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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 16:52

 

Au nom de la fragilité

Des mots d’écrivains

Charles Gardou

 

Avec le soutien de Tahar Ben Jelloun

 

Editions érès 2000

 

Ce livres est dédié par Charles Gardou

 

« A ceux que de longues houles malmènent

                            leur fragilité est la nôtre"

 

Oui, c’est cela, un sentiment de houle m’a envahie, ma lecture durant. Un sentiment de houle et d’amour. D’amour et de ferveur. D’amour et de gratitude pour ceux là qui ont écrit ce livre. Je les cite par ordre d’entrée en pages car leur livre est une vaste scène d’un dire de l’humain à gagner, à s’approprier, à dompter, à diffuser, à engendrer, à propulser, à imposer, à ne jamais trahir, à toujours traduire, à écrire enfin. Ce qu’ils ont fait, eux, chapitre après chapitres, dans une écriture rude et belle, dans une écriture pure, sans rature, dans une écriture caresse de l’ impossible que d’être traversé par la fragilité.

 

Eux, les auteurs. Je n’ai jamais aimé l’ordre alphabétique qui m’ennuie et que je n’ai jamais su apprivoiser. Clin d’œil au texte de Georges Perec, « Penser, Classer. »  Eux ces auteurs, que je découvre dans ma patiente tendresse qui me fait tourner une à une les pages de ce livre dont j’aime la couverture Coucher de soleil au Tchad peinture à l’huile réalisée par Nadine Toubeau, peintre malvoyante. Merci Nadine pour cet instant de rencontre entre deux êtres différents pris dans la flamboyance d’un soleil qui se couche sur votre toile.

 

Eux, je veux les nommer un à un, c’est ma dette, c’est une fête, ce sont leurs lettres :

 

Charles Gardou, Patrick Grainville, Françoise Lefèvre, Tahar Ben Jelloun ; Jean-Louis Serrano, Danièle Saint-Bois, Pia Petersen, Alain Freixe, Elisabeth Motsch, Arnaud Pontier, Anne Bihan, Michel Etiévent, Noëlle Châtelet, Patrick Ravella, Régine Detambel, Jean-Paul Gavard-Perret, Sophie Girardeau, Marieke Aucante, Ali Fekih, Sylvie Germain, Alban Gellé, Monique  Romagny-Vial, Olivia Cattan, Pierre Assouline, Catherine Neykov, Jean-Noêl Blanc, Sylvie Fabre G. Michel Layaz, Malika Bey Durif, Philippe Lefait

 

 

 

Si un bon génie me disait Marie-José fait un voeu, il sera exaucé, je dirai :

 

« Mon bon génie, fais les moi, tous rencontrer, un à un ou tous ensemble dans une fête des cœurs en partance vers un monde presque meilleur. »

 

Mais pour vous, chers inventeurs je vais apprivoiser la houle de mon cœur pour votre transmettre l’or fragile de ce livre que j’ai tant aimé et découvert dans la douce lenteur du temps.

 

Apprivoiser veut dire vous transmettre la charpente étonnante de ce livre qui en abrite en trois et que je nommerai ainsi

 

1)     Au nom de l’intelligence : l’identité au risque d’écrire

2)     Au nom de la sensibilité : l’identité au risque d’aimer

3)     Au nom de la fragilité : l’identité au risque de raconter

 

Oui, les auteurs de ce livres ont pris ces trois risques qui sont traduits dans le livre par trois caractères d’imprimerie différents, par trois temps, qui comme des refrains, habitent chaque chapitre :

 

-         Un temps où l’écrivain est présenté par ses travaux, par ses livres, par son chemin. Cela constitue un trésor bibliographique précieux et tant pis, je l’avoue c’est ce trésor là que j’ai préféré car il m’a fait rêvé de l’intelligence des livres et du partage possible, car dans ma tête, déjà trottaient de riches ateliers de lectures avec tous traversés de fragilité ou non. Ensemble dans une douce hétérogénéité. Je n’aime ni l’ordre alphabétique, ni les catégories. J’aime quand les livres mélangent tout à la façon d’un Prévert et surtout quand ils nous mélangent aux prise avec ce laborieux verbe « exister ».

 

-         Un temps où l’écrivain prend le risque de nous parler de son engagement dans l’ouvrage, dans sa réponse à la sollicitation de Charles Gardou, dans sa rencontre toujours très personnelle avec ce qui parfois fait fragilité chez les humains

 

-         Un temps où l’écrivain prend le risque d’un récit et d’allier la poésie à la tragédie. J’ai pensé au questionnement qui existe sur la Shoah : peut-on l’aborder par la littérature ?  Le handicap, tragédie noire de l’humain peut-il être abordée par l’écriture, la très belle écriture ? Proust a traversé ma lecture : La littérature c’est la vraie vie, écrit-il. Cette pensée proustienne si paradoxale, m’échappe toujours, comme une savonnette. J’irai voir ce soir. C’est dans Le Temps retrouvé.

 

Ces trois temps, ces trois risques, ces poupées gigognes font de ce livre un tremplin incontournable pour tous les professionnels du handicap mais aussi pour les tous autres qui veulent vivre leur identité au risque d’être.

 

Au risque d’être fragile.

 

Un risque difficile à prendre dans notre société du clinquant de l’avoir, du gagnant et du dévitalisé qui nous dévalise chaque jour du possible bonheur d’exister même dans la fragilité. C’est cela qui m’a frappé dans les récits qui se succèdent, c’est la petite musique de vie qu’ils ont tous, entre humour et tendresse. Je ne sais pas pourquoi, j’ai pensé au Printemps de Vivaldi. Quelque chose de doux qui porte de l’espoir.

 

Merci à tous pour tant de talent et de sensibilité, pour tant de risques conjugués pour exister dans l’écriture et pour signifier qu’être fragile c’est être avant tout vivant.

 

Merci à Charles Gardou pour tant de travail dans un engagement qui signe une éthique sans faille :  l’existence au risque de la vulnérabilité.

Reconnue et respectée. MJA

 

 

 

 

 

 

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