douleur. Elle désirait plaire mais comme ça pour rien, sans attache, elle ne savait même pas pourquoi.

.        Un jour, un prince passa par là et la vit se parant d’un bijou devant son miroir. Il tomba fou d’amour et la demanda en mariage. Mais elle, d’une douce indolence restait dans sa profonde indifférence. Le prince en tomba malade et faillit en mourir. Violette restait insensible.

         Mais un jour, elle sentit la même haleine froide que celle qu’elle avait senti sur son visage le jour de la mort de son père, elle frémit, courut le long des longs des couloirs du château, en traversa les multiples grandes chambres et enfin arriva au chevet du prince qui se mourait. En la voyant, il murmura son prénom, la prit dans ses bras, lui caressa les cheveux. Violette se laissa faire et soudain, elle entendit battre son cœur comme une source  vive qui coulait en son corps étonné par la douceur revenue. Violette et le prince dans une longue étreinte détournèrent de son chemin l’ange de la mort qui reprit le chemin de sa nuit, les laissant tous les deux enlacés et amoureux dans l’éclat d’un nouveau jour.

 

« Car rien en ce monde

n’est inexorable

pas plus l’aridité des déserts

que le sommeil des cœurs blessés »

 

Avec ces mots s’achève ce joli conte.

 

J’aime ce livre d’une grande douceur et dont les images sont si belles, la dernière représente une femme avec son arrosoir qui arrose un champ de fleurs, un champ de vie sur lequel est dessiné un cœur au milieu d’une haie dorée.

 

C’est un beau livre, pour les enfants comme pour les grands parce qu’il dit que malgré l’immensité d’un chagrin, tout peut recommencer et que jamais, non jamais, un cœur n’est définitivement brisé. Toujours, arrive le temps de nouvelles semailles !  Notre printemps s’achève, nous avons semé. Attendons l’été pour récolter... le bonheur ! chers Inventeurs. MJA

 

 

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 18:41

 

Flix

Tomi Ungerer

L’école des loisirs

1997

 

Bon d’abord les dessins ! Extraordinaires ! Vous n’avez qu’à acheter le  livre, vous verrez vous mêmes !

Bon, je commence...

C’est l’histoire de Théo et Alice Lagriffe, un couple de chats vraiment sympas. Comme la famille Kangourou d’ Adélaïde (voir blog même catégorie d’avant-hier) ils ont un enfant un peu différents d’eux. Adélaïde avait des ailes, leur enfant était incontestablement un chien, probablement une faute d’ancêtre et l’histoire d’un croisement génétique nous explique Ungerer. Bref, il avait une petit visage avec des bajoues et des oreilles qui pendaient. Ses parents, émus mais heureux l’appelèrent Flix ; les médias s’emparèrent de l’affaire quelque temps, puis tout rentra dans l’ordre et tous acceptèrent placidement ce qui fut classé dans « une erreur de la nature ». On lui trouva un parrain le Professeur Médor Klops (j’adore le nom !)  et un ami basset de Clébardville. Je pense que ce fut là une bonne idée des parents de ne pas le laisser seul dans sa différence. Il grandit entre sagesse et gaité et sut donner satisfaction à ses parents aimants. Tandis que le papa se cultivait la maman jouait avec Flix et faisait sa lessive. Flix grimpait aux arbres car il avait malgré tout quelques gènes de ses parents. Le dimanche tous piqueniquaient et se baignaient. Il y avait le problème du langage mais ils y arrivaient. Flix  parlait la langue des chiens, mais avec un accent chat démontrant alors ce point scientifique que les enfants adoptent les sonorités de la langue maternelle dès la vie fœtale. Ils avaient chacun leur langue mais avec beaucoup de maladresses, Flix et ses parents se parlaient. Comme entre parents et enfants entre fusion et ratages ! Toutefois, il faut le dire et Ungerer sait nous le conter avec tendresse : dans cet univers de chats, Flix connaissait ses moments de solitude. Parfois, les autres chats fiers d’être si pareils entre eux, taquins, le maltraitaient. Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part, vous savez, Brassens... Pas le chat mais le guitariste de génie. Enfin, heureusement, son parrain Médor s’occupa de son filleul, l’emmena à l’école et comme monsieur Marius avec Adélaïde lui fait découvrir la grande ville et ses monuments  faisant de Flix un chien citadin et citoyen. Puis il fit connaissance des étrangers, les lévriers, les chows-chows et les pékinois. Flix, et c’est tout à son honneur, n’était pas raciste et respectait la différence. Lui-même étant différent, ça le rendait bon. Ainsi, intelligent, il devint bon élève et doué pour la musique. Un dimanche de campagne, il vit un chat tomber à l’eau, comme Adélaïde, n’écoutant que son courage il plongea pour le sauver et on le fêta comme un héros. Les chats l’adoptèrent.

