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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 16:05

L'identité au risque de l'être (4)

 

L’identité au risque de l’enfance


La soie de l’enfant


Le métier d’enfant

Est le métier le plus difficile qui soit

Il engage la soie du moi

Cette soie si fine de l’enfant


Elle peut se presque déchirer de douleur

Quand la mère dépressive a peur

De disparaître

D’être anéantie


Quand la mère est ailleurs

Dans son monde difficile

Quand elles se presse et s’empresse

D’oublier l’enfant


Le métier d’enfant

Est le métier le plus difficile qui soit

Il engage la soie du moi

Cette soie si fine de l’enfant


Quand la mère tresse

des heures de détresse

 obscurcissant son sein

Dans l’avidité d’un chagrin


Mais toujours

La soie si fine

Luisante de larmes

Espère le retour de la mère


Le métier de l’enfant

Est passion patiente

La mère s’impatiente

Mais l’enfant patiente


Le métier d’enfant

Est le métier le plus difficile qui soit

Il engage la soie du moi

Cette soie si fine de l’enfant


Et dans les larmes de l’enfant et de sa maman

Dans leur maladresse commune à se trouver

Le monde s’invente dans la brise du temps

Et l’enfant endormi caresse la soie de la maman


Mais aussi


La soie de la maman


Le métier de mère

Est le métier le plus difficile qui soit

Il engage la soie du moi

Cette soie si fine de la maman


Elle peut se déchirer de douleur

Quand l’enfant ardent a peur

De disparaître

D’être anéanti


Quand l’enfant agresse

Dans son monde

Se presse et s’empresse

De mordre le sein


Le métier de mère

Est le plus difficile qui soit

Il engage la soie du moi

Cette soie si fine de la maman


Quand l’enfant tresse

Ses heures de détresse

Et laboure le sein

Dans l’avidité d’un chagrin


Mais toujours

La soie si fine

Luisante de larmes

Résiste à la morsure


Le métier de mère

Est passion patiente

L’enfant s’impatiente

Mais la mère patiente

L’aime et l’attend


Le métier de mère

Est le plus difficile qui soit

Il engage la soie du moi

Cette soie si fine de la maman


Dans les larmes de l’enfant et de sa maman

Dans leur maladresse commune à se trouver

Le monde s’invente dans la brise du temps

Et l’enfant endormi caresse la soie de la maman



Mes valeurs de vie passent par la psychanalyse, par Freud, par ses adeptes. La psychanalyse m’a révélé mes lacunes, mes manques, mes béances, mes failles, mes chagrins, mes tourments, mes mensonges, mes compromis, mes éclats de rires, mais surtout mon silence. La psychanalyse m’a alors rendu la parole confisquée par l’Histoire comme par mon histoire et je suis devenue une femme bavarde : une écrivaine. Si fière de l’être, si fière d’avoir tant de choses à dire du monde et de mon monde, si fière d’être rentrée dans la ronde de tous, dans la ronde du monde comme il tourne « A la mode, à la mode, à la mode de chez nous ! . La psychanalyse m’a inventé mon histoire, sans laquelle je m’ennuyais. La psychanalyse m’a fait don de l’étrange et étrangeté d’être, m’a fait don de mes colères et m’a fait naître à mes pulsions et à mes créations. La psychanalyse, grâce à mes ratures m’a fait découvrir l’écriture, l’écriture, elle m’a déraciné de mon enfance et enfin j’ai grandi sur ma terre ronde come la terre et féconde comme mon ventre, comme ma fente, comme ma pente. J’ai roulé, j’ai roulé ma bosse, j’ai heurté des cailloux, je me suis fait des entorses et des hématomes, des plaies de partout et des cicatrices à qui veux-tu en voilà. Mais j’ai eu la merveilleuse chance de grandir, de partager, d’aimer, d’être là, présente au monde. J’ai vaincu mon absence et ma mort. La psychanalyse est une des plus belles aventures qui soient. Certains font le tour de la terre et voyagent de pays en pays ; moi, j’ai fait le tour de moi-même et j’ai voyagé dans des contrées obscures inconnues de tous, j’ai avancé à dos d’âne car je suis têtue et à dos de mots car je les aime, nichés dans le langage, mon bagage solitaire, mon bagage préféré, mon bagage d’écrivaine.


Ce que je veux dire, c’est que je ne pouvais envisager un blog sans une terre de psychanalyse. Je ne suis pas érudite mais j’aime lire. J’ai lu Freud et Lacan, Winnicott et Mélanie Klein, un peu Jung, Reich, il y a bien longtemps, en mai 68 je crois, je n’ai pas eu le temps de lire Anna Freud, j’ai lu passionnément Françoise Dolto et Alice Miller. J’ai une multitude de cahiers qui parlent de psychanalyse, j’ai usé des milliers de crayons noirs à souligner mes livres de psychanalyse, j’ai participé à des groupes de travail et à de mystérieux cartels. Bref j’ai fait fructifier à pertes de livres et de rencontres mon désir de la psychanalyse.


Et pour mon blog, j’ai choisi Winnicott. Pourquoi ? Je ne sais pas. Vous voilà déçus par ma réponse alors je vais en dire un peu plus.


