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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 14:42

« Sésame, ouvre-toi  ! Sésame ouvre-nous ! » 2b

Les journées Spirales 13 et 14 janvier 2011

 

Programme

Comme évoluent les représentations du monde contemporain dans les albums de jeunesse ?

Christian Bruel, auteur éditeur (éditions ëtre), Paris

 

Une intervention qui se fait pur bonheur. Christian Bruel nous conte avec amour ses albums préférés ou presque non-aimés, il nous les conte du lieu de ses affects et de son intelligence ! Voilà pourquoi j’ai tant aimé son intervention. Il m’a fait découvrir combien je dois lire les albums d’enfants de la même façon que mes livres d’adultes : savoir me laisser éclabousser par l’écume des représentations qui sur ma peau rejaillit, modifiant son grain secret et savoir nager dans les vagues du sens. L’enjeu es, sans doute tout autant retrouver l’enfant que j’étais et l’adulte que je suis, entre émotions et intelligence. Toujours ce même truc qui me passionne tant ! Christian, a ouvert pour nous tant et tant d’albums, les commentant, interrogeant leurs représentations, leur non dit et leur dit, interrogeant son enfance et sa vie présente d’éditeur, interrogeant les enfants de maintenant et les enfants d’hier. Quel talent ! Quel régal ! Quel humour ! Quel engagement humaniste profond alliée à un une éthique et un engagement politique qui dit la résistance à un monde dont il ne veut pas. Tiens, comme moi ! Oui, un Inventeur qui du lieu de sa pratique professionnelle et créatrice cherche et trouve du presque meilleur, de la vie, de l’émotion, du rire et surtout des livres et des albums qu’il aime passionnément, à en perdre la raison ! Tiens comme moi ! Il nous a raconté aussi, dans la simplicité du jour des souvenirs de vie. Vraiment une belle intervention qui trouvera ses prolongements dans la table ronde qui suivra. Super !

 

Article lu dans la revue Spirale N°56, Naître au monde et à la culture  pages 71-73

Comment évoluent les représentations du monde contemporain dans les albums destinés à la jeunesse ?

 

La question est essentielle, d’envergure nous dit l’auteur. Il part de sa définition du psychisme qui s’élaborerait sur « un fond d’inconscient ». Nous retrouvons aussi l’idée émise par Patrick Ben Soussan (voir commentaire d’hier) que le psychisme serait « tissé » de mot et de « représentations ». Oui, les auteurs de ce n° 56 sont des tisserands d’enfance dont les fils de lin seraient le langage quand il évide des représentations tant internes, qu’externes, quand il « se frotte » à la réalité objective. L’histoire de notre psychisme commence avec notre vie (et qui sait peut-être même avant), il commence avec nos différents vécus dans le fil de nos jours de bébés et voilà, nous dit l’auteur, le rôle des albums  générer et caresser, dans du lien, nos premiers vécus. C’est pour cela qu’ils sont si importants. Avec eux, nous commençons notre longue invention du monde, nous sommes déjà de jeunes Inventeurs de lectures. Petit Inventeur deviendra grand dans un monde de représentations à ne plus subir mais à épeler, dans un monde où le petit homme est certes, être d’images, mais déjà de paroles porteuses de son sens à lui et du sens du monde. Avec ses premiers albums, il entrecroise déjà ses fils avec ceux de l’humanité. Ne jamais oublier ça, quand on conte des histoires aux enfants. C’est un acte à la fois tendre et sérieux que d’ouvrir un album pour un enfant. C’est souvent un acte de poésie et de rire mais aussi un acte existentiel, un acte social, un acte qui s’inscrit dans l’économie d’une société, de marchandises et de concurrence, de maisons d’éditions et d’institutions et qui circonscrit à son tour du politique. On retrouve l’intervention d’hier de Patrick Ben Soussan. Rien de plus sérieux que de lire une histoire à un enfant ! Toujours savoir ce qu’on fait, en poser le sens. Ne jamais renoncer à signifier pour instaurer du monde presque meilleur. Nous ne sommes par des algues sur l’océan, nous sommes des navigateurs avec nos cœurs et nos boussoles pour écrire et partager de la culture, pour introduire nos bébés à l’acte de penser. Cela doit commencer le plus tôt possible et bien sûr par nous. Oui, par exemple, comme ça un exemple au hasard, il peut-être bon de transmettre au bébé que la femme peut exister sans être mère, qu’elle peut exister hors contexte familial, il peut-être bon de savoir que dans notre monde on peut faire place à des êtres vulnérables souffrant parfois de tragiques différences, il peut-être bon de rappeler que la France est Terre d’asile pour les étrangers, il peut-être bon de rappeler que des albums doivent exister sur ces thèmes déclinant un tissu social humain et l’auteur de nous rappeler que cela n’est pas gagné et que trop d’albums significatifs se dérobent au marché de la littérature enfantine, confisquant alors aux enfants et aux parents leur possible symbiose, condition de l’avènement au monde du tout petit. Entre symbiose et séparation, l’enfant grandit mais pour cela les grands doivent « mouiller leur chemise » comme le rappelle fort à propos l’auteur Christian Bruel via une douce et efficace citation de René Char (Rougeurs des matinaux, dans les matinaux, Paris, Gallimard, 1950.) Oui, son cœur d’éditeur saigne de René Char et c’est beau !  Comme est beau son article qui dit à la fois la tendresse des bébés et des récits mis aussi leur inscription dans un monde social, économique, un monde d’échanges et de représentations. Bref, dans un monde politique et symbolique. 

 

Bravo et merci Christian Bruel tant pour votre intervention que pour votre article et surtout pour votre talent d’adulte et d’enfant résistant  ! MJA

 

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