Flix tenait à sa ligne et régulièrement faisait son jogging. Un matin, il aperçut une maison en flammes et là encore comme Adélaïde il sauva une jeune fille Caniche. Je pense que Ungerer à une âme de sauveur. C’est bien, il a raison. Il faut toujours sauver son prochain quand sa maison brûle. La jeune fille caniche s’appelait Mirzah. Ce fut le coup de foudre entre eux et un amour passionné fleurit au clair de lune. Ils s’embrassèrent sur un banc public comme des amoureux qui se bécotent mais Flix respectait Mirzah et la présenta à ses parents. Tous firent un bon repas, avec une bonne bouteille et des bons desserts. Le mariage fut décidé et ce fut un grand mariage. Mirzah était splendide dans sa robe blanche et Flix portait pour l’occasion un beau pantalon à rayures. Dans le public, ces dames portaient toutes un beau chapeau rose et les hommes avaient fait un réel effort d’élégance. Bref, la fête battit son plein ! Puis les jeunes mariés partir en  voyage de noces. Au retour, Flix comprit qu’il était temps de devenir sérieux et de prendre ses responsabilités. Je suis d’accord avec Ungerer. On ne peut pas tout la vie rester un jeune chiot ébouriffé ! Flix prit donc la direction de la succurssale de la grande usine de son père, usine multinationale de pièges à rats à Clébarville et rachetait les souris capturées pour la livraison à Chaville, sublimant ainsi parfaitement sa différence avec sa famille. Puis, il entra en politique, sublimant toujours, il fonda L’Union des Chats et des Chiens qui portaient haut et fort des nobles revendications pour le respect de la différence. Flix et Mirzah furent très heureux et Mirzah fut enceinte, son ventre s’arrondit tendrement, puis vint le temps de la naissance et de cette nouvelle promesse de l’humanité que représente un petit animal nouveau-né mais coup de théâtre, Ungerer l’insolent, nous confie dans un éclat de rire, la répétition de l’histoire familiale : cette fois-ci, Flix et Mirzah, couple de chiens, vraiment sympas ont... un bébé chat ! Valse le monde ! valse le temps, valse la vie !

 

Etreignons-nous dans nos différences et dans nos pareils, sublimons et continuons d’inventer le monde, chiens ou chats. L’important c’est d’aimer et de vivre  en respect mutuel !

J’ai adoré cette histoire ! Aboyez ou miaulez, c’est selon, mais ne manquez pas de la lire et de rire aux éclats. Bonne lecture mais aussi bonne mise au travail en ces temps si cruels aux étrangers et aux différents. MJA

 

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 21:33

 

Adélaïde

Tomi Ungerer

L’école des loisirs1978

Texte français : Adolphe Chagot

 

J’ai adoré cette histoire. Surtout les dessins ! ça je ne peux pas raconter...

Papa et maman Kangourou ont une petite fille Kangourou qui a des ailes. Elles s’appelle Adélaïde Ils sont bien étonnés mais ils l’aiment tendrement comme elle est. Alors, la petite fille avec ses ailes grandit, grandit et un jour elle voit un hélicoptère, alors elle embrasse ses parents et hop ! elle s’envole ! Elle s’entend bien avec le pilote et elle voyage, voyage, va pourtant dans le vaste ciel et le vaste monde. Arrivée à Paris, elle dit au revoir à son ami le pilote et décide de s’arrêter. Elle est un peu perdue car l’argent ce n’est pas son truc et elle ne sait pas s’en servir. Heureusement, un monsieur très élégant qui s’appelle monsieur Marius passe par là et paie son taxi, l’invite au restaurant, lui fait visiter Paris, tous les monuments, les musées. Elle va même au théâtre. C’est super ! Adélaïde se plaît vraiment à Paris. Mais un jour, alors qu’elle volait, ses larges ailes déployées, elle aperçoit de la fumée. Il y a les pompiers et leur grande échelle devant une maison qui brûle. La petite fille Kangourou aperçoit deux enfants dans les flammes alors n’écoutant que son courage, elle plonge dans les flammes et sauve les deux enfants, mais comme ils étaient trop lourds, elle se casse les ailes et se retrouvent à l’hôpital où tout le monde vient la voir et la gâte. Adélaïde adore toutes ses fleurs et tous ces bonbons et puis monsieur Marius lui apporte des journaux, des magazines et Adélaïde est vraiment contente. Puis, elle va mieux et va faire un tour au Zoo voisin et là elle rencontre un autre Kangourou qui s’appelle Léon et vraiment ils tombent amoureux pour de bon. Elle demande au directeur du Zoo de libérer Léon, le directeur accepte et Adélaïde et Léon se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.

 

J’ai emprunté ce livre à la bibliothèque mais je vais  l’acheter et le raconter à mes petits-fils et puis confidence pour confidence, j’ai une fille qui est allée en Australie et qui m’a ramené un crayon avec au bout sur un ressort un petit Kangourou. Moi, j’aime les crayons et les kangourous, leur grande poche et leurs enfants dedans et en plus quand le Kangourou s’appelle Adélaïde et qu’elle a des ailes c’est vraiment merveilleux ! Allez sautez vite dans cette lecture, vous ne le regretterez pas et les illustrations sont touchantes de poésie et de tendresse ! Oui, vraiment j’ai adoré ! MJA

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 16:07

Maria Montessori

L’éducation et la paix

Préface de Pierre Calame

Culture de Paix (1949)

Desclée de Brouwer (1996)


et notamment son discours

Eduquer pour la paix

Discours prononcé devant la Fraternité mondiale des croyances,

Londres 28 juillet 1939.

