Drancy, le 22 mars 1943
Mes chers tous
Je vous ai déjà écrit et je n’ai rien reçu. Je regrette, j’aurai voulu me rassurer avant de partir, je pense beaucoup à vous et j’espère que vous jouissez d’une parfaite santé. Ne vous faîtes pas de mauvais sang pour moi car je prends tout avec courage. Je me porte bien et chacun a son destin. Il nous reste que de prier le bon dieu pour qu’il nous réunisse et nous permette de nous revoir au complet. Je vous avertis de ne rien envoyer ni lettre ni colis car nous partons pour une destination inconnue demain. Fortunée.
(Lettre de Fortunée, adressée à sa famille, écrite la veille de son départ pour Sobibor.)
Fortunée était ma grand-mère et dans l'absence de cette grand-mère ,jamais revenue se sont engouffrées beaucoup de mes lectures.
Je vous les raconterai parmi d'autres plus heureuses.