J’aime Winnicott, parce qu’il est un homme de paradoxe et d’humour, de savoir et de devoir. Le devoir de mémoire de l’enfance. Ce qui le passionne Winnicott c’est le nourrisson qu’il y a en chacun de nous, le nourrisson qui n’a jamais lâché prise, le nourrisson dans ses éternelles aventures avec sa mère. C’est toujours là et ça me plaît tant que ce soit toujours là cette histoire du nourrisson que nous avons été et de notre mère que nous avons tétée (ou non) ; ça donne une autre couleur au monde, à son savoir, à ses guerres, à ses instants précieux de lumière nommés paix, à ses champs de coquelicots qu’ inventent la création.


Alors, pour vous, j’ai lu et écrit sur Winnicott et je vous invite à vous rendre sur mon blog pour le découvrir et l’approfondir mais pour vous aider, je vous invite à emprunter quatre chemins et sur ces chemins, je vous ai mis comme des bornes, certains articles que j’ai choisis pour vous introduire à Winnicott ou pour le mieux connaître si vous le connaissez déjà. Bien sûr, il y a mille façons de lire un auteur, je vous propose mes lunettes en espérant qu’elles vus conviennent en attendant que vous trouviez les vôtres.


Premier chemin : le plus long sans doute : le chemin du savoir

Deuxième chemin : une approche possible de l’illettrisme grâce à Winnicott

Troisième chemin : une approche possible de la paix grâce à Winnicott

Quatrième chemin : le champ de coquelicots : la création, le nectar de l’humanité.


En route ! Suivre le panneau Winnicott. GR passionnant que traverse un environnement généreux et sécurisant, il faudra souvent ralentir car notre enfance nous surprendra au détour du sentier, notre enfance et nos parents ; Il faut se chausser de bonnes chaussures ; le terrain est accidenté parfois, mais c’est un joli chemin qu’on peut faire en famille et avec des collègues de travail. C’est même recommandé car le nourrisson, il est aussi là au travail, entre vrai et faux self. Allez, j’en ai assez dit . Je commence. Voici les articles que je vous propose. On dit que ce sont des photos de la randonnée.


Le chemin du savoir :


Je vous propose deux articles de mon blog :


a)  F. Robert Rodman

Winnicott, sa vie, son oeuvre

Erès 2008

538 Pages



J’ai trouvé ce livre très difficile à lire.


Je prie les grands spécialistes de Winnicott de m’excuser pour mes contre sens éventuels. J’avance dans le savoir en autodidacte appliquée mais non universitaire (ou cela remonte à si loin que je n’ose m’en réclamer).


Je veux dire aussi que ce livre s’est présenté à moi avec des grandes plages d’obscurité mais aussi avec des grandes plages de lumière qui ont fait sens sur mon intelligence de fourmi laborieuse.


Il me faut signifier une fois encore que c’est du lieu de cette intelligence mais aussi de mon histoire affective que j’ai lu ce livre.


Il me faut mentionner que la lecture de ce livre s’est effectuée consciencieusement, crayon en main, chapitre par chapitre et que chaque tranche de lecture était ponctuée par un court et profond sommeil régressif, j’en suis certaine parce qu’elle me renvoyait au bébé que je fus. C’est le propre de Winnicott d’interpeller la plus petite poupée russe que nous sommes, logée dans l’adulte poupée gigogne dont j’ai parlé tant de fois.


Quelles sont dont les aventures de cette minuscule poupée qu’interpelle Winnicott via Rodman ? Les aventures de cette poupée nous sont contées dans le fil même de la vie de Winnicott. C’est une poupée de chair et de sons née de son auteur psychanalyste. L’homme qui écoutait les bébés est né en 1890 à Plymouth, est mort à Londres 1971. Il fut poète, scientifique, pédiatre, psychanalyste. Il fut passionné toute sa vie par sa recherche et mourut au travail. Son apport fut immense, critiqué ou non, il laissa une oeuvre achevée dont nous pouvons nous emparer, à condition de le faire avec respect. Ce  que j’ai tenté.


Je ne raconterai pas ce livre si difficile par l’enchevêtrement exigeant de l’inventeur que Winnicott fut et de sa vie, du psychanalyste toujours sur la brèche en relation avec toutes celles là tout autant passionnées que lui, Anna Freud,  Mélanie Klein, Joan Rivière, Hannah Segal et d’autres encore. C’est de leurs rencontres avec elles, de leurs correspondances, de leurs travaux, de leurs quêtes enfin qu’est née la passionnante élaboration, si spécifique, ne ressemblant à aucune  autre de Winnicott. Une élaboration à partir de celle Freud et de celles toutes, précédemment citées, mais une élaboration pleinement singulière, s’originant dans sa vie, dans son histoire, dans son histoire d’enfance et d’adulte. Comme pour tout chercheur d’ailleurs ; ce qu’a su montrer Rodman avec érudition et un talent d’archiviste qu’on ne peut lui dénier même si parfois me semble-t- il toutes ses archives sans concessions nous perdent un peu, voire même nous embrouillent... C’est la règle du jeu de toute biographie et une fois encore tentons là malgré les imperfections du genre.