Vous le trouverez en fin de l’ouvrage.
Je l’ai cherché sur Internet pour vous le faire découvrir. Je ne l’ai pas trouvé. Peut-être serez-vous plus chanceux que moi, mais sinon achetez le bouquin, ça vaut la peine.

C’est un  discours de paix et d’enfance.

C’est un  discours de prise de conscience de fraternité et d’adelphie par respect des tout-petits.

C’est un discours qui nous rappelle combien suivre l’enfant développe en nous le désir de la paix.

C’est un  discours qui nous invite à nous rassembler autour des enfants pour découvrir l’humanité.

C’est un  discours qui nous rappelle que l’enfant est une promesse et qu’à lui, aussi, nous devons tenir notre promesse, d’un monde en paix.

Pauvre Maria, tu as écris tout ça en 1939 !

Pauvre Marie-José, tu écris tous ça en 2011 !

Mais continuons, envers et contre tout, avec l’obstination de la seule déraison possible d’affirmer avec Maria Montessori  que :

« Notre société doit reconnaître, l’importance de l’enfant comme bâtisseur de l’humanité. »

Continuons d’affirmer avec la courageuse et intelligente Maria que :

« La grande mission sociale consistant à assurer à l’enfant, justice, harmonie et amour, reste  à accomplir. Cette tâche importante revient à l’éducation. C’est notre seule façon de bâtir un monde nouveau et de construire la paix. »

Oui, je vais relire le livre de Maria Montessori « L’éducation et la paix ». Oui, je vais relire mes passages soulignés, ma lecture inventée et une fois encore l’interpréter au service des enfants, des tout- petits et de la paix et qui sait peut-être, je retrouverai l’espoir

Je vous invite à en faire de même. MJA

 

Retranscription intégrale de cette conférence dans la catégorie Ethique le 24 avril 2011

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31 janvier 2011 1 31 /01 /janvier /2011 10:25

 

 

Lundi 31 janvier 2011,

 

                                                Cher Patrick,

 

Un mot rapide pour vous dire ma nostalgie d’interrompre le compte-rendu du passionnant colloque que vous avez coordonné et auquel, j’ai eu la grande chance de participer. Passionnant du travail de tous. Vous avez su planter différents chemins : chemin politique, chemin clinique, chemin de terrain et de livres, chemin philosophique, parce que tous vous avez su poser les questions essentielles relatives à l’accès à la culture par les  bébés :

 

-         Cet accès est-il un acte politique ? Verbe résister

-         Cet accès introduit-il à une clinique rigoureuse de l’altérité et de la séparation ? Verbe écouter

-         Cet accès suppose-t-il une approche qualitative du choix des albums et de ses lieux de lectures ? Verbe lire

-         Cet accès suppose-t-il un abandon d’une approche manichéenne et stéréotypée ? Verbe penser.

-        Cet accès suppose-t-il une invention au fil des secondes ? Verbe créer

-        Cet accès, de tous ces chemins emportent-ils les paradoxes ? Verbe tisser le sens dans tous les sens.


 

J’aurai aimé retranscrire, intervention par intervention vos travaux à tous, inscrits sur mon carnet de notes mais surtout dans ma pensée et dans mon cœur.

 

Mais voilà, grandir c’est choisir et moi, toujours, je grandis, toujours je vieillis. Je suis une ancêtre dynamique et vivante ! C’est mon truc de bouger, de me mouvoir dans ma pensée en marche !

 

Et donc, j’ai choisi. Votre colloque n’est pas étranger à ce choix. Je persiste et signe dans une recherche de doctorat à Toulouse le Mirail, dans ce laboratoire que j’aime tant déjà : « Personnalisation et changements sociaux. » Je me suis inscrite timidement en novembre 2010 et voilà que dans ma tête et dans mon cœur, j’y suis définitivement accrochée par une question qui me tient au ventre : « A quel moment de son développement le bébé s’approprie-t-il le livre comme objet singulier ? » L’engagement dans cette si belle question suppose pour moi, je le sens ainsi, un renoncement à mon blog sous sa forme quotidienne et dans sa splendide pluralité des chemins qui dit à mon avis, le seul humanisme possible. J’ai déjà écrit, dans ce sens là, près de 600 articles. Ce n’est pas mal... Mon abandon à ce quotidien n’est pas un abandon d’éthique. Je continuerai à écrire sur ce blog des notes de livres découverts au fil de ma recherche, mais comme ça, de temps à autre seulement, comme les cailloux blancs du petit Poucet mais déjà, je me reconnais dans mon chemin de chercheuse, j’espacerai donc mes petits cailloux, mais je continuerai de tracer lentement mais sûrement ce chemin d’un humanisme qui m’est si cher, celui qui écrit la pluralité du savoir dans l’intimité des cœurs et de la résistance. Le savoir est un acte pluriel de résistance mais si intime. Je vous invite donc, cher Patrick, à vous rendre, de temps à autre, au fil de vos soirs, au fil de vos imprévus, sur mon blog... pour découvrir ce chemin auquel je ne renoncerai jamais car il dit pour moi mes seuls possibles, mes seuls Toujours, mes seuls Peut-être, de femme, espérant dans un monde presque meilleur, partageant cet espoir avec vous et avec les Inventeurs de lectures, je le sais.

