Raphaële Milijkovitch
Paris, PUF, le fil rouge
2001, 279 P
Avant de vous parler de ce livre, je veux vous dire quelque chose.
Dans le champ de la clinique de l’enfance, nous pouvons lire avec grand intérêt différentes théories : Freud, Mélanie Klein, Anna Freud, Winnicott, Bowlby, Piaget, Wallon, Malrieu, Anzieu, Lébovici, Lacan, Françoise Dolto, Ben Soussan, Golse, Puyuelo et tant d’autres encore. Pardon auprès d’eux de ne pas les citer tous. Tous ces auteurs même si parfois, bien qu’ayant des points communs, présentent des divergences dans leur rencontre des enfants, sont à mes yeux d’égales valeurs cognitive et clinique. L’enfant est un être qui vient au monde et ne comprend rien à ce qui lui arrive, même si il a eu une douce préparation fœtale de sons et d’eau, de mots et déjà de caresses. Alors, il est vital pour lui que nous donnions sens à sa vie en apprenant à l’aimer certes, mais aussi à le respecter, en sachant être attentif à son être physique et à son âme, à lui et à son environnement. C’est ce que chacun de ses théoriciens ou cliniciens nous apprennent à faire même si il est vrai que la maman « sait déjà tout » mais son savoir « déjà tout » n’est pas toujours suffisant, parfois elle-même et son compagnon de vie ont besoin d’être « éclairés ». Alors, je perçois tous ceux que je vous ai nommés là, comme des lampes d’ambiance dans l’obscurité ponctuelle des jeunes enfants et de leurs parents ; des lampes halogènes qu’on peut régler avec intelligence et douceur pour éclairer l’environnement physique et psychique de l’enfant. Les travaux cliniques de tous, les écrits de chacun, les vignettes, les observations tracent une carte du tendre de l’enfance.
Je veux vous dire cela car dans le livre passionnant que j’ouvre pour vous aujourd’hui, l’auteure nous présente dans son introduction un historique des travaux de divers cliniciens et donc je vais m’attarder sur cette introduction avant de survoler honteusement ce livre d’un grand apport pour les parents comme pour les professionnels de la petite enfance.
Ce livre présentant la théorie de l’attachement présente tout naturellement son « créateur » car élaborer une théorie, c’est créer. Le monde est si beau des multiples créations qui l’habitent et le génèrent.
John Bowlby, contemporain de Winnicott et l’ayant côtoyé, en Angleterre pendant la seconde mondiale est né en 1907 et il est mort en 1990.
La théorie de l’attachement est un arbre qui comporte diverses racines :
- Freud,
- Winnicott
- L’éthologie
- Le darwinisme
- La cybernétique
C’est dire sa richesse composite, c’est dire son étonnant pluriel. Ce que je retiens comme essentiel dans cette théorie de l’attachement c’est sa volonté à créer un pont entre cognitif et affectif, la vie des enfants étant cela : du cognitif et de l’affectif, du symbolique aussi, étant aussi de la réalité interne et de la réalité externe, étant aussi une appartenance à une culture. Mary Ainsworth (dont j’ai déjà parlé dans cette même catégorie dans mes commentaire sur L’attachement, lien vital de Nicole Guédeney)a porté ses travaux sur l’interculturel des modèles d’attachement.
Dans cette introduction, l’auteure Raphaëlle Miljkovitch nous présente une observation d’une grande richesse de Bowlby et surtout très vivante, je vais tenter de vous la résumer sans l’appauvrir, car résumer c’est hélas souvent réduire. L’idée centrale de Bowlby dans cette observation est de mettre en évidence le rôle de la mère de l’enfant, c’est à dire son environnement psychique, c’est à dire la première relation d’objet, que Bowlby « saisit en plein vol », au moment de la séparation Mère/Laura
Freud serait-il trop axé sur les fantasmes et pas assez sur la réalité ? Voilà ce qu’interroge Bowlby qui va même jusqu’à donner de l’amour à ses jeunes patients dont ils avaient besoin. en les prenant dans ses bras. Je crois, si ma mémoire est bonne, que Ferenczi se comportait pareil avec ses patients adultes.
Notion de perte d’objet