Notre petite poupée donc, le bébé que nous fûmes. Un bébé, ses parents. La maman, surtout. La place du père oui. Mais il faut être patient, c’est l’objet des recherches bien avancées dans la vie de Winnicott. Le père reste longtemps exclu du travail de Winnicott.


Notons aussi l’importance des dessins, des squiggles de Winnicott venant là pour dire l’incomplétude de ses mots si vifs, si intenses, débordant de sens. En dire toujours plus avec les dessins enfantins, les siens.


Le bébé, la maman ne font qu’un au début de la vie. Winnicott va s’interroger toute sa vie sur la question suivante : L’enfant existe-t-il et comment avant sa première relation d’objet ? Quelle va être  la place des premières pulsions agressives, destructrices ? Quels vont être le rôle de ces dernières  dans la constitution de la réalité ? Est-ce la réalité limitant l’appropriation de l’objet  (le sein de la mère, la mère) et de la toute puissance de l’enfant qui va engendrer sa destructivité ou au contraire est-ce par sa destructivité pulsionnelle qu’il va mettre à l’épreuve la réalité qui, si elle résiste, se constituera alors. Bien évidemment poser cette question c’est poser la question du transfert et de la place de l’analyste dans la cure analytique qui, autorisant la destruction mais y résistant permet au sujet de re-trouver la réalité et de se reconstruire. C’est cette pulsion que j’appellerai pulsion « Janus », pulsion à deux têtes que Winnicott nomme « « Amour /dissension » qui constitue le possible « être » du bébé et son possible « faire ». J’ai beaucoup aimé le chapitre où Rodman nous explique les théories de Winnicott sur les modes existentiels de l’humain, du bébé, de la petite poupée : mode féminin de « l’être » et mode masculin «  du faire » et cela m’a paru un approfondissement au concept de la bisexualité développé par Freud avec bien sûr de nombreuses conséquences passionnantes dans l’élaboration du transfert mais aussi du contre-transfert. Il ne s’agit pas de parler d’homosexualité là où il y a partie constitutive de l’homme. L’analyste doit entendre et répondre à cette partie constitutive qu’il entend et ainsi permettre à l’analysant de retrouver son unité perdue par le clivage non reconnu par l’autre. Lorsqu’il sera reconnu par l’autre, alors seulement il pourra l’abandonner.


Janus à deux têtes encore avec  les études approfondies du self, (différent de la notion du MOI) quand il se fait, vrai self (cette partie de compromis pulsionnel qui s’autorise à ne pas communiquer avec l’environnement, faux self  (cette partie qui toujours communique, abandonnant la charge pulsionnelle). Un chapitre passionnant, complexe indispensable à la connaissance des théories de  Winnicott.


Indispensables aussi les notions d’aires intermédiaires  quand le bébé construit, re-trouve l’objet qui échappe à sa toute-puissance. Là s’engouffrent les notions de doudou, de culture et je pense intensément aux expériences de la mise en place de la lecture et de l’écriture.


Je m’interroge, je fais une lecture personnelle de ce chapitre sur l’aire intermédiaire qui n’engage que moi :


- Si la lecture était une possible scène pour re-trouver le livre (on perd le livre quand on se l’approprie et on re-trouve le livre quand on accepte le sens que l’auteur a voulu lui donner dans la loi symbolique du langage de tous ) ?


- Si le livre était lui même aire intermédiaire où peut se jouer la pulsion Amour/dissension ?


- Si lire était une autorisation d’une possible agressivité sublimée  et si ne pas pouvoir lire représentait des difficultés d’intégrer cette pulsion ?


- Si trop lire représentait un surplus d’agressivité ? un surplus (intégré par la sublimation) de démêlés avec la peur de ses pulsions destructrices ? Si les grands lecteurs étaient des délinquants en puissance ?


- Si on faisait une approche de l’illettrisme par une approche de textes traitant de l’agressivité ou permettant de la verbaliser ?


- Si occuper sa vacance de lecteur c’était savoir tendrement cohabiter avec sa pulsion Amour/dissension


Un peu subversif tout ça mais pourquoi pas ? Voilà qui viendrait remettre en question, le dépistage précoce de l’agressivité des bébés, car alors une prévention pourrait faire disparaître un avenir de grand chercheur ou précipiter dans la psychose des êtres fragilisés par une vie sans pitié pour eux.


A réfléchir à plusieurs... D’ailleurs en retenant ces hypothèses on retomberait sur nos pattes de la lecture de Malaise de la civilisation de Freud : lutter contre la pulsion de mort par la culture.


Je pense aussi à tous ceux là qui ont échoué à reconstruire après une enfance terrible, ne s’en sortant pas de leurs pulsions destructrices, à ceux qui s’en sortent par une surproduction de lecture, de culture, de savoir universitaire. Mais dans les deux cas (échec ou non de la sublimation) la pulsion amour/dissension est là, terriblement puissante pour ces enfants du chagrin et peut-être à tout prendre, faut-il mieux simplement en parler dans la médiation des livres et du groupe.


 Reste la question qui taraude :


Pourquoi certains s’en démêlent, pourquoi certains subliment et pourquoi d’autres non ? La réponse est sans doute à chercher du côté des travaux terminaux de Winnicott sur le père qui autorise ou non dès les premiers instants de la vie du bébé la mise en scène des pulsions destructrices de l’enfant et à l’environnement qui résiste ou non. Du côté du père suffisamment bon au côté de la mère suffisamment bonne.