 

Amitiés si sincères, à vous comme aux Inventeurs.


A bientôt, c’est promis !!! MJA

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 19:01

« Sésame, ouvre-toi  ! Sésame ouvre-moi ! » (2c)

Les journées Spirales 13 et 14 janvier 2011

 

Programme

Lire avec les tout-petits et leur famille : une entrée en culture ? Table ronde animée par Juliette Campagne, « Lis avec moi », ADNSEA, Lille, avec Francesca Cioffi, coordonnatrice de l’association « Les (Z)oiseaux Livres », Toulouse, Anne Bouvier, Bibliothèque au service de Prêt aux collectivité, Toulouse et Christian Bruel

 

Par ordre d’entrée en parole

Juliette Campagne qui anime la table ronde

 

Lis avec moi

 

Responsable : :

Directrice : Juliette Campagne, Chargée de mission : Isabelle Sagnet

 

Description :

Depuis 1988, l’équipe de lecteurs-formateurs de « Lis avec moi » sillonne la région Nord-Pas de Calais pour lire des histoires à voix haute aux bébés, aux enfants, aux adolescents. « Lis avec moi » est une action de l’ADNSEA (Association Départementale du Nord pour la Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte) « Lis avec moi développe des projets avec différents partenaires autour de la lecture et propose des formations sur pourquoi et comment lire.

 

Lis avec moi - ADNSEA
1 rue Saint-Genois
59000 LILLE
Tel : 03 20 13 10 14
Fax : 03 20 42 14 04
Mail
lisavecmoi@adnsea.fr

 

Juliette fait une remarque avec humour sur les chevaliers de la table ronde ; elle a raison ; Tous nous avons une quête : lecture pour les bébés. Culture dès le plus jeune âge : histoire d’identité et d’un monde qui se vivrait bien plus avec le verbe être qu’avec le verbe avoir.

Juliette a écrit un article dans la revue Spirale 56 ; je vous en parlerai mais je continue ma table ronde avec mes notes pris au vol.

 

Francesca Cioffi pour l’association «les (z) oiseaux livres», Toulouse

 

Créée en 2007 et animée par 5 bénévoles, l’association (Z)oiseaux Livres a pour but de promouvoir l’accès à la culture et à l’art des enfants et des familles et de toutes personnes éloignées des propositions culturelles et artistiques, notamment à travers les livres.

Présidente : Émilie Bousquet Rodriguez
Contact et coordination : Francesca Ciolfi

Comme ça, elle a nommé son maître, son père Marc-Alain Ouaknine. Pique poil, le même que le mien ! Emilie, elle est ma sœur ! Elle a parlé aussi de création et de récréation, de l’accueil dans la  salle d’attente, un accueil qui proposerait des livres mais avec une possibilité de refus, avec diverses propositions, avec des albums qui comme des jouets font partie de la vie, avec la lecture comme acte collectif ou solitaire mais surtout  inventer à l’acte de lire le seul complément circonstanciel de manière possible «avec égard » et elle rappelle dans la tendresse de son engagement la nécessité du avec, là où il y a tant de sans par exemple « les sans papiers ». Elle est splendidement applaudit par une salle attentive à sa création comme à son éthique

 

Anne Bouvier nous parle d’Empalot et nous conte un « à la fois ». Son expérience est « à la fois » faire un récit, « à la fois lire », montrer des images et « à la fois » être en position d’écoute. Elle nous rappelle avec vigueur que lorsque nous tenons en main un album ou un livre, c’est à nous d’y mettre du sens et du désir. C’est à nous d’être passeur. Oui, c’est bien de cela qu’il s’agit. Anne Bouvier, c’est aussi ma sœur.

 

Christian Bruel (voir mon commentaire précédent) mais aussi il reprend la parole pour notre plus grand plaisir, pour nous parler de sa rencontre avec Toni Lainé dans le cadre de son insoumission à faire son service militaire. Bravo !

Il nous rappelle aussi que l’album c’est du temps. Combien, je suis d’accord ; Un livre c’est du temps posé sur nos rayons toujours prêt à être oublié ou réveillé. C’est ça la magie du livre : une aventure temporelle et existentielle. Il nous rappelle avec Stirl, qu’il cite que la fiction ne représente pas la réalité mais la possibilité d’organiser l’expérience. Il reprend le terme  de Francesca : « avec égard » et son terme à lui aussi « s’estimer ». Oui, lire c’est s’estimer assez, avoir assez d’égard pour soi, pour organiser son expérience au mieux de son identité. Identité certes, mais aussi expérience politique. Il marche à nouveau dans l’empreinte de Ben Soussan, celle de la toute première intervention : lire est une histoire politique qui demande de bien choisir ses partenaires dans la cité.

Enfin, il rappelle que le livre est un virus à bien propager dans une ronde autour du monde qui mène jusqu’à Dieu.

