Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 16:08
  Cadeau !


25. Post-Alpha


J’ai écrit ce texte au sortir d’un atelier de lecture Post-Alpha, en avril 2002, mais dans l’éternité qu’est-ce qu’une date ? Dans le recommencement des guerres, hélas ce poème peut toujours s’écrire pour décrire un atelier de lecture parmi d’autres.


POST –ALPHA

            Un printemps blanc

            qui dirait le sang

            qui dirait les peines

            impossibles fleurs

            quand toi mon frère

            tu meurs

            tu erres.

            A toi, par toi, par ton regard

            je suis liée.

            Dans ce printemps blanc,

            dans mon atelier

            je t’écoute lire.

            Je te sais somalien, irakien, bosniaque, kurde, serbe, albanais du Kosovo, algérien. Je te sais de toutes religions ou même athée. Chaque instant de ta vie est un instant qui ne peut connaître que mort ou exil. Civils qui tombent dans la fureur stupide de l’explosion d’une bombe, civils qui s écroulent dans une fusillade, un enfant dans les bras de son père, des jeunes dans une pizzeria,  des charniers en Bosnie, des milliers de morts en Somalie. Terrible sort des civils innocents. Enumération impossible, tragique qui s’écrit dans mon cœur. La nuit, je pleure. Hommes et femmes de tous pays pleurons ! Impossible paix…

 

            Je te sais en guerre, mon frère, ma sœur, mon amie et sur mon tableau vert, je t’apprends les temps « passé, présent, futur », je t’apprends les mots que dans ta langue tu connais, que dans ma langue tu méconnais. Ces mots que nous partageons comme le pain, comme la vie. Nous parlons de ta ville, de ta campagne, de tes montagnes. Nous parlons religions. De toutes les religions. Nous parlons coutumes. De toutes les coutumes. Nous parlons des jours de toujours, des douleurs et des peurs de tous.


            Nous parlons de ce printemps blanc

            ce printemps de sang

            Les morts en Israël

            Les morts en Palestine

            Surtout ne pas les mettre dos à dos

            Ou en face à face

            Un mort n’est pas égal à un mort,

            Respecter la douleur

l’incommensurable de la mort à partir de un

            Il n’y a pas une arithmétique des morts

            il y a des êtres chers à tout jamais disparus

            un visage effacé, un corps évanoui.

            Ne plus tuer.

Pleurer, le dire, pleurer encore

l’impossible mort


Ce printemps est blanc.

un printemps de sang.

Nanterre.

Silence on enterre.

Un printemps dans mon cœur

tout meurt et j’en pleure.


Un printemps blanc qui dit le sang

je renonce à inventer la paix

c’est trop dur.


Je les sais si nombreux ceux-là

qui pas à pas, sûrs d’avoir raison

détruisent ta maison

Je ne peux plus lutter

contre cette déraison

que dicte la raison.


Dans ce printemps blanc

dans ce printemps de sang

j’aurai voulu que le blanc

soit de mon jardin la couleur des lilas

Mais cela n’est pas.

j’en meure et j’en pleure.


Dans ce printemps blanc

j’échoue à inventer l’espoir

mon regard heurte les couleurs de la saison des bourgeons.

mais ne peut recueillir ni les couleurs, ni les bourgeons.

Reste à accueillir, dans le temps de lire

vos regards à tous, mes frères, mes sœurs, mes ami(e)s,

stagiaires de ce groupe post-Alpha, à qui je dédie ce poème,

à qui je dis mon admiration et mon respect.


Par ce poème retrouvé, il est maintenant possible, de continuer à dire nos mots, à  les échanger, à les partager de bouche en bouche, comme des baisers, de cœurs en cœurs dans le corps à corps de nos vies, dans le mouvement des ateliers de lectures. La vie reprend, la vie continue …

A demain,




Partager cet article
Repost0

commentaires