A ce point il faudrait encore parler des concepts essentiels de management et d’environnement, de régression non à un stade mais à une dépendance autorisée dans l’enfance et dans la cure. Mais je ne peux tout vous raconter. A vous de lire et de découvrir.


Je veux juste vous dire que ce livre est une cathédrale structurelle de l’oeuvre de Winnicott. Difficile à appréhender mais si passionnante quand on avance de petits sommeils en petits sommeils, quand on interroge avec lucidité et courage sa propre petite poupée russe aux prises avec l’étonnante pulsion Amour/dissension, quand on cesse de dichotomiser, quand on accepter d’articuler les contraires et non de les opposer, quand on repère nos clivages essentiels parfois si protecteurs mais aussi parfois réducteurs et freins à mieux se connaître dans nos symptômes et dans nos sublimations. Bref quand on invente la paix en soi, dans le fil des jours et des livres.


Je veux dire encore que ma quête Winicottienne rejoint largement ma quête d’ateliers de lectures. Où commence la culture  commence aussi la question du traitement de la destructivité, traitement social citoyen qui vient s’appuyer en collaboration intelligente avec le traitement identitaire psychanalytique quand il pose le question de la mère suffisamment bonne mais aussi ne l’oublions surtout pas la question du père suffisamment bon dans un itinéraire commun et différentiel des parents suffisamment bons.


A suivre donc... dans nos lectures, dans nos travaux, dans nos engagements professionnels et personnels. A suivre dans notre éthique de vie et dans l’écoute de nos bébés, enfants et petits-enfants et...arrières petits enfants !



b). Adam Phillips Winnicott ou le choix de la solitude

Edition de l’Olivier penser/rêver 267 pages


Winnicott ou le choix de la solitude (1)


Je ne présente dans ce chapitre qu’un seul article concernant ce livre passionnant, mais j’invite les lecteurs à se rendre dans mon blog pour lire un ensemble d’articles concernant chaque chapitre du livre dont j’ai fait une lecture approfondie.


Ce que j’ai lu d’essentiel dans l’introduction :


Le livre commence avec en exergue une citation de Winnicott dans laquelle il dit qu’une de ses découvertes importantes fut que toute çonnaissance et compréhension du savoir présentaient des lacunes dont il n’avait pas besoin d’avoir peur.


J’aime cet exergue qui dit le manque dans le savoir qui libère l’énergie d’apprendre. Peut-être qu’enseigner c’est inscrire l’élève dans ce manque.


J’aime aussi cette notion de lacune qui revient souvent sous la plume de Winnicott. La lacune comme manque mais aussi comme espace « entre » qui laisse le champ libre à l’imagination. Le plein ne permet pas d’imaginer. C’est dans l’interstice du savoir qu’on peut créer, inventer, chercher, imaginer, sentir, effleurer, interroger, balbutier, caresser, trouver, retrouver. Dans le savoir, comme dans le soin Winnicott aime le suffisamment bon, le suffisamment plein et nous retrouvons cet adage dont je vous ai déjà parlé : « le mieux est l’ennemi du bien. », le trop est l’ennemi de la lacune et du désir potentiel.


Les lacunes de Winnicott qui fut à l’origine de sa création furent :


sa mère dépressive

la peur de son désaccord avec le père

cette façon qu’il avait d’être trop gentil

comment il fut élevé par plusieurs mères (ses sœurs)

le deuil de nombre de ses amis pendant la guerre.


C’est par nos lacunes que nous advenons homme ou femme de désir à condition que nous ne les subissions plus, que nous les reconnaissons comme telles soit à travers à la cure analytiques soit à travers l’autre qui les reconnaît.


La « Cure » et le « Care » : guérir et prendre soin. L’analyste est un hôte pour son patient. Et il prend son temps. Il donne au temps le temps, il donne au temps le temps de soigner. J’aime ce rapprochement des mots winnicottiens. Soigner c’est prendre soin, c’est reconstituer les conditions d’un bon holding dans un bon environnement, c’est créer ce qui autrefois avait fait lacune d’où la régression nécessaire à cet état de dépendance à l’aprivation lacunaire. Pour Winnicott ce qui caractérise l’homme c’est d’être un être de dépendance et ce qu’il soit homme femme et donc savoir régresser pour reconnaître cette dépendance et aménager un nouvel espace.


La recherche freudienne s’était principalement occupé de la relation à trois : père/mère/enfant mais nous dit Adam Phillipps il semblerait que Freud n’ait pas étudié le lien existant entre la pulsion et son objet. (A approfondir dans Les Essais à la sexualité) ce qui sera étudié pour la première fois par Mélanie Klein : importance du monde interne et fantasmatique de l’enfant


La recherche winnicottienne porte sur « le couple de la tétée. » Quelle belle expression est la sienne ! L’enfant selon Winnicott ne recherche pas exclusivement la satisfaction pulsionnelle interne  de l’objet mais aussi la réalité du contact avec sa mère.