Splendide de vie cette table ronde !  qui bien sûr, m’a donné envie de lire

L’article de Juliette Campagne dans  la revue Spirale N°56: Naître à la culture « Lire avec les tout-petits : une entrée en famille. »

Juliette débute son article par une citation de Dantzig dans Pourquoi lire ? (Paris, Grasset, 2010) qui introduit au presque paradoxe que lire ne sert à rien. Je dis presque paradoxe car Juliette enchaîne sur les inégalités culturelles et le désir de son association d’ouvrir des lieux multiples de lectures à voix haute, comme tremplin d’une culture égalitaire : « élargir l’horizon, pousser les murs », inviter au voyage de chacun avec tous, venant d’horizons professionnels différents, dans une analyse des besoins présupposé du public si varié avec pour unique but : respecter le potentiel d’intelligence de tous malgré les inégalités sociales.

Faire fleurir ce potentiel avec des albums choisis, comme révèlent un véritable talent tant des auteurs que des illustrateurs. Talent, qui certes s’adresse aux enfants mais aussi à notre enfance dans une dialectique identitaire féconde.

Dans sa conclusion, nous retrouvons cette idée de « avoir des égards », « avoir de l’estime » pour l’enfant qu’on a été, pour cultiver le beau des mots et des images pour soi et pour les autres, toutes générations confondues. Idée refrain de ces deux journées. Idée à reconnaître et à mémoriser pour transmettre le livre. Oui, nous sommes passeurs. Passeurs d’égalité, de fraternité, de liberté. Merci Juliette de nous avoir fait souvenir de cela. MJA

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 14:42

« Sésame, ouvre-toi  ! Sésame ouvre-nous ! » 2b

Les journées Spirales 13 et 14 janvier 2011

 

Programme

Comme évoluent les représentations du monde contemporain dans les albums de jeunesse ?

Christian Bruel, auteur éditeur (éditions ëtre), Paris

 

Une intervention qui se fait pur bonheur. Christian Bruel nous conte avec amour ses albums préférés ou presque non-aimés, il nous les conte du lieu de ses affects et de son intelligence ! Voilà pourquoi j’ai tant aimé son intervention. Il m’a fait découvrir combien je dois lire les albums d’enfants de la même façon que mes livres d’adultes : savoir me laisser éclabousser par l’écume des représentations qui sur ma peau rejaillit, modifiant son grain secret et savoir nager dans les vagues du sens. L’enjeu es, sans doute tout autant retrouver l’enfant que j’étais et l’adulte que je suis, entre émotions et intelligence. Toujours ce même truc qui me passionne tant ! Christian, a ouvert pour nous tant et tant d’albums, les commentant, interrogeant leurs représentations, leur non dit et leur dit, interrogeant son enfance et sa vie présente d’éditeur, interrogeant les enfants de maintenant et les enfants d’hier. Quel talent ! Quel régal ! Quel humour ! Quel engagement humaniste profond alliée à un une éthique et un engagement politique qui dit la résistance à un monde dont il ne veut pas. Tiens, comme moi ! Oui, un Inventeur qui du lieu de sa pratique professionnelle et créatrice cherche et trouve du presque meilleur, de la vie, de l’émotion, du rire et surtout des livres et des albums qu’il aime passionnément, à en perdre la raison ! Tiens comme moi ! Il nous a raconté aussi, dans la simplicité du jour des souvenirs de vie. Vraiment une belle intervention qui trouvera ses prolongements dans la table ronde qui suivra. Super !

 

Article lu dans la revue Spirale N°56, Naître au monde et à la culture  pages 71-73

Comment évoluent les représentations du monde contemporain dans les albums destinés à la jeunesse ?

 

