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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 17:29

SOUS LE VOLCAN

Malcom LOWRY

Editions : Grasset (445p)

SOMBRE COMME LA TOMBE OU REPOSE MON AMI

Malcom  LOWRY

Editions Denoël (300p)

Sombre comme la tombe où repose mon ami, sous le volcan, dans l'ombre de la mort, au loin le rigaudon de l'ivrogne. Un livre. Des livres. Délivre. Le singulier d'un auteur Malcom Lowry,

On atteint Malcom Lowry de deux manières : par la mémoire ou par le regard. Ses livres se présentent différemment selon qu'on y vient par commentaire ou par rêve.

La première manière est par la mémoire. Laissons le plaisir de la lecture entier, laissons à l'auteur sa parole. Une lettre à lire comme un passeport pour le Mexique de Malcom Lowry. Le commentaire encore. Une écriture. un désir, une architecture. Une cathédrale. Une réminiscence Marcel Proust. Une oeuvre. Un triptyque que la mort a interrompu. Un jeu de miroirs entre l'auteur et ses personnages, entre les personnages eux-mêmes, à l'intérieur d'un même et d'un livre à l'autre Une descente aux enfers, au fond d'un cratère, une remontée vers la lumière, une tentative de reconstruction. Une tragédie inhumaine de l'alcoolisme dans les vapeurs du mescal et des mots. Des livres qu'on boit comme de la Tequila.

La seconde manière d'accéder à l'oeuvre est clandestine, sans passeport. On y arrive alors par le regard, en buvant lentement chaque mot. On découvre l'ivresse de lire. Avec le Consul on glisse dans un océan de ouate blanche, avec lui de quelque côté qu'on se tourne, l'abîme nous guette, tout s'effondre, dans un bruit de lave, dans le vacarme  de l'explosion de l'âme et de l'éruption du monde intérieur. De la fumée noire embrase le livre, le Consul boit, hurle à la mort, le Consul se noie, un cadavre de chien au fond d'un ravin, une descente vertigineuse. La chute. Et pourtant, Malcom Lowry remonte au coeur de son deuxième roman.  Avec Sigbjorn, il ne renonce pas à l'espoir, il n'entre plus dans la grotte aux araignées et aux mouches bleues, il n'aperçoit plus des reptiles gluants ou dorés. La compagne de son écriture, de notre lecture est une fidèle bouteille de Tequila. Une dose quotidienne indispensable. Un chapitre ou même simplement un nom couleur Mexique, le réchauffe, nous réchauffe. Le regard tremble, le mot titube, la phrase vacille. Et puis la cassure, l'incendie de sa maison. Son manuscrit brûlé. Tout recommencer. Encore boire, encore écrire. Se détruire, errer jusqu'à plus soif, faire comme si l'odeur du Mexique était familière, comme si tout cela était "semblable à cela mais pas cela"

Malcom Lowry est le guide d'une expédition périlleuse sous le volcan, le temps de son tourment, le temps de sa vie, sombre comme la tombe où repose son amour. A lire jusqu'au délirum.

Cet article a été publié dans Aujourd'hui l'alcoologie N°  45 Février 91 sous le titre : "Les livres et le désir"

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