Le livre approfondira largement les rapports existants dans la similitude et les différences entre Winnicott et Mélanie Klein


De ce couple de la tétée, il va étudier les phénomènes transitionnels, la créativité de l’enfant puis de l’adulte, la nature « impitoyable » de l’humain, la tendance antisociale, le vrai et le faux self. Tous ces points ne sont jamais décrits  partir de la différence des sexes. Et cela est essentiel, contrairement à Freud, la place centrale de toutes ses recherches est la relation d’objet avant la génitalité, la relation d’objet dès les premiers mois de la vie qui met en relation deux humains. Ce qu’il d’ailleurs reprend dans l’approche de la situation analytique qui est caractérisée essentiellement comme la mise en relation de deux humains.


Adam Phillips fait de Winnicott un homme en mouvement, tellement en mouvement qu’il se situe presque en situation d’effacement.


C’est un homme qui lit, qui cherche, qui pille, qui invente et c’est une fois l’invention inventée dans le temps de cette spontanéité qu’il a tant analysé avec le vrai self qu’il retrouve le lieu du pillage. C’est dans le mouvement de la vie, de la marche, de l’élaboration qu’il reconnaît  la dette, ses dettes


C’est cet homme en mouvement, homme de solitude, qui se cache et se dévoile dans ses paradoxes divers dont le plus important est le lien existant entre vrai et faux self. C’est parce qu’il est un homme de paradoxes qu’il aboutit à cet étonnant concept « d’utilisation », « d’outilisation » de l’objet dans la relation d’objet, « outilisation » qui débouchera sur les identifications possibles du nourrisson et l’accès au monde.


Ce n’est que parce qu’il est autorisé et par sa mère et par son père (voir Rodman) à haïr et à détruire l’objet qui résistera malgré tout à sa haine que le nourrisson accèdera à sa  permanence, à celle de sa mère, à celle du monde et qu’il vaincra sa peur de l’anéantissement.


Voilà ce que j’ai retenu de cette introduction à la saga winnicottienne telle que va nous la raconter Adam Phillips.


c). Donald W.Winnicott

La mère suffisamment bonne

Petite bibliothèque Payot


La mère suffisamment bonne (2)


La préoccupation maternelle  primaire (1956)


Dans cet essai Winnicott étudie :


la préoccupation maternelle primaire pour le bébé

la dépendance du petit bébé à sa maman


Par préoccupation maternelle primaire Winnicott signifie cet état de la grossesse et post grossesse dans lequel la maman se montre exclusivement tourné vers son bébé à la limite dit-il d’un état dissociatif et presque maladif. Il emploie le terme de maladie parce que la maman sort de la santé pour la recouvrer totalement ensuite. Elle est entre deux états et si l’enfant meurt, elle peut tomber dans la pathologie.


Il dit aussi que cet état de préoccupation maternelle primaire pour le bébé est nécessaire pour que l’enfant puisse vivre pleinement sa dépendance et son sentiment de continuité d’exister. S’il y a carence ce sentiment est remis en question avec sentiment d’annihilation mais non de frustration. C’est une relation silencieuse qui s’instaure alors entre le bébé et la maman. L’enfant à ce stade ne vit pas la frustration comme le pense Anna Freud et s’il résiste à ce sentiment d’annihilation, s’il retrouve la plénitude de la relation avec la maman il vit une nouvelle confiance dans l’environnement. Les menaces d’engloutissement ne se sont pas réalisées et il se remet. On ne peut donc parler de frustration dit Winnicott. Au début de la vie la mère déficiente n’est pas reconnue comme frustrante. Ce qui est premier c’est le sentiment de dépendance à la mère, ce sentiment que, homme ou femme on oublie tous, en se souvenant toujours dans la mémoire inconsciente faisant naître la peur.


C’est la préoccupation maternelle primaire qui permettra au bébé de se constituer dans un vrai self progressivement autonome intégrant motricité, vie pulsionnelle, intériorisation d’un environnement passager mais bienfaisant, avec des périodes de repos malgré les défaillances maternelles


Parfois la mère ne peut vivre pleinement la préoccupation maternelle primaire et ainsi à la naissance du bébé elle va tenter de « rattraper » en gâtant trop le bébé, en ayant dit Winnicott une attitude de thérapeute ; le bébé se construit un faux self pour faire face « au manque » et aux décharges pulsionnelles qu’il ne peut intégrer. Le faux self va l’aider à se débarrasser de ses expériences instinctuelles non satisfaisantes mais nous dit Winnicott il ne fait que gagner du temps sans rien résoudre réellement rendant plus difficile la ligne de partage entre l’instauration de la maturité du moi acceptant les expériences instinctuelles pour le renforcer et l’immaturité du moi quand les menaces d’annihilation trop fortes démembrent le moi.


Winnicott conclue son article en écrivant combien la préoccupation maternelle primaire est nécessaire pour bien démarrer dans la vie. MJC


Avant de quitter ce chemin, si brièvement emprunté, je veux signifier combien Winnicott présente plusieurs registres de lecture : simple, il parle parfois en homme du monde et complexe car c’est un homme de grande érudition. Le lire toujours crayon en main, son enfance là, dans le cœur et dans le regard. C’est à ce prix que l’on pourra admirer le splendide paysage du savoir Winnicottien.