La question est essentielle, d’envergure nous dit l’auteur. Il part de sa définition du psychisme qui s’élaborerait sur « un fond d’inconscient ». Nous retrouvons aussi l’idée émise par Patrick Ben Soussan (voir commentaire d’hier) que le psychisme serait « tissé » de mot et de « représentations ». Oui, les auteurs de ce n° 56 sont des tisserands d’enfance dont les fils de lin seraient le langage quand il évide des représentations tant internes, qu’externes, quand il « se frotte » à la réalité objective. L’histoire de notre psychisme commence avec notre vie (et qui sait peut-être même avant), il commence avec nos différents vécus dans le fil de nos jours de bébés et voilà, nous dit l’auteur, le rôle des albums  générer et caresser, dans du lien, nos premiers vécus. C’est pour cela qu’ils sont si importants. Avec eux, nous commençons notre longue invention du monde, nous sommes déjà de jeunes Inventeurs de lectures. Petit Inventeur deviendra grand dans un monde de représentations à ne plus subir mais à épeler, dans un monde où le petit homme est certes, être d’images, mais déjà de paroles porteuses de son sens à lui et du sens du monde. Avec ses premiers albums, il entrecroise déjà ses fils avec ceux de l’humanité. Ne jamais oublier ça, quand on conte des histoires aux enfants. C’est un acte à la fois tendre et sérieux que d’ouvrir un album pour un enfant. C’est souvent un acte de poésie et de rire mais aussi un acte existentiel, un acte social, un acte qui s’inscrit dans l’économie d’une société, de marchandises et de concurrence, de maisons d’éditions et d’institutions et qui circonscrit à son tour du politique. On retrouve l’intervention d’hier de Patrick Ben Soussan. Rien de plus sérieux que de lire une histoire à un enfant ! Toujours savoir ce qu’on fait, en poser le sens. Ne jamais renoncer à signifier pour instaurer du monde presque meilleur. Nous ne sommes par des algues sur l’océan, nous sommes des navigateurs avec nos cœurs et nos boussoles pour écrire et partager de la culture, pour introduire nos bébés à l’acte de penser. Cela doit commencer le plus tôt possible et bien sûr par nous. Oui, par exemple, comme ça un exemple au hasard, il peut-être bon de transmettre au bébé que la femme peut exister sans être mère, qu’elle peut exister hors contexte familial, il peut-être bon de savoir que dans notre monde on peut faire place à des êtres vulnérables souffrant parfois de tragiques différences, il peut-être bon de rappeler que la France est Terre d’asile pour les étrangers, il peut-être bon de rappeler que des albums doivent exister sur ces thèmes déclinant un tissu social humain et l’auteur de nous rappeler que cela n’est pas gagné et que trop d’albums significatifs se dérobent au marché de la littérature enfantine, confisquant alors aux enfants et aux parents leur possible symbiose, condition de l’avènement au monde du tout petit. Entre symbiose et séparation, l’enfant grandit mais pour cela les grands doivent « mouiller leur chemise » comme le rappelle fort à propos l’auteur Christian Bruel via une douce et efficace citation de René Char (Rougeurs des matinaux, dans les matinaux, Paris, Gallimard, 1950.) Oui, son cœur d’éditeur saigne de René Char et c’est beau !  Comme est beau son article qui dit à la fois la tendresse des bébés et des récits mis aussi leur inscription dans un monde social, économique, un monde d’échanges et de représentations. Bref, dans un monde politique et symbolique. 

 

Bravo et merci Christian Bruel tant pour votre intervention que pour votre article et surtout pour votre talent d’adulte et d’enfant résistant  ! MJA

 

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 15:12

 

 

Deux splendides journées Spirales se sont déroulées au TNT de Toulouse les 13 et 14 janvier 2011. Je souhaite vous les raconter avec sagesse.

 

Le premier volet de mon compte-rendu, je l’ai nommé « Le dit de l’ancêtre ». C’était mon ressenti premier du cognitif. Ce ressenti, selon moi précède toujours, l’appréhension du sens. Il permet son élaboration. Voilà pourquoi, je pense qu’apprendre à lire aux enfants, ce serait d’abord leur poser la question : « A quoi te fait penser cette image ou ce texte ? »

Le second volet , je le nomme « Sésame, ouvre-toi ! Sésame ouvre-moi ! » Je veux dire par là, que lire un texte, c’est accéder à ces trésors du sens qu’il déploie et contient en lui. Un livre, est une caverne d’Ali-Baba à découvrir, à pénétrer pour, à notre tour, nous ouvrir sur le monde et ses passionnantes connaissances, sur le savoir qui fait de l’humain son humanitude. Je rédigerai cette partie , au fil des jours, avec des sous-parties : 2a, 2b, 2c, etc.La revue, comme le colloque recèlent de trésors, de savoirs...

Le volet troisième volet, je le nommerai « Partage ». Journées spirales (3). Ce sera un compte-rendu commun écrit avec deux amies qui participaient avec moi aux journées. Parce que se cultiver c’est

 

1)      recevoir l’écume du savoir : « Le dit de l’ancêtre ». C’est ressentir  mon « Je » à partir du livre 

2)      entrer dans la caverne du livre : « Sésame ouvre-toi, sésame ouvre-moi » C’est être dans le « Tu «  avec l’auteur. 

3)       partager, avec d’autres, le bonheur de lire et d’être, c’est passer au « Nous »

 

Se cultiver est, depuis l’enfance, conjuguer le verbe lire avec les sujets Je/Tu/Nous. C’est décliner de l’altérité singulière et plurielle.

 

Et donc, je débute, ma deuxième partie « Sésame-ouvre-toi ! Sésame, ouvre-moi ! ». Pour rédiger cette partie, je m’appuierai sur trois documents

 

1)      Le programme des journées

2)      La revues Spirale N°56 dont le dossier s’intitule Naître au monde et à la culture, coordonné par Patrick Ben Soussan.

3)       J’utiliserai aussi mes notes prises pendant le colloque. Je ferai une synthèse de ces trois documents.

 

Programme :

 

Spirale accueille l’Agence nationale des pratiques culturelles autour de la littérature jeunesse :

 

                        « Quand les livres relient »

 

La lecture à voix haute dans les projets de réussite éducative

Cette étude consistait à mener un travail qualitatif de remontée d’informations au niveau des projets « lecture » mis en place localement dans les DRE.

