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20 mai 2009 3 20 /05 /mai /2009 12:31

Winnicott ou le choix de la solitude (2)

 

Adam Phillips Winnicott ou le choix de la solitude

Edition de l’Olivier penser/rêver 267 pages

 

Ce que j’ai lu d’essentiel dans le chapitre I intitulé « Ce que nous appellons le commencement » :

 

Comment Mourir


Winnicott a rédigé dans les dernières années de sa vie une autobiographie « Pas moins que tout » dans lequel il écrit qu’il était en vie quand il mourut et qu’il était un énorme cristal dont la vie et la mort étaient des facettes.

 

(Google : autobiographie de Winnicott : La crainte de l’effondrement et autres situations cliniques  DW Winnicott 1989 Paris, Gallimard. 373 pages. Tr. fr. 2000.)


Ce chapitre commence par une citation de T.S Eliot qui pointe la dialectique entre fin, début, départ


Ainsi Winnicott met en relation la naissance et la mort. Si nous avons peur de notre mort comme effondrement ultime c’est que nous avons déjà connu un tel effondrement –celui  de  notre naissance-  mais surtout celui de notre mort psychique que nous avons connu lors de notre première séparation d’avec notre mère. Ce que Winnicott appelle : « l’angoisse disséquante primitive » qui témoigne d’une déprivation première immense.

 

J’ai cherché dans le dictionnaire la différence entre déprivation et privation :

 

Déprivation manque de quelque chose de spécifique

Privation : manque de quelque chose non précisé

 

Quand la déprivation est trop immense l’enfant ne peut ni la saisir ni la fuir. Elle fait lacune. L’intolérable absence de la mère altère la capacité d’intégration du nourrisson et cette lacune « en suspens de lui-même » (expression de moi et non de Winnicott se retrouve là, intacte dans la grande poupée gigogne de l’adulte qu’il est devenu qui recherche à revivre dans le futur cette expérience passée. La lacune a fait interruption dans l’expérience du bébé et Winnicott décrit l’inconscient comme lieu de la totalité des lacunes ou interruptions connues dans l’enfance, comme lieu de conservation des privations rencontrées. La psychanalyse est une sorte de disjoncteur (expression de moi) qui remet le courant interrompu en marche, qui permet de retrouver les lacunes et de permettre l’intégration qui avait échoué quand nous étions nourrisson. L’analyse rétablit la continuité perdue dans l’enfance.

 

Ainsi Winnicott définit la vie : nous avançons entre continuité et lacunes, entre intégration et effondrement. La mort est notre dernier effondrement, notre dernier acte non conforme. La mort n’est pas notre point final mais notre point de commencement.

 

Comment grandir

 

Winnicott est né le 7 avril 1896 à Plymouth dans le Devon. Il grandit élevé par ses deux sœurs aînées , une nourrice et une gouvernante qui remplacèrent la mère par trop dépressive. Son père était une homme d’affaires occupé par son travail (vente de dessous féminin). Il fut deux fois maire de Plymouth, directeur de la Commission de l’hôpital de la ville et il reçut le titre de citoyen d’honneur en 1934, mais il avait connu des difficultés scolaires et « un manque d’éducation ».

 

Ainsi Winnicott brigue peu « la chose intellectuelle » et cite plus souvent ses patient que des grands auteurs et ne cherche jamais à convertir ses lecteurs. Il veut leur être accessible, c’est tout. Il avait confiance dans la vulgarisation de ses écrits. Il préférait le langage de tous à celui des spécialistes. Il avait une position originale (avec laquelle je suis complètement d’accord). Nous avons les mêmes capacités intellectuelles quel que soit notre âges, seuls varient nos pôles d’intérêt.

 

Un jour, à la table familiale, il prononça le juron « Morbleu » ce qui déplut au père qui l’envoya en pension. Il avait 13 ans. Wiinnicott a le vécu d’un père fort, autoritaire, voire m^me humiliant (voir son autobiographie). Dans la théorie qu’il a élaboré tout au long de sa vie, le père est présenté souvent comme insipide ou résolument bienveillante. Quand il s’agit de réparation pour l’enfant ce n’est jamais le père qui répare mais la mise en place d’une aire intermédiaire entre la mère et l’enfant.

 

Quand à la mère, elle est dépressive. Très beau poème  qui dit  la mère en larme, comme un arbre mort et l’enfant sur ses genoux qui voulait la rendre vivante. Adam Phillips fait une analyse clinique émouvante de ce poème et montre comment l’enfant a pu se sentir abandonné. C’est à partir de là sans doute que Winnicott élabora l’importance du Holding pour l’enfant et l’importance de la mère réelle et de l’environnement du jeune enfant, voire même du nourrisson.

 

Puis vint la guerre et la perte des amis. Les deuils qui allaient hanter la vie durant Winnicott.

 

En 1920, il obtient sa spécialisation de médecine.

 

A 23 ans il lit Freud.

 

Sa vie durant, il élabore la notion essentielle de processus de développement du patient. Le patient grandit en s’inscrivant dans un processus.

 

L’interprétation a pour fonction de faciliter le processus de développement du nourrisson devenu adulte.

 

C’est dans le déroulement même de sa vie que Winnicott a élaboré son savoir de chercheur à l’écoute des bébés qui un jour deviennent grands.

 

Adam Phillipps développent cette idée avec clarté dans ce chapitre là.

 

A suivre…

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