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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 08:59

 

 Dans le silence de l’été

Plane l’inquiétude

Pour elle autrefois si vivante

La mère

Autrefois si souvent colère

 

Dans le silence de l’été

Elle ferme les yeux

Son corps épuisé

Ne bouge plus

Et comme nous elle attend

 

Dans le silence de l’été

Je sais sa vie presque écoulée

Dans le temps qui fuit

Le cœur oppressé

Je sais le temps qui s’enfuit

 

Dans le silence de l’été

Je sais sa fatigue

D’une longue vie de femme

Qui a tant été

Qui a tant donné

 

Dans le silence de l’été

Je sais la béance

De son silence

Et je me tais

Sachant combien elle est

 

Femme

 

Dans le silence de l’été

Je sais le temps immobile

Un silence noué

De nos vies trouées

Par le sablier trop certain

 

  Dans le silence de l’été

Je sais toutes ces années

Depuis que je suis née

Je sais ma vie

Je sais ma famille

 

Dans le silence de l’été

Je me sais femme

Près de cette femme

Je me sais comme elle

Depuis si longtemps

 

Epouse et Mère

 

Dans le silence de l’été

Je sais le temps en suspens

Sur ses yeux clos

Sur ce qui en elle

Ne veut plus bouger

 

Elle a tant marché

Le cœur toujours battant

Ses courses à faire

Tant de repas à préparer

Pour nous toujours pour nous

 

Dans le silence de l’été

J’entends l’autrefois de ses mots

Toujours en marche vers la vie

Qui en elle s’écoulait

Hiver comme été

 

Dans le silence de l’été

Je sais mes remords

Devant sa presque mort

Je sais de toujours nos malentendus

Je sais cette peur qui me mord

 

Dans le silence de l’été

Nuit et jour j’écrirai

Un poème long comme sa vie

Pour dire le temps de tout recommencer

De tout réinventer

Dans le silence de l’été

Je frôle ce qu’elle était

Du temps où elle bougeait

Femme mère épouse amie

Comme moi femme multiple

 

Dans le silence de l’été

Je sais l’impossible mouvement

D’une femme autrefois

Qui n’était que mouvement

Et long frémissement

 

Dans le silence de l’été

Je sais ma seule vérité

Aimer aimer aimer

A perte de mouvements

Sans jamais perdre de temps

 

Dans le silence de l’été

J’écris un long poème

Pour dire à cette femme

L’honneur  d’avoir partagé

Dans le bruit de tant de saisons

 

Nos vies.

 

MJA Recueil inédit 2009 : Le Temps rompu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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