Je ne quitterai pas ce chemin sans avoir indiqué Les N° 39 et 43 des revues Spirales coordonnées par Patrick Ben Soussan (Erès)


       2 Une approche possible de l’illettrisme grâce à Winnicott


Avidité


Ceux qui lisent mon blog régulièrement ont sans doute remarqué que je suis aux prises avec le temps de la vieillesse et de la mémoire qui s’efface. C’est dans ce temps là de la déstructuration de l’être  que j’ai choisi de lire Winnicott, lire et approfondir. Je demeure convaincue que nous ne lisons pas n’importe quel auteur en n’importe quel moment. Nous sommes confrontés à une rigueur temporelle qui relève de la nécessité. Lire est un acte nécessaire.


Je lis Winnicott avec avidité. Avidité concept clé winnicottien. L’enfant est avide du sein maternel dans un processus primaire vital, aux confins  de l’agressivité. Winnicott décrit l’enfant comme impitoyable. Lorsque je lis Winnicott avec avidité, je laisse cours à une possible agressivité qui m’est nécessaire pour affronter la situation périlleuse qui est la mienne en ce moment et qui me renvoie à ma propre vieillesse.


Il y a un concept que j’aime beaucoup chez Winnicott c’est son concept de processus qui introduit la notion d’une dynamique du temps. Donner au temps le temps ; c’est cela lire et créer sa lecture. Feuilleter le livre avec avidité, soutenir l’agressivité mais aussi la lenteur pour assimiler le livre. Paradoxe. Autre concept clé winnicottien. Avancer de paradoxe en paradoxe ; Winnicott ne démontre jamais. Une démonstration introduit du temps figé. Il avance pas à pas sur les galets de ses paradoxes. Winnicott est un homme en mouvement entre nouveauté et conformisme. Il enfile les perles du déjà là de l’inconscient  pour le révéler (Métaphore d’ Adam Phillips / Winnicott ou le choix de la solitude). J’utiliserai la même métaphore pour la lecture. Le lecteur enfile les perles du sens déjà là du livre pour le révéler.


«  le révéler » lui,  le livre et lui,  le sujet lisant. Pour reprendre la notion si riche de processus, je dirai que lire est un processus. Nous sommes bien plus « lisant » que « lire ». Apprendre à lire à l’autre c’est l’introduire dans ce processus de « lisant le livre » qui parfois peut faire peur nous ramenant à une peur archaïque du mouvement.


« Je sais » un autre concept clé de Winnicott c’est le concept de capacité. Capacité d’être seul, capacité de lire qui introduit le sujet de l’action ainsi être capable de lire ce n’est pas seulement s’approprier un code c’est s’approprier un processus qui nous situe sujet de l’acte de lire.


Lire, être avide mais sans trop. Bousculer le sens du livre mais sans le détruire. Dans les moments de grande anxiété je me sais bousculant l’auteur et le prix de cela est l’amnésie du sens de ce que je lis. Si je veux réellement travailler un auteur, je dois me soumettre à la lenteur de ma lecture, lenteur que je m’oblige en écrivant.


Vous savez, vous avez tous vu un bébé téter. Dans les premières cinq minutes,  il se jette goulûment sur le sein puis peu à peu ralentit et s’autorise à jouer avec le sein, à le palper, à le lâcher, à le retrouver. Lorsque je lis, je fais un peu cela : je suis impitoyable avec l’auteur, je me jette goulûment dessus, puis je ralentis ma lecture, je joue avec (j’écris). Si le livre a résisté à ma fébrilité, je vais pouvoir approfondir et découvrir l’auteur ; j’en serai récompensée par ce qu’il me révèlera de moi-même.


Ce que je voulais vous dire aujourd’hui c’est que lire c’est téter. En ce moment, je tête Winnicott parce que j’ai très peur de la vieillesse et de perdre la mémoire. Alors, ma lecture de Winnicott me révèle le bébé que j’ai été, que je suis encore et cela m’apaise au point comme je vous l’ai dit dans un autre article de faire des petits sommes. Ce matin, ce qui m’a fait dormir c’est quand j’ai lu que l’avidité était essentielle aux activités humaines parce qu’elle introduisait la notion d’amour dans tout ce nous faisons. Je trouve cela si simple et si splendide que je m’assoupis de plaisir.


Lire c’est téter, lire c’est aimer, lire c’est se reconnaître être de plaisir.


Assez joué, je me remets à la passionnante lecture de Winnicott ou le choix de la solitude, écrit par Adam Phillips (Editions de l’Olivier. Penser rêver).


C’est cela penser c’est rêver. Penser c’est téter.


Dis moi le téteur que tu étais,  je te dirais le lecteur que tu es !


Je tète, tu tètes, il ou elle tète, nous tétons, vous tétez, ils ou elles tètent Winnicott.


Je lis, tu lis, il ou elle lit, nous lisons, vous lisez, ils ou elles lisent Winicott


Avec avidité !


Une approche possible de la paix grâce à Winnicott


a) Quelques mots vers la paix

Un essai de Philippe Sollers

Eloge de l’Infini

Le pessimisme de Freud

P.490-493

nrf Gallimard 2001

 

Le sujet de cet essai très intéressant est le travail de Freud intitulé Malaise dans la civilisation.

