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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 20:03
Ce matin, un ami me sachant en grande détresse à rédiger mes premiers  éléments  bibliographiques m’a envoyé Les normes bibliographiques de L’APA (selon la 6ème édition du Publication Manual, 2O10.) Ce texte de 19 pages est constitué d’une étonnante synthèse du site  RITPU, synthèse effectuée par Marc Couture, de la Télé-université (Montréal, Canada).
Cette synthèse,  je l’ai imprimée, puis brochée, puis regardée, gardée comme un trésor d’Ali Baba.  Je l’ai étudiée. Passionnément. J’ai découvert là, tout un champ de savoir inconnu à moi, jusqu’à ce jour.
Naïve Candide, je croyais, qu’une bibliographie, c’était copier des noms, prénoms, titres de livres  et de dates, séparés de point ou de virgule. Naïve candide, je n’avais compris à l’histoire !
Une bibliographie c’est un récit  qui charpente une recherche, c’est un drame, un théâtre qui met en scène auteur, éditeur, noms de villes qui évoluent dans les larges années, comme de larges avenues. Il y a des noms, il y a des titres comme des panneaux, il y a des chemins à connaître et à reconnaître. Une bibliographie, c’est une vie fourmillante d’auteurs, qui marchent parfois un à un  ou à plusieurs, qui visitent parfois des sites internet, ou logent dans des bibliothèques.
Une bibliographie c’est de la vigueur, c’est de la rigueur, du pur ouvrage qui dompte le sauvage de l’ignorance. C’est de la mise en relations des interrogations qui sous-tendent le savoir. C’est du pur symbolique. Epique. Stratégique.
Une bibliographie, c’est une stratégie pour s’approprier  les livres de sa recherche, pour les mémoriser, les ranger, les classer, les trier, les superposer, les lier, les faire nôtres enfin. Peut-on imaginer une recherche sans  sa bibliographie. Une telle recherche serait une nuit.
Une bibliographie nomme. Nomme ceux qui avant nous ont cherché, ont éclairé notre chemin.  Elle nous limite aussi. Même si nous avons beaucoup lu, il est formellement interdit de nommer plus d’ouvrages que ceux dont nous parlons dans notre recherche. Le nombre est un point essentiel dans la bibliographie : nous n’écrirons pas de la même façon si nous citons deux auteurs que  si nous  en citons  3 à 5, voire même plus de 6. Nous devons distinguer nos références primaires et secondaires, nous devons les différencier de nos discussions personnelles. Nous devons remplacer les chiffres romains par des chiffres arabes. La bibliographie est une arithmétique.
La bibliographie est une écriture. Nous devons écrire nos titres en italique et en majuscule la première lettre des noms  propres. Nous devons aussi, si nous ouvrons une parenthèse, dans un cas bien déterminé, de traduction par exemple, ne pas oublier de la refermer. Nous devons distinguer les monographies des communications, les colloques des articles, les articles des chapitres.
La bibliographie nous introduit à la différenciation de la pensée, à la distanciation de notre recherche.
La bibliographie nous apprend la propriété symbolique à respecter.  Le mot clé d’une bibliographie est selon moi, le respect. Certes le respect des livres mais surtout le respect des hommes qui les ont écrits dans le dur labeur de leurs heures de chercheur et je pense sincèrement que ce serait excellent pour des ados d’être  initiés dès la 6ème au travail de la bibliographie qui me semble être formateur d’intelligence , de respect pour les livres et de notre monde symbolique. Notre monde est malade de son symbolique, malade de la mort, malade de désespoir.  Lorsque j’étais formatrice pour public en situation d’illettrisme, n’ayant pas encore découvert l’APA, je ne menais pas ce travail avec eux, mais je leur apprenais à lire, le titre, l’auteur, l’éditeur, la date d’édition et ils aimaient  tous cela. Cela instaurait un ordre apaisant dans le chaos de lettres.  Je crois sincèrement, que l’ordonnance du symbolique, ses normes et ses prescriptions cadrent le chercheur, parfois avec une exigence douloureuse (j’en sais quelque chose !) pacifie et épèle l’unique de chaque auteur. Hannah Arendt dans  Les origines du totalitarisme met en garde contre l’absence de la pensée et la disparition du respect du sujet unique (écrivant ou non) comme  facteur  faisant advenir le totalitarisme. Une bibliographie génère du UN et de la pensée et c’est pour cela que j’aime tant les bibliographies qui génère du savoir et du désir de lire.  Cela bien sûr, n’exclue pas dans un autre temps, le temps de l’art, de la poésie et de la liberté. Mais la bibliographie est par sa contrainte même aussi  un temps très riche de création et de nécessité du lire.
Et donc…
Je garde précieusement sur mon bureau ce précieux petit fascicule, comme une boussole dans mon obscurité parfois si dense de doctorante. Aimer les bibliographies et en constituer une personnelle, ce n’est pas la même chose je vous le dis !  Quelle galère !
Grand merci à vous Marc Couture pour tant de travail à l’œuvre d’un symbolique en bonne santé !  MJA
 
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