Lancée en janvier 2005 dans le cadre du Plan de cohésion sociale, la réussite éducative recouvre plusieurs champs d’actions : scolaire, éducatif, sanitaire, social, culturel et sportif. Les dispositifs s’adressent aux enfants de 2 à 16 ans habitant en ZUS ou scolarisés en ZEP/REP. À la différence des dispositifs précédents, la réussite éducative met l’accent sur l’individualité de l’enfant et son « parcours singulier ». Une phase de repérage permet l’orientation des familles vers une équipe pluridisciplinaire composée le plus souvent de représentants de l’Éducation nationale, des services sociaux, d’associations. C’est ce réseau de partenaires qui forme le cœur du PRE. Les actions sont définies et pilotées par les équipes pluridisciplinaires, en complémentarité avec les dispositifs existants. Elles se déroulent essentiellement hors-temps scolaire. Un suivi individualisé est nécessaire, et les actions s’articulent entre prise en charge collective et individuelle. En outre, les parents sont impliqués dans l’accompagnement des enfants, et sont considérés comme des partenaires du dispositif à part entière. Enfin, une évaluation de l’action est réalisée au minimum une fois par an, qui suppose une inscription dans la durée.

Après un recensement partiel des actions lecture menées dans le cadre de ces dispositifs par les membres du réseau Quand les livres relient et d’autres associations ou structures ayant le même objet, il s’agissait de constituer un groupe de travail afin de croiser et mutualiser les expériences.

On ne pouvait prétendre à un recensement exhaustif dans le cadre de cette étude, en raison du grand nombre de PRE mis en place : en mars 2007, plus de 450 projets avaient déjà été labellisés. A partir de questionnaires, de réunions et d’entretiens, avec des coordinateurs ayant mis en place des actions lecture, puis avec les associations ou animateurs sur le terrain, et d’observations d’ateliers avec les enfants et leurs parents, des échanges très riches ont pu se développer sur les problématiques rencontrées dans le cadre de la Réussite éducative.

 

J’invite les Inventeurs à surfer et à découvrir les passionnants travaux de cette agence nationale des pratiques culturelles autour de la littérature jeunesse. Ces travaux nous furent présentés par Véronique Bous.

 

Programme :

Apprendre à regarder les mots comme la vie. Le bébé ; les livres et la culture. Patrick Ben Soussan, pédopsychiatre, Marseille et président de l’Agence nationale des pratiques culturelles autour de la littérature jeunesse.

 

Mon commentaire de Naître au monde et à la culture (revue Spirale N°56)

Longue citation de Sarkozy : Discours sur la politique familiale au palais de l’Elysée, vendredi 13 février 2009 et commentaire sur l’ouvrage de Luc Ferry, « Famille je vous aime » qui développe des valeurs d’un humanisme qui lui est cher, reposant sur le déploiement des valeurs de la famille et de la vie privée. Il affirme la divinisation d’une famille qui donnerait « chair au sacré de l’humanité. » La famille selon lui deviendrait notre nouvelle religion : ordre, autorité, sécurité, nostalgie d’un monde ancien qui faisait place à ce que Patrick nomme avec un certain humour « une soupe tiédasse » d’un consensus politique correct qui écrirait un destin de solidarité et rien que de solidarité, bien sûr nationale. Gare à la famille étrangère traquée par Hortefeux et ses amis. Si famille il doit y avoir, ce doit être la « bonne famille française ». Aïe ! Aïe ! Aïe !. Attention idéologie du désastre...

 

Mes notes du colloque :

Ces journées commencent splendidement par un sain engagement politique drainé par un rire qui soulage. Un rire qui fera destin de ces journées, un rire d’être si bien ensemble, bébés militants. Rien de rien, aucun sujet cognitif ne peut-être abordé hors du contexte politique. Merci Patrick de l’avoir souligné avec le panache de Cyrano de Bergerac.

 

Naître à la culture N°56

Apprendre à regarder les mots comme la vie. Le bébé, les livres et la culture. Patrick Ben Soussan

Invités prestigieux de cet article  Jean-Paul Sartre (Les mots) Quand les mots deviennent bain amniotique, Charles Baudelaire et ses amours enfantines, La Folcoche de Hervé Bazin,  Raymond Jean ( je l’ai rencontré à un colloque de Cerisy sur le super thème « Le génie du lecteur », quel homme cultivé et charmant !), D. Meltzer et enfin une mère africaine qui tisse du beau pour son bébé. Et si les mots de la mère était ce tissage interroge Patrick Ben Soussan et si le livre était le métier à tisser qui dès l’enfance dessine le berceau (je m’interroge) et puis aussi comme invités Le petit Poucet et Peau d’âne, Hansel et Gretel et encore un grand J.Mogin, qui du livre définit l’abri qui nous abrite.

