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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 08:37

Albert Einstein et de Sigmund Freud
Pourquoi la guerre ?
Rivages Poches/Petites bibliothèque
2005


Albert Memmi

La dépendance

Gallimard 1979

Folio essais


Film de Youssef Chahine

Le Destin

Prix du 50ème anniversaire

Cannes 97

Ce petit livre de 65 pages de Freud et D’Einstein est à lui seul une bibliothèque de livres pour la paix. Ce livre ouvre sous nos regards attentifs des chemins de connaissance : le droit, la politique, l’histoire, la philosophie, la mythologie. Nous pensons tour à tour à Marx, à Jean-Pierre Vernant, à Hannah Arendt, aux auteurs qui nous ont conté l’histoire de Rome ou de la Grèce, nous pensons aux guerres de religions ou au conquistadors. Et soudain s’ouvre sous nos pieds le gouffre de la seconde guerre mondiale.

Un livre qui a une histoire, celle de la rencontre de deux hommes juifs de génie en Europe, dans une période violente : les années 30.

Un livre, une correspondance poignante d’intelligence. Une correspondance dans le cadre de la Société des Nations dont Einstein a souhaité démissionné à plusieurs reprises pour plusieurs raisons, la principale étant qu’en tant que juif il ne pouvait représenter l’Allemagne. Une correspondance dans le cadre de l’Histoire. 27 février 1933 : incendie du Rechstag, une correspondance qui deviendra un cadeau de Freud à Mussolini, une correspondance qui deviendra dans l’histoire des hommes un lieu d’interrogations sur la guerre, sur la paix.

Plus, je relis ce livre plus j’ai envie de le relire, il est d’une telle richesse, d’une telle intelligence, d’une telle simplicité ! Mais il est aussi un livre complexe, parce que l’humanité est complexe ; à chaque fois que vient le temps de le fermer et de reprendre mon chemin, je reste un long moment,  pensive comme si ce livre à lui seul pouvait m’aider dans mon interrogation immobile et désespérée de toujours : pourquoi la guerre ?

Pourquoi la guerre ? Pourquoi la violence ? Pourquoi le droit ? Pourquoi la force ? Pourquoi les communautés ? Pourquoi des intérêts pour les pays ? Pourquoi l’histoire ? Pourquoi la paix si difficile, partout et de tous temps? Me voici l’enfant égrainant devant mes parents perplexes mes Pourquoi ? Et point par point, Einstein puis Freud déclinent ces pourquoi et moi, à chaque fois le sens m’échappe mais j’y reviens fascinée mon crayon en main. Je trouve ce livre terriblement dur à lire dans son apparente simplicité peut-être parce que tout simplement il me renvoie à ma propre violence, à ma propre pulsion de mort moi la pacifique, moi la vivante. Il y a là quelque chose que je ne peux nouer dans l’intelligence du livre. Qu’est que j’oublie là chaque fois dans ma nouvelle lecture de « Pourquoi la guerre ? » Qu’est que j’échoue à vous transmettre de ce livre que j’aime tant ? Je ne sais pas. J’échoue à le transmettre mais comme j’aimerai le partager, comme j’aimerai ne pas être désespérée en lisant la conclusion de Freud ayant trait à la force de la culture pour canaliser la pulsion de mort, comme j’aimerai ne pas être désespérée et être convaincue par l’assertion de Freud que la culture travaille pour la Paix ! Mais je ne sais pas. L’Allemagne, l’Autriche n’étaient-elles pas des nations cultivées ? Combien de fois me suis-je heurtée à cette question -là, les larmes aux yeux ? Alors à ma façon de femme, à ma façon de lectrice, à ma façon, autrefois,  d’animatrice d’ateliers de lectures, une fois de plus je réponds que: l’essentiel n’est pas la culture, (trop souvent la culture d’une élite sociale) mais la culture parlée par tous, humbles et grands, la culture sans l’exclusion des mots et des affects qu’elle emporte, la culture à l’écoute de la tendresse de celui qui la porte, de ceux qui l’inventent. Les ateliers de lectures ne peuvent-ils pas être des lieux de culture mais aussi des espaces-temps pour tous, parlant ensemble les mots des livres, tous au travail du meilleur de l’humain : les livres.

Pourquoi la guerre ? Parce que les hommes inscrits dans la relativité du temps et de l’espace ne savent ni lire ni parler pour cause d’inconscient et de solitude,  pour cause du langage qui toujours nous trahit, pour cause d’un temps non partagé, pour cause de haine toujours à l’œuvre, pour cause d’argent,  pour cause de sang, pour cause du firmament non regardé,  d’étoiles évincées, de lune piétinée.


Mais aussi, il faut lire Albert Memmi et son essai sur la dépendance et la domination.  Le désir de guerre c’est aussi le désir de dominer ou de rompre les liens avec une cruelle dépendance. Memmi nous fait souvenir combien l’homme ne veut jamais dépendre d’un autre homme ou d’autres hommes. Serait-ce là  une définition de la liberté ?  Memmi, citons-le écrit, comme dernière phrase de son livre, « Décidément comme dirait le philosophe, l’homme est un être-avec, un être-en-relation… » Un point de suspension termine le livre de Memmi.


Mais avant determiner cette note, je veux me souvenir de Youssef Chahine et de son son merveilleux film Le Destin. Les livres et la paix. Combien la musique de ce film est belle tant par ses mots que par ses images que par ses notes !Un film qui dit non à l'intégrisme. comme l'ensemble de son oeuvre. Un film qui dit les livres.


Un point de suspension terminera donc cette note de lecture et mon espérance utopique  en la paix, mon refus de la guerre…


Marie-José Annenkov

 

 

 

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