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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 12:16

         Ce dimanche paisible de juillet,  me surprend  à relire une  archive de ma vie

  En haut et à gauche :                                                                  République française

  Ministère                                                                                 date effacée

Des  anciens combattants

Et victimes de guerre

          _________

Direction des statuts

     De combattants

Et de victimes de guerre

         ____________

      1er bureau                                                               ATTESTATION DE DISPARITION

Etat-civil et recherches

__________________

139, rue Bercy –Paris XII

 Le ministère des anciens combattants

               Et victimes de guerre

 Après examen des pièces portant le n° 85.091-90.137

                                              Atteste que :

Madame Abignoli née Dayan Fortunée

Née le 3 janvier 1890            à                Le Caire (Egypte)

A disparue dans les conditions indiquées ci-après :

Arrêtée, internée à Marseille, transférée le 12 mars 1943

à Drancy, puis déportée vers LUBLIN MAIDENECK (Pologne), par

Le convoi parti de Drancy le 23 mars 1943.

Aucune nouvelle de l’intéressée n’est parvenue à l’administration

Qui n’a pas été informée de son retour à domicile.

                                    Tampon officiel et signature portant la  mention P.O


Fortunée était la mère de ma mère Flore.

       Ce dimanche de juillet me surprend de retour d’une commémoration où émue, la gorge nouée, j’ai écouté des mots et la musique d’un couplet  de La Marseillaise. Les gerbes étaient belles. C’est la première fois que j’assistais à une commémoration du Vel d’hiv. Comme si,  maintenant, j’avais enfin symbolisé, dans un chemin de solitude,  mon histoire, comme si enfin, cela m’était possible, de vivre debout, avec d’autres, partageant le même chagrin de l’humanité anéantie par les Nazis.

        Ce dimanche paisible de juillet me surprend au travail de ma thèse

Sous la direction de Chantal Zaouche-Gaudron

A L’Université Toulouse Le Mirail

Ecole Doctorale CLESCO

Laboratoire PDPS

Thèse dont la question est la suivante :

 «En situation de lecture conjointe et d’interactions mère/enfant, (18mois-24mois),  l’implication de la mère dans l’acte de lire une histoire à son enfant détermine-t-elle l’appropriation du livre par lui ? »

 C’est bien ainsi. Le savoir doit construire et reconstruire, sagement, à perte de pages et de livres, de notes et de bibliographies. C’est très dur à constituer une bibliographie. J’ai beaucoup de difficultés à le faire. C’est bien ainsi. Dans le labeur de mes heures, j’invente du presque meilleur. C’est cela se souvenir du pire. C’est continuer de construire envers et contre tout, avec tous.

 Je symbolise, tu symbolises, il ou elle symbolise, nous symbolisons, vous symbolisez, ils ou elles symbolisent

 La Shoah

 Ce verbe symboliser, est à  conjuguer, ensemble, obstinément debout, le regard perdu dans nos mémoires, le regard retrouvé dans nos grimoires, dans ce dimanche paisible de juillet mais aussi toute l’année, jour après jour, sans relâche, avec nos livres. Et surtout vivre.

Je vis, tu vis, il ou elle vit, nous vivons, vous vivez, ils ou elles vivent. MJA.

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