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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 16:12
Défectologie et déficience Mentale

Vygotski

Sous la direction de

K.Barisnikov

G.Petitpierre

Delachaux et Niestlé

Lausanne, 1994

258 pages

 

Chapitre 4,  intitulé :

La collectivité comme facteur de développement  de l’enfant handicapé

Ecrit par L.S. Vygotski

 

 

Oui, je suis plombée par la douleur et l'injustice de ce chapitre.

 

La douleur qu'emporte le handicap et l’injustice de la collectivité qui rejette les vulnérables.

         La douleur de l'immense travail que j'ai mené 5 ans durant, dans les années 90, dont « droit dans le mur » furent mes résultats et l’injustice qui touchent les pionniers, Vygotski,  moi-même, infiniment plus modestement et quelques autres téméraires, tout aussi obstinés.

Dans les années 90, me tenait au cœur et au corps, un projet, peut-être utopique,: création d’une association nommée par moi « Le livre ouvert » dont l’idée était de créer des ateliers lectures « mixtes » avec cadres, médecins, handicapés, hommes, femmes, chômeurs, universitaires ou artisans, bibliothécaires ou personnes en difficultés de lecture etc. Le seul point commun à tous  : le désir de lire et de partager. N’ayant pas d’ordinateur à l’époque, je n’ai plus de documents mais un jour de disponibilité, je vous raconterai ma longue lutte et mon départ de cette association pour difficile compatibilité d’éthique et surtout par manque de financement. Qui pourrait financer un tel projet dans notre monde si cloisonné ? Mais la lecture de Vygotski me souffle que j’avais raison. Parfois, je dis que je souhaite créer des ateliers dans l’espace handicap, je fais alors, un honteux raccourci. Je souhaite créer des ateliers où des êtres humains différents se côtoient, à travers les livres se parlent. Je travaillerai prochainement du côté de Lucien Sève et de Yves Clot mais ce que je retiens de ce chapitre parce que je l’ai toujours su, c’est que justement, la nécessité du livre est à repérer et à développer chez les personnes en difficultés de différence. C’est eux, qui bien sûr ont le plus besoin de collectivité et donc de livre, support privilégié de la pensée collective. Et ceci dès la plus tendre enfance. Je suis sans doute une femme d’utopie, mais je n’ai qu’une vie et je veux dire ce que j’ai à dire, je veux agir mes rêves, les mettre en mots et en scène. Je le dirai avec rigueur, exigence et persévérance, mais je le dirai.

 

Une heure de cette lecture concentrée m’a mise en douleur mais c’est aussi avec nos affects que nous développons notre pensée, je le sais depuis toujours.

Et donc, comme de coutume, je vais laisser reposer ma pensée, me faire du thé, me laisser bercer par le printemps et écouter Georges Brassens, le poète  anarchiste qui se fâchait contre « les braves gens ». Les « braves gens » me mettent parfois, moi aussi,  en chagrin et en révolte.

Révolte, sera le presque dernier mot de mon commentaire de cet intelligent et généreux chapitre, si pionnier, malgré l’insupportable titre de l’ouvrage, qu’il faut resituer dans l’époque du début du siècle dernier (1924-1934).

Je souhaite vous quitter en recopiant ces lignes qui concluent la préface de Jean-Luc Lambert (Université de Fribourg) : « L’histoire du développement culturel d’un enfant handicapé représente un problème des plus aigus pour la défectologie moderne ». Oui, le terme de défectologie est insupportable mais ne traduit-il pas hélas, quelque chose d’insupportable aussi du mortifère de nos représentations inconscientes du handicap. Alors, chers Inventeurs, je vous renvoie à mes nombreux commentaires dans cette même catégorie, Force et vulnérabilité, du livre de Charles Gardou et de ses collaborateurs du monde entier intitulé : Le handicap au risque des cultures (érès 2010) .

A tous bonne lecture et surtout bonne mise au travail pour un changement réel des mentalités, sans lequel, rien ne se fera jamais, pour et surtout avec ceux qui souffrent de leurs différences et de leurs chagrins. MJA

 

 

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