Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 18:28
La Jalousie

Délices et tourments

Marcianne Blévis

Seuil, mars 2006

(206 pages)

(2)

 

Jaloux, jalouses

(Page 13-24)

 

Ces quelques pages se situent avant le chapitre 1 et les suivants. Je les pressens comme une hypothèse du livre, une hypothèse qui va se déployer dans les strates des chapitres, dans les pages d’un savoir psychanalytique qui nous attend, alors lentement progressons,  avec l’auteure cherchons, dans l’espoir de trouver du meilleur pour permettre aux jaloux, jalouses de « s'y retrouver » au seuil de leur fenêtre ouverte sur leur désarroi, aux formes de l’attente et de la possession, pour permettre à leurs victimes de souffler et de « s’y retrouver » objet d’amour et de respect.

Il était une fois une fenêtre, une toute petite fenêtre en Andalousie, celle qui cache ou introduit au regard de l’autre et qu’on appelle « jalousie ». Quand le regard se fait sujet du verbe dominer. c’est ce que nous questionnons au cœur du chapitre. Et si la jalousie était une histoire de regard sur soi ou sur l’autre, « de blessure du partir » ou de « blessure du mépris » ? Quand ça fait mal de ne pas comprendre ce qui rive à l’autre dans un suspens incontournable et  insupportable, dans un désarroi pour le jaloux comme pour le jalousé. Jusqu’à la rupture.

Il était une fois une attente. Un regard rivé sur l’autre par peur de le perdre et je ne sais pas pourquoi, j’associe durant toute la lecture de ces pages avec ma lecture en cours sur la théorie de l’attachement et notamment sur le chapitre présenté ce jour intitulé « l’attachement un lien vital (4) ; j’associe particulièrement sur le passage lu, relatif au modèle d’attachement « insécure Ambivalent /Résistant quand la terreur de perdre la figure d’attachement rive désespérément le sujet à cet objet  si insécure. Je dis bien j’associe, je ne dis pas c’est cela. Mais je suis toujours intéressée par le cheminement de mes lectures, mes intuitions de lectrice. Et si j’avais pressenti un lien clinique entre ce livre de Marcianne et le livre Nicole Guedeney ? Allez ! une piste pour inventer votre lecture ou la mienne !

L’auteure, quand à elle, insiste et attire notre attention sur le lien d’enfance, « la langue d’enfance », comme elle l’écrit si joliment,  et le vécu des jaloux, ne disons pas le jaloux, car des jaloux, jalouses, il y en existe de toutes sortes, avec des souffrances et des symptômes différents, avec des problématiques infantiles différentes, au père, à la mère, à la fratrie, mais dès ce prélude Marcianne, psychanalyste, attire notre attention sur la nécessité de retrouver le sens de cette « langue d’enfance » qui vient du fond de leur préhistoire ou de leur histoire traverser le vécu des jaloux pour réparer ce qui est  encore réparable après souffrance et destruction de ce sujet « à la fenêtre » de son être, faisant le guet de cet autre qui à tout moment pense-t-il le trahira parce que lui, n’est pas digne d’être aimé, parce que l’autre est plus fort et le réduit à l’enfant malheureux qu’il a peut-être été. J’écris bien peut-être. Se garder de simplifier un écheveau difficile qui fait de la jalousie une drogue, une addiction du « vouloir » localiser l’autre et le posséder. Le ou la posséder ; la jalousie n’est pas l’apanage d’un sexe, il frappe les hommes et les femmes mais les hommes frappés de jalousie plus souvent frappent la femme. Ne l’oublions pas. Jalousie et violences conjugales ont souvent un lien ; mais ce n’est pas le sujet de ce chapitre qui parle surtout de ce que fait voler en éclat la jalousie, voler en éclat jusqu’à la pulvérisation de l’essentiel : la rencontre de l’autre comme objet précieux d’amour.

La place du psychanalyste dans ce tourment qu’est la jalousie est, bien plus que la description du désastre, en retrouver causes et sens par l’essence de la parole.

Ainsi, cette femme qui reconnaît qu’elle aime l’autre à partir du moment ou elle éprouve de la jalousie ? Pourquoi cet étonnant détour pour reconnaître l’amour ? Que revit-elle là de son premier objet d’amour, de sa première séparation ?

Retrouver la langue de l’enfance, entendre les trous du vécu laissés par la jalousie, s’y repérer dans les stratégies du sujet à exercer sa jalousie mais aussi à vivre le chagrin d’être abandonné, quitté, objet de silence et de mépris, s’y repérer dans l’espace fusionnel crée par les jaloux, dans cette fusion dont ils ne peuvent se déprendre, perdus dans leurs incertitudes et leurs angoisses, doutant d’eux-mêmes et surtout de leur valeur jusqu’au bout de l’autre : le semblable est meilleur qu’eux et ça les fait basculer dans l’enfer de la jalousie, quand elle se fait extrême. De l’enfance, rien que de l’enfance. Qu’en est-il de cet (te) adulte non advenue (e)  Qu’en est-il de ces êtres au bord de l’effondrement de leur être, interdisant à leur partenaire et à eux-mêmes la plénitude de l’amour ? Peur de l’ennui ou peur de l’harmonie ? De toute les façons sans doute une impossible rencontre avec l’autre, rencontre alors qui devient confrontation violente, frontale.

Ce sont toutes ces questions issues de sa pratiques auxquelles nous introduit dans un style vivant et simple Marcianne Blévis. Ces pages pressentent du savoir de l’humain et nous donne l’envie de tourner les pages à venir pour  savoir encore et encore ce qu’il en est de ce sentiment vieux comme le monde : la jalousie. Othello, ne date pas d’hier ! Et avant Othello... cherchons...les textes religieux, toutes religions confondues...cherchons ! Lisons ! Approfondissons l’humain qu’est la jalousie, la nôtre ot celle de l’autre. La jalousie,  l’hôte de ce livre, avec ses délices et ses tourments.

A suivre ! MJA

 

Partager cet article
Repost0

commentaires