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11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 15:04


 

 

      " Faut-il nommer le bonheur quand il passe ? " P. Delerm.

 

      " Il y a les Norvégiens, Christian Krohg et Christian Skredsvig. Il y a évidemment Karl Nordström, qui a fait découvrir Grez à Carl Larsson. Tous n'en finissent pas de peindre le potager de la mère Morot, le champ du père Martin, les bords du Loing surtout, avec leurs tous petits lavoirs Et puis, il  y a l'écrivain. August Strindberg, installé à la pension Laurent avec son épouse, et qui rédige un livre sur les paysans français  "

      Au centre de la toile, Soren Kroyer, Carl Larssen et sa femme  Karine et enfin Ulrik Tercier, le seul qui ne soit pas peintre. L'ami chéri de tous et qui  les chérit tous. Il est à leur côté à Grez-sur-Loing, à Sundborn au Danemark, à Skagen en Suède.  Il a dix huit ans quand l'aventure de leur amitié commune commence. Lui, " le non-peintre ",  les regarde célébrer la vie dans la poussière lumineuse du jour qui s'étale au sortir d'une forêt, au bord d'un lac immobile, dans l'eau bleue du ciel, dans la lumière toujours réinventée du jour naissant ou du soleil couchant  Pour tous ces peintres du Nord, peindre  c'est exprimer le bonheur, les fêtes, les instants captifs volés à l'éternité dans la coulée des jours paisibles ; peindre c'est nommer l'harmonie Ulrik vit à l'ombre de cette harmonie là, si précieuse, si parfaite. Leur peinture à tous saisit l'ombre chatoyante de la seconde qui passe dans les saisons changeantes dans le temps d'une glycine odorante ou d'un tapis de feuilles ocres.  Leurs toiles laissent voir ou deviner des paysages de brumes ou un carré d'iris sous la pluie, des pétales de roses ou de neige, une nature frémissante de vérité et de rêves. Tendre la main et ne jamais l'atteindre, regarder et fondre d'amour devant tant de beauté, devant tant de perfection. Perfection aussi des années qui passent. Maternités de Karine.   Puis l'amour d'Ulrik et de Julia, la meilleure amie de Karine. Peintre elle aussi. Peintre dans la tourmente. Rencontre de tous avec Monet. L'aventure de la peinture et de l'amitié continue.  Mais s'ils sont peintres, s'ils sont amis et amants,  mari et femme; ils sont humains. Cœurs en mouvements, de silences en paroles ils creusent leurs malentendus, leurs séparation. Eternel envers du décor. Le prix à payer pour ne pas être des statues mais pour être des êtres de chair, terriblement imparfaits mais terriblement attachants.

      Attachants ils le sont tous, par leur création, dans leurs passions, dans leur conflits. Et ce à travers le regard aimant d'Ulrik qui les regarde avec son âme fragile, peindre, créer, aimer, se séparer et même mourir. Des verbes qu'ils ont peint, ces peintres du Nord. Coulent la lumière des mots de Delerm, coulent la clarté de leurs teintes, chavirent les nuances. Ils sont tous là, heureux.

      Je lis et déjà j'oublie. Captive des pages infiniment légères, j'ai envie de relire le livre à peine refermé. Il est pour moi, comme un chemin qui m'invente lumineuse et heureuse. L'instant est possible dans cette écriture gorgée de bonheur présent. Oui, le bonheur me semble-t-il, il faut le nommer quand il passe...

 

      Bonne lecture ! Bonne été, déjà à portée de main ! MJA

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