Je situe ma lecture dans la catégorie Winnicott parce que Malaise dans la civilisation interpelle créativité, culture et pulsion de mort, thèmes d’élaboration chers à Winnicott et d’une certaine façon à Philippe Sollers comme en témoigne son essai.

  Il rappelle de façon judicieuse l’année et le lieu où fut écrit Malaise dans la civilisation : 1929 tout près de Berchtesgaden, le futur repaire d’Hitler. Un an plus tard, les nazis font leur entrée en force au Reichstag. En 1936, les livres de Freud sont brûlés, En 1939 Freud quitte Vienne et s’exile à Londres où il mourra.

Freud, la psychanalyse seront toujours et encore maintenant l’objet de résistances et d’attaques virulentes et désespérantes. Pourquoi :

 

Freud interpelle le bien-fondé des religions.

Freud se saisit de l’enfant angelot pour en faire un lieu de pulsions sexuelles et de tragédies oedipiennes

Freud en finit une fois pour toute avec le manichéisme bienfaisant du bien et du mal : l’homme est siège de pulsions de mort et de vie qui s’affrontent dans des conflits douloureux mais qui signifie son humanité

Freud introduit à la dénonciation de tous les racismes confondus et des totalitarismes, voire même révolutionnaires violents par sa sagesse et son éthique naît de l’approche du monde par pulsions de vie et de morts, par pulsions sexuelles et possible sublimation de l’agressivité.

 Mais rappelle Sollers, Malaise dans la civilisation se termine, et Sollers aime la dernière phrase de ce texte, par l’interrogation sur l’issue humaine de ce combat sans merci entre Eros et Thanatos. L’agressivité serait-elle une maladie incurable de l’humanité ? L’humanité emporterait-elle une névrose incurable qui toucherait autant les hommes les plus sauvages que les hommes les plus fervents dans la paix ?

 Dans cette interrogation, presque Arendentienne, s’articulerait le pessimisme de Freud et de l’humanité toute entière.

  Ma timide lecture de Winnicott me ferait répondre à cette question si essentielle pour tout pacifiste potentiel que le sujet qui emporte l’humanité n’est pas celui de l’issue du combat mais du combat toujours possible à mener et de quelle manière le mener sans baisser les bras. Je crois que Freud comme Winnicott n’ont jamais baissé les bras ; Le premier a analysé jusqu’à plus soif le concept  difficile de sublimation, le second a analysé avec autant de persévérance le concept "aire intermédiaire" et "aire culturelle." L’un a posé des topiques toujours en mouvement et en refondation, l’autre a posé le jeu comme aidant à vivre la séparation douloureuse jusqu’à en être agressive mais dans une agressivité constituante de l’être. L’un propose de sublimer l’agressivité, l’autre propose de l’intégrer dans un processus créatif. Mais les deux sont d’accord sur un point : ne pas dénier sa propre agressivité qui, si elle est déniée se projette dramatiquement sur l’autre qui devient ennemi et la guerre commence. L’étude de ses propres pulsions agressives est le premier pas vers un monde en paix, qu’on les sublime ou qu’on les intègre. Être pacifique c’est être pacifique dans l’espace de ses engagements politiques mais aussi dans l’espace de son quotidien de sa famille, de ses amis. Le pacifisme est une histoire politique et économique mais aussi intra psychique. Il ne s’agit pas d’être optimiste ou pessimiste. Là n’est pas la question. Il s’agit d’être, au jour le jour, en s’en « dépatouillant » de son agressivité  et de son ambivalence  en les reconnaissant siennes mais constructives.

  L’histoire de l’invention de la paix est interminable, d’une issue incertaine certes mais c’est justement l’incertitude de cette issue qui doit soutenir sans relâche notre analyse de nous-même et du monde comme il tourne…

  Voilà, ce que je voulais dire du côté de Freud et de Winnicott. Du côté de la paix.

b) Agressivité, culpabilité et réparation

Donald W.Winnicott (1)

Petite Bibliothèque Payot N°491

1984, 1994, 2004.  144 pages


Ce livre est traduit de l’anglais par Madeleine Michelin et Lynn Rosaz

Cette traduction est dédiée à Jeannine Kalmanovitch.

J’en fais là une lecture du premier

Ecrit à l’intention des enseignants (1939). Article traduit par Annette Stronck-Robert in L’enfant et le monde extérieur. Le développement des relations. Paris Payot 1972


L’agressivité :


L’amour et la haine fondent la vie de l’homme et l’agressivité relève des deux. C’est ce rapport entre la vie, l’amour, la haine et l’agressivité que Winnicott étudie dans ce chapitre essentiel à la compréhension de l’enfant comme de l’adulte, qu’il soit en psychanalyse ou non sachant que chez le nourrisson on déjà, selon Winnicott, on trouve l’expression de l’amour comme de la haine, comme de l’agressivité. Agressivité primaire, agressivité secondaire  (cachée, déguisée, convertie, retravaillée)sont l’objet de ce chapitre.


