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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 17:32
Marc-Alain Ouaknin

Lire aux éclats

Eloge de la caresse

Edition Lieu commun 1989


Première ouverture : Les mots voyageurs


En exergue, une citation de  Martin Buber qui nous raconte comment un jour, on demanda à Rabbi Lévi Yitzak, pourquoi dans le Talmud de Babylone, à chaque traité manquait le premier feuillet.  Tous les feuillets commençaient à la page 2.


Le rabbi répondit que quelques soient les pages lues et méditées par un lecteur studieux, il ne doit jamais oublier qu’il n’est toujours pas arrivé à la première page.


Les mots voyagent de page en page

mais toujours il manque la première page

celle de l’origine de la pensée

Oui, tout commença par un voyage


Celui des quatre Maîtres


Le premier mourut d’avoir cru voir la vérité

Le second devint fou de voir tout en double

Le troisième devint autre, saisit par l’étrangeté

Le quatrième s’en sortit indemne


Jardin du sens et des significations

Jardin de l’écriture et de l’aventure

Pardès, paradis, en hébreu signifie

« Lire aux éclats »


Le pschat ou le sens littéral

Le rémez ou le sens allusif

Le drach ou l’altérité, l’interprétation, l’altération

Le sod, le secret, le caché, le mystique.


Les mots qui voyagent sont ceux

du pschat, du rémez, du drach, du sod

Ça se dit comme ça en hébreu

Les chercheurs de mots ont pris ces chemins


Ils ont trouvé les livres

leur existence et leur insistance

leur pouvoir-dire et leur vouloir dire

A l’horizon, ils ont trouvé le nouveau


Ils ont trouvé des êtres nouveaux

des livres nouveaux

des objets nouveaux

Ils ont inventé par les livres


le renouveau du monde.


La question n’est pas celle de la fidélité

mais celle de l’interprétation

qui donne vie et nom

à l’oiseau qui dans le texte s’envole


La multiplicité des commentaires

libère la parole

Elle est passion, invitation

à parler, à lire


dans l’éternelle recherche

ponctuelle et érudite

de la première page si sage

celle de l’origine pas sage.


dans l’histoire du passage

de l’homme à la femme

de la femme à l’enfant

de l’homme et de la femme


à l’oiseau du texte peu sage

qui toujours voyage.

au large des âges

au large de sa première page.


MJC




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commentaires

J
<br /> Je n'irai pas par quatre chemins : c'est superbe !<br /> Merci<br /> JPE<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> je suis vraiment émue de votre enthousiasme .Amitiés MJC<br /> <br /> <br /> <br />