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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 12:55

 

Ce livre est un patchwork de solitudes. Les solitudes qu’ils racontent tant à partir d’eux, les auteurs,  et des  autres, leurs patients,  tant à partir de leurs fictions font surgir l'épiphanie de notre  solitude jouant à cache-cache avec Narcisse et Oedipe, entre immobilité, silence et clapotis de l’eau entre  l’escalade du bruit et de la douleur. Un livre que j’ai approché doucement mais aussi violemment, dans le désordre d’une première lecture car ce livre a plusieurs entrées, entrées de solitude mais ensuite dans l’ordre de ses chapitres, car ce livre si intelligent, de savoir de l'autre et du savoir des livres ne peut que se lire à partir d’une solide construction que je vous laisse «re-trouver » en même temps qu’une riche bibliographie, un livre que j’ai tenté en vain d’apprivoiser, un livre qui ne se laisse pas approcher, entre témoignages et fictions, entre confidences et théorie psychanalytique : l’enfant reste unique et tout seul au cœur de son montage narcissique, au cœur de l’écriture menée avec son autre mitoyen, tricotant, côte à côte et disjoints une dramaturgie de la solitude à deux  car la solitude qui est la leur se joue de leur paradoxe d’humain : partager rend seul, être seul invite à partager. Un paradoxe comme une pièce de monnaie : partie pile, partie face.

 

Pile tu gagnes, face je perds !

 

L’enfant unique, selon les auteurs perd toujours, avec sa solitude acquise dans un douloureux manque.

 

C’est peut-être ce dernier point que j’interrogerai, ce parti pris de l’enfant unique entre isolement et solitude, ce parti pris du chagrin sans pitié, ce parti pris de la solitude, le parti pris de ce jeu de cache-cache où jamais l’autre ne le trouve, cet enfant unique qui tout à la fois ne veut pas se dévoiler et se dévoile par son symptôme pouvant le mener à un cache-cache, cette fois-ci,  très risqué, avec la mort. « Vous ne me voyez pas mais je suis là, attention, je vais mourir et vous me verrez alors ! ».

 

Non, je ne suis pas d’accord, avec cette approche si humaine mais aussi partielle de l’enfant unique car elle omet dramatiquement de dire que le manque dont souffre l’enfant unique peut-être aussi source de résilience et de force. Le livre analyse les mécanismes de chagrin que montent les enfant uniques mais se tait sur leur résilience et c’est dommage ! Aucun être humain, fusse-t-il enfant unique ou non ne se réduit à son manque car à ce manque vient s’apposer l’œuvre d’une vie féconde, comme celle construite par elle ou par lui, par Anne-Marie Merle-Béral ou  par Rémy Puyuelo. Des blessures ont surgit les coquelicots de la persévérance et de l’amour.

 

Alors enfants uniques, haut-les cœurs. !!!

Pile je gagne, Face tu perds !!!

Je gagne toujours !!!

 

Je gagne, parce que, comme les deux auteurs de ce très beau livre de solitude, je me reconnais enfin, après cette longue Recherche du temps perdu, dans leurs fragments de miroirs brisés . Comme Anne-Marie Béral, qu'elle me pardonne de la citer, ce qu'elle écrit est si beau :

 

" Dans un grand mouvement de réconciliation avec sa drôle d'histoire, elle peut déormais l'accepter comme le socle identitaire à elle dévolu par la vie, son signe d'appartenance. Ses parents, qu'elle a osé sortir de leur statut d'intouchables, ne sont plus des dieux, alors ils peuvent devenir des ancêtres. Elle a enfin trouvé et reconnu leur "voie sacrée", à eux trois, qu'elle peut s'approprier, protéger, garder et peut-être transmettre."  Transmettre est le dernier mot du livre.

 

Mais, je veux aussi citer, mon ami Rémi, et je le remercie de m'autoriser à le faire, ses mots sont si beaux :

 

"Il écoute, il peut entendre, il peut regarder maintenant que l'espace d'un instant, il s'est reconnu."

 

Dans eux deux, Anne-Marie et Rémi, je me suis reconnue douloureusement dans ma solitude mais aussi dans la paix de mon espoir retrouvé d'exister, alors grâce à eux, grâce à leur don d'écriture, de solitude et de générosité, je peux pardonner à mes parents et continuer avec vous mon chemin de vie de transmission  de fraternité.


  Vous l’aurez compris, chers Inventeurs, je suis comme Rémi et Anne-Marie, une enfant unique, encore que ... j’ai eu trois demies-sœurs !  Mais j’ai poussé comme un coquelicot unique dans chagrin et résilience... Bref, comme Rémy et Anne-Marie, je fais partie de ceux qui jamais ne perdent à pile ou face !!! Mais est-ce si important de gagner ou de perdre ? L'essentiel n'est-il pas de lancer les pièces dans la douceur, la violence et la passion de la vie ? Selon le ciel et la lune, selon les nuages et la pluie, selon les tempêtes et toujours le soleil, selon les nuits et les jours, selon nos coeurs, selon nos heures, selon nos corps enlacés et nos malentendus mais toujours selon nos Toujours ... Pile ou face ! Je perds, je gagne, je joue, je vis, j'existe dans le partage et la solitude, dans la solitude et le partage, seule ou avec toi, toi avec moi, moi avec vous, vous avec moi dans la grande valse des pronoms personnels et des conjugaisons de nos verbes de vie...

 

Faîtes vos jeux... les jeux sont faits et ensemble, enfants uniques ou non, conjuguons, toutes nos pièces de monnaie gagnantes ou perdantes, trébuchantes ou sonnantes, toutes nos pièces confondues, pile ou face :

 

J’existe, tu existes, il ou elle existe, nous existons, vous existez,  ils ou elles existent. Ce n’est pas le manque d’enfance qui va nous empêcher de gagner ou d’exister ! Bien au contraire ! Et donc...

 

Toute est force, toute est vulnérabilité 

entre force et vulnérabilité

Inventons notre don de la vie

Tout est force, tout est fragilité,

entre force et fragilité

Inventons notre générosité

 

Et donc une fois encore,  aux enfants uniques et aux autres, je souhaite un

Bon Noël, tout fraternel avec plein de chocolats et un bon canard à l'orange !!! MJA

 

 

 

 

 

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