Enfin « Mon Winnicott » et son espace potentiel. On ne se lasse pas de lire cette appropriation du livre quand il est grand ouvert vers la culture du tout petit, qui lentement se sépare de sa maman, qui lentement trouve et crée, peut être un dodu mais surtout le possible culturel qui sa vie durant le remplira d’humanitude, l’aidant à intégrer ses pulsions destructrices, l’aidant à rejoindre l’universel des hommes si forts et si vulnérables dirait mon ami Charles Gardou, l’aidera à se nicher au cœur des mots de tous pour assumer et s’y reconnaître dans sa propre parole et dans le tiret si essentiel « séparation » et dans le blanc non moins essentiel du « manque », tremplin de son identité d’enfant puis d’adulte. Adulte tu deviendras grâce à la séparation et au manque, adulte tu deviendras grâce à la culture et à sa transmission. Adulte, conquérant des mots de tes ancêtres, tu deviendras grâce aux livres. Alors petit bébé, entre deux câlins, entre deux tétés, commence le plut tôt possible à emprunter le chemin de Don Quichotte ! Tant de moulins t’attendent !  MJA

 

Meunier, tu dors,
Ton moulin, ton moulin
Va trop vite,
Meunier, tu dors,
Ton moulin, ton moulin
Va trop fort.

(Refrain: x2)
Ton moulin, ton moulin
Va trop vite,
Ton moulin, ton moulin
Va trop fort.

Meunier, tu dors,
Et le vent souffle, souffle
Meunier tu dors,
Et le vent souffle fort

(au Refrain)

 

 

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 18:34

  Deux jours durant, j'ai participé aux journées Spirales. C'était vraiment passionnant. Je vais vous rendre compte de ces journées en deux temps :

 

- le premier temps : l'écume de mon intime, mon  singulier : ce qui m'a atteint, ce que j'ai reçu, ce que j'ai crée et recrée, ce que j'ai inventé à partir de mon écoute vagabonde


- le second temps : les vagues du savoir, notre pluriel :  une  synthèse des connaissances de tous, avec une presque rigueur cognitive.

 

Se cultiver, bébé ou plus grand, est un acte singulier pluriel.

 

Voici donc mon singulier que j'ai nommé :

 

Le dit de l’ancêtre

 

Mamie, vous vous êtes endormie

épuisée par votre longue vie.

Vous étiez de nous tous, l’ancêtre.

 

A mon tour, je deviens la femme la plus âgée de la famille. A mon tour, je suis l’ancêtre. Cette étonnante certitude, si nouvelle m’étreint de douceur et de fierté. L’an passé, pressentant cette étonnante vérité, j’ai laissé blanchir mes cheveux et mon visage enneigé par les années se tourne vers vous avec tendresse.

 

Serais-je une ancêtre digne de votre affection ?

 

Je vous cuisinerai à tous de bons petits plats, des douceurs de toutes les couleurs. J’écouterai vos chagrins comme vos rires. Vous me confierez vos amours et vous rirez des miennes mais surtout, je vous transmettrai, c'est  mon voeu le plus cher, mes valeurs de vie, mes rêves réalisés d’un monde presque meilleur pour lequel toute ma vie, avec vigueur, avec rigueur, j’aurai lutté, marchant, lisant, écrivant, espérant.

 

Hier, je me souviens, dans le ventre de ma mère, je lisais ses livres d’après-guerre. Puis, j’ai grandi, je suis allée à l’école,  avec ma maîtresse, j’ai appris à lire. Là, a commencé ma longue épopée. Je suis devenue Pinocchio, Alice au pays des merveilles, Cendrillon, La Belle au bois dormant et Gretel, la grelottante mais aussi Marie-José la toute sage, si sage. A onze ans, j'ai connu mon premier deuil, j’ai grandi encore. J’ai lu Don Quichotte, Marcel Proust. J’ai lu  Katherine Mansfield et Simone de Beauvoir. J’ai lu Verlaine, j’ai lu des livres du monde entier.

 

L’ancêtre devenue, n’a d’autre souhait que de mettre à vos pieds, la sagesse du monde et des hommes. Cette sagesse existe. Il faut y croire mes chéris. Croire en cet espoir, c’est déjà la créer. Ce sera ma force de vous transmettre, le monde et son espoir.

 

Je vous transmettrai l’amour de la vie et de tous.

Je vous transmettrai la longue espérance

Je vous transmettrai des caresses blondes

Je vous transmettrai la ronde du monde

Je vous transmettrai mon âme de femme

 

Femme-enfant, enroulée d’ années

Déroulée dans le temps de l' amour

Potelée, ridée, je ne sais

Entre rires et larmes

J’ai grandi, j’ai vieilli

Je ne le saurai jamais

Dans le son d’une guitare

J’ai refusé mes Trop Tard

 

Je vous transmettrai les rythmes du temps

Je vous transmettrai le temps rythmé

Je vous transmettrai les rythmes de la vie

Je vous transmettrai l’arythmie du désir

Je vous transmettrai mes longs éclats de rire

 

Je vous transmettrai mon regard sur les immenses vagues perlées d’algues. Un jour, entre deux soleils ou une nuit entre deux lunes, à mon tour, je m’en irai, vous transmettant, entre deux cris, entre deux souffles, celui de ma naissance et celui de ma presque mort, ma vie, celle que j’aurai tant aimée du premier jour au dernier jour de mes Toujours et de mes Peut-être.

Temps, je t’attends ! Je n'ai plus peur.

 

A tous, participants et intervenants splendides d'intelligence, d'humanité et d'humour, splendides inventeurs d'espoirs, bravos ! bravo ! et un immense merci d'exister dans les incroyables âges de la vie...


MJA, l’ancêtre.

 

 

 

 

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 11:09
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