Il est bon de laisser s’exprimer l’agressivité primaire dans un environnement qui l’autorise  par exemple quand l’enfant fait ses tours avec ses cubes pour le seul plaisir de la détruire. Autoriser l’enfant, être sensible à ce processus de construction alliée à une destruction immédiate.


Des exemples d’agressivité primaire :

Un enfant injurie son entourage

Une enfant mord exclusivement ceux qu’il aime

Un enfant pousse à bout ses parents

Un nourrisson mord le sein jusqu’à blesser sa mère (généralement par excitation et non par frustration.)  Mais déjà, dit Winnicott ce même nourrisson est capable de protéger l’être aimé par inhibition des pulsions agressives.


Winnicott décrit trois étapes dans le cheminement des pulsions agressives du nouveau-né :


1° Avidité : amour primaire ou amour appétit primaire.

2° Le nourrisson se rend compte que cet appétit primaire met en danger celui qu’il aime (découverte de l’absence. Il se met à haïr une partie de lui-même ou quelqu’un du monde extérieur qui peut porter cette haine.

3° Le nourrisson isole les éléments agressifs constitutifs de l’avidité. Il les réserve pour le monde extérieur, notamment pour ses colères.


Ce qui est essentiel à retenir c’est la distinction que fait Winnicott entre réalité interne et réalité externe. (taking in et taking out).


C’est dans la réalité intérieure de l’enfant que se jouent les pulsions agressives et il est essentiel de retrouver le lien entre interne et externe ( travail de l’analyse du sujet devenu adulte) et la façon dont le sujet se défend contre les difficultés pulsionnelles de son monde interne.


Comment font-ils, ces enfants là, en proie à des pulsions agressives  (couple  haine frustration ) trop importantes pour être gérées ?


Masturbation qui tente de maîtriser la trop grande excitation

Masochisme : souffre, exprime son agressivité, se fait punir apaisant ainsi sa culpabilité ; installation de la peur et appel à l’autorité de l’adulte qui trouver une attitude équilibrée entre autorité et  sentiment de sécurité avec retrait progressif et nuancé de l’autorité.

Renforcer, autoriser tout ce qui peut faire réparation parle jeu,  le travail, la création, le sport c’est à dire permettre la sublimation et sur ce point Winnicott dit quelque chose de très important :


Toute sublimation, toute création n’a de valeur que si elle ne permet pas de nier les pulsions agressives, que si au contraire on retrouve le lien avec ses pulsions agressives et la sublimation.


Il s’agit d’exploiter au mieux ses pulsions, sans les dénier, mais en les transformant.


Les racines de l’agressivité


Winnicott pose la double signification de l’agressivité :

Réaction directe ou indirecte à la frustration et renvoie à la motricité du nourrisson.

Une des sources de l’énergie de l’individu (avec l’amour)

L’agressivité apparaît dans le temps obligé ou le nourrisson distingue ce qui appartient au self et au non self (voir articles précédents du blog, catégorie Winnicott).


L’agressivité peut se manifester directement ou s’inverser, se renverser.


Distinction entre l’enfant téméraire et le craintif, entre l’enfant qui extériorise son agressivité et celui qui l’intériorise.


Distinction entre le rêve, la rêverie et le jeu.


Le jeu utilise les fantasmes, les réserves intérieures de l’agressivité pour les représenter, les symboliser, les sublimer. Le jeu est une activité essentielle pour l’enfant dans la gestion de ses pulsions agressives. Le symbolisme apparaît tôt et libérer l’enfant de trop de ses représentations agressives. Si l’environnement est favorable, l’enfant construit sa propre responsabilité de ses pulsions agressives. Il peut les intégrer dans un processus essentiel à son développement. Il peut aimer et haïr dans un même temps et construire sa vie d’enfant parce qu’il peut assumer pleinement et sans culpabilité ses contradictions. Adulte, il pourra assumer une pensée libre et paradoxale.


Une question reste essentielle : pourquoi l’enfant au début de sa vie détruit-il le monde ? Question essentielle car ces résidus de l’agressivité affective peuvent un jour autorise l’enfant devenu adulte à détruire le monde dans des guerres mortifères. Prendre en compte à temps la pensée magique de l’enfant qui veut détruire en proie à un processus naturel amour/haine constitue un acte réparateur pour l’enfant et un acte de paix pour l’adulte. L’agressivité bien « reconnue » peut être un acte d’accomplissement de l’enfant comme de l’homme mais si cette agressivité est déniée  par l’entourage, bloquant l’intégration de l’enfant, adulte, elle autorisera et engendrera  l’adulte soldat.


La psychanalyse des enfants comme des adultes est un acte de paix. Persévérer.


Enfin pour conclure, je vous invite à lire dans mon blog mes notes de lecture sur le travail passionnant de Winnicott sur la délinquance. Passionnant et original.


Oui, lire Winnicott est essentiel, j’en suis convaincue, dans cette époque où le verbe être s’efface si souvent devant le verbe avoir et où l’immédiateté l’emporte sur la mémoire provoquant alors le désastre d’une délinquance qui s’inscrit trop souvent dans un système répressif et non dans une recherche du sens de la violence de l’histoire mais aussi de l’Histoire.  J’introduis déjà mon chapitre suivant..


Et donc  :


A suivre, dans le temps de l'urgence d